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Monsieur Constant

Un vieillard grincheux se réconcilie, paraît-il, avec son passé (ses démons, son fils, sa bataille) grâce au surgissement d’un élément tiers : souvent, un enfant (aux grands yeux mi-innocents, mi-j’ai déjà tout compris). C’est ce que raconte en substance Monsieur Constant, un Gran Torino artisanal posé sur l’île aux moines, qui ne s’épargne ni les clichés, ni les artifices du genre. Faussement tendre.

Estelle Aubin

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L'Homme debout

Co- scénariste de nombreux Stéphane Brizé (dont Mademoiselle Chambon qui lui a valu un César), Florence Vignon partage avec lui ce désir de raconter des histoires ancrées dans le monde réel en partant de questions sociétales fortes. Son premier long de réalisatrice s’inscrit dans cette veine avec comme héroïne une jeune femme (Zita Hanrot, impeccable), récemment embauchée en CDI dans une entreprise de papier, qui doit pousser un VRP (Jacques Gamblin, impérial) vers la retraite pour rajeunir l’image de la boîte.

Thierry Chèze
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L'Arbre à voeux

Ce film d’animation australien met en scène une Cité sanctuaire peuplée d’animaux féeriques qui se retrouve menacée d’extinction lorsque son arbre à vœux se meurt. Le début d’une intrépide aventure dans les terres sauvages aux personnage pétillants. Et bien qu’un peu écrasée par un discours moralisateur pataud sur les bienfaits de l’entraide, l’atmosphère sombre et oppressante sublimée par l’animation apporte au récit son lot de rebondissements qui maintiennent le récit à flot pendant 90 minutes.

Lou Hupel

Jeanne du Barry - affiche
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Jeanne du Barry

Quand la dernière ligne droite d’un projet qu’on a en tête depuis 2006 (cf  le n° 540 de Première) s’étale sur 6 ans, il y a de quoi abîmer votre désir initial. Mais Maïwenn a résisté à tout et sa passion pour la du Barry - cette fille des rues avide de s’élever socialement sans hésiter à user de ses charmes et dont Louis XV fait sa favorite, en dépit de l’hostilité de la Cour – crève l’écran.

Thierry Chèze
Air de Ben Affleck affiche
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Air (Nike)

Aussi étrange que cela puisse paraître en 2023, Nike a bel et bien été un temps un nain du marché de l’équipement sportif, loin derrière les ultra- dominants Adidas et Converse. Mais ça c’était avant. Avant l’été 1984 où Nike allait réussir à attirer dans ses filets le basketteur Michael Jordan, alors sur le point de débuter en NBA - et qui n’aimait pas leurs baskets ! - en lui proposant de s’associer à la création des dites chaussures appelées à devenir mythiques, les Air Jordan. C’est cette success story américaine en diable que Ben Affleck a choisi de raconter dans son cinquième film.

Thierry Chèze
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Fairytale

La régularité jadis métronomique d’Alexandre Sokourov s’est arrêtée au début des années 2010 qui l’avaient vu pourtant couronné d’un Lion d’or pour Faust en 2011. Sept ans après Francofonia (2015), voici ce « conte de fée » expérimental. Dans un décor fantastique à l’allure d’un dessin mélancolique de Dürer, des « grands » hommes du XXe siècle attendent devant la porte du Paradis. Il s’agit de Staline, Mussolini, Hitler et Churchill, dont les visages travaillés numériquement à partir d’archives prennent vie.

Thomas Baurez
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On a eu la journée, bonsoir

Un film sur la mort, oui, mais surtout sur le pic de vie qui la précède. Avec ce documentaire intimiste, Narimane Mari fige l’ultime souffle de l’homme qu’elle a aimé. Décédé en 2019, Michel Haas fait figure de peintre canonisé dont la présence, et l’absence, hantent ces images. On comprend tout de suite pourquoi le travail de la réalisatrice, hybride entre cinéma et art contemporain, envahit les musées de renom. Ici, un ton surréaliste surplombe ces fragments décousus qui, assemblés, rappellent les cadavres exquis d’André Breton.

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The Wild one

Disparu en 2019 à 89 ans, Jack Garfein fut à la fois une figure essentielle et totalement à la marge d’Hollywood. Le cofondateur de l’Actor’s Studio West, le découvreur de Steve McQueen, le premier à engager James Dean (pour sa pièce End as a man) mais aussi le réalisateur de deux films Demain seront les hommes (57) et Au bout de la nuit (61) censurés -  le premier pour « son ambiance homosexuelle », le second pour le réalisme de sa mise en scène d’un viol – qui lui ont valu d’être mis au banc et peu à peu oublié, hormis dans la mémoire cinéphile.

Thierry Chèze
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War Pony

C’est lors du tournage d’American Honey, dans le Dakota du Sud, que l’actrice Riley Keough a fait connaissance avec Bill Reddy et Franklin Sioux Bob, deux natifs américains membres de la tribu Oglala Lakota, qui lui ont fait découvrir, à elle et sa coréalisatrice Gina Gammell, la réserve de Pine Ridge. Ensemble, ils ont conçu War Pony, qui s’inscrit dans la lignée de The Seventh Fire et Les Chansons que mes frères m’ont apprises, des films qui veulent montrer la réalité des tribus autochtones, minées par la pauvreté, la drogue, l’absence d’espoir.

Frédéric Foubert
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La Révole nature, de la vigne au verre

Avec ce documentaire, Aline Geller s’attelle au vin nature, qui a pour unique ingrédient le raisin vendangé à la main dépourvu d’intrants œnologiques, et dont le marché de niche s’avère en pleine expansion. Elle part ici à la découverte de ces nouveaux passionnés, cavistes et sommeliers, et nous emmène de vignobles en caves, d’extérieur en intérieur, de la fabrication à la dégustation, en passant par le salon La Dive Bouteille à Saumur ou les vendanges en Beaujolais.

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Le Principal

Bien que trop lent à démarrer, le nouveau Chad Chenouga (De toutes mes forces) a un défaut à rebours de la majorité des films actuels : sa trop petite durée. Car il peine à faire rentrer en 82 minutes toute la richesse qu’il ambitionne dans ce récit autour d’un principal adjoint de collège (Roschdy Zem, impressionnant de maîtrise et de nuances), très strict, très droit que son obsession pour la réussite de son fils – pourtant brillant élève – va pousser à la faute, au mensonge et l’illégalité.

Thierry Chèze
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Le Paradis

Une histoire d’amour et de désir, voilà ce qu’a choisi de développer Zeno Graton dans son premier long découvert à Berlin. Une passion qui terrasse deux ados détenus dans un centre pour mineurs délinquants. Un emballement des cœurs et des corps qui, à la différence de la majorité des love stories queer sur grand écran, est vécu d’emblée sans inhibition et ne va pas se heurter aux réactions violentes de leurs camarades mais à des choses plus prosaïques : la peur d’une possible trahison, le manque qui se dessine quand l’un d’eux est censé quitter définitivement le centre.

Thierry Chèze
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Neptune Frost

La figure de Saul Williams s’est imposée à l’écran avec Slam de Marc Levin en 1998, film-manifeste autour du hip hop. On avait retrouvé le chanteur américain en sursis dans les rues de Dakar dans le très beau Aujourd’hui d’Alain Gomis (2011). Le voici réalisateur, en binôme avec la rwandaise Anisia Uzeyman, de ce Neptune Frost, comédie musicale expérimentale sise sur les hauts plateaux du Burundi.

Thomas Baurez
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La Fille d'Albino Rodrigue

Cela faisait 15 ans et le pourtant excellent Les Inséparables avec Guillaume Depardieu que Christine Dory n’était pas repassée derrière une caméra. Inspiré par des faits réels, cette Fille d’Albino Rodrigue a tout du retour gagnant. On y suit une ado de 16 ans, placée dans une famille d’accueil qui, alors qu’elle vient passer ses vacances chez ses parents biologiques, découvre que son père a disparu sans que sa mère ne semble pouvoir donner une explication convaincante.

Thierry Chèze
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Le Cours de la vie

Il était une fois, dans une école de cinéma toulousaine, un quinqua, Vincent (Jonathan Zaccaï), aussi courtois que coincé, convie son premier amour, pas vu depuis des lustres, à une masterclass. La femme (Agnès Jaoui, plutôt juste) s’appelle Noémie et est devenue une scénariste réputée. Les deux se retrouvent. Puis Noémie prend la parole devant l’amphi et explique aux élèves, dans une (trop) longue scène, comment fabriquer un bon scénario. Entendre : vivre passionnément, tout observer, goûter à tout. Le Cours de la vie est un film bourré de leçons de vie et de mièvrerie.

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99 moons

Ne nous y trompons pas, 99 moons est un film sensuel et plutôt érotique. Féministe aussi. Sur le papier, il a ses qualités. À l’écran aussi : il est beau, sombre et lumineux quand il faut, fluide, photographique, audacieux, avant-gardiste même. Sauf que. L’histoire d’amour (ou de sexe) entre Bigna et Frank, deux trentenaires underground, lasse vite. Et, au final, les corps nus, sauvages ou toxiques, contradictoires, ne nous effleurent guère.

Estelle Aubin

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Sakra, la légende des demi- Dieux

C'est peut-être bon signe que Sakra ne parvient pas à s'arrêter : le film s'achève sur un triple épilogue, curieusement très étiré, et relançant l'intrigue pour préparer le terrain à une suite, façon Marvel Cinematic Universe. Sakra est un wu xia pian on ne peut plus orthodoxe, tourné avec une foi inébranlable dans les grands principes du cinéma d'arts martiaux historico-héroïque chinois. Et on comprend que, galvanisé par sa foi en un cinéma intemporel et invincible, le film ne veuille pas se conclure et tourner la dernière page de son récit.

Sylvestre Picard
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L'Exorciste du Vatican

Les films d’exorcisme semblent être un des rares sous-genres de l’horreur à ne jamais évoluer (une exception, de mémoire : le plutôt intelligent L’Exorcisme d’Emily Rose, écrivez à la rédac si vous en avez d’autres). Sans échapper à aucun des clichés plus ou moins réacs du genre, L’Exorciste du Pape pose une petite question amusante : pourquoi, dans les films, les démons s’emmerdent toujours à posséder les corps de petites gens alors qu’ils pourraient répandre un zbeul incroyable en s’emparant des puissants, genre ministre de l’Intérieur ou auteur de best-sellers ?

Sylvestre Picard
3 Rêve

Koukou, un jeune de 20 ans, vit dans un village en haute montagne de Kabylie avec ses parents et sa sœur Jura. Au village, Koukou est traité de fou à cause de son look et son comportement différents aux yeux du comité des sages du village et de son père. Pendant un des rassemblements hebdomadaires du village, le comité des sages décide d’interner Koukou, avec la complicité de son père, dans un asile psychiatrique. Son frère Mahmoud, enseignant de philosophie dans un lycée à Bejaia, apprend la nouvelle. Il est révolté par la décision du comité.

affiche un an une nuit
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Un an, une nuit

Certes, le calendrier des sorties ne joue pas en faveur de ce film espagnol, adapté des mémoires d’un survivant du Bataclan. Mais l’ombre d’Amanda et de Revoir Paris écrase ce récit autour d’un couple de rescapés de cette funeste nuit de novembre 2015 tentant de se reconstruire chacun à sa manière, lui en extériorisant, elle dans le déni. Car contrairement à Mikhaël Hers et Alice Winocour, Isaki Lacuesta évoque, lui, directement le Bataclan, et peuple son récit de flashbacks peu adroits de la fusillade.

Thierry Chèze
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Trenque Lauquen- partie 2

Laura Citarella appartient au collectif Pampero Cine, artistes désireux de bouger les lignes du cinéma argentin, qui a notamment permis la production du monumental La Flor de Mariano Llinás en 2019. Son quatrième long-métrage – le premier à sortir en France - est un diptyque autour d’une disparition, celle, à priori volontaire, de Laura, jeune femme férue de botanique. Deux de ses amants sillonnent les boulevards monotones de la ville de Trenque Lauquen pour comprendre son geste.

Thomas Baurez
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Trenque Lauquen- partie 1

Laura Citarella appartient au collectif Pampero Cine, artistes désireux de bouger les lignes du cinéma argentin, qui a notamment permis la production du monumental La Flor de Mariano Llinás en 2019. Son quatrième long-métrage – le premier à sortir en France - est un diptyque autour d’une disparition, celle, à priori volontaire, de Laura, jeune femme férue de botanique. Deux de ses amants sillonnent les boulevards monotones de la ville de Trenque Lauquen pour comprendre son geste.

Thomas Baurez
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Temps mort

Un premier film. Trois histoires. Trois parcours de détenus - l’un arrivant au terme d’une longue peine, l’autre sous camisole chimique pour réfréner ses pulsions autodestructrices, le dernier ayant perdu l’insouciance de son adolescence derrière les barreaux - qui ont l’opportunité de renouer avec leur famille ou leurs amis le temps d’un week- end de permission.

Thierry Chèze
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Nos cérémonies

Avec cet envoûtant premier long métrage, le prometteur Simon Rieth n’a pas eu peur de mêler le cinéma fantastique le plus assumé à la sensualité physique la plus débridée. Situé sous le soleil de Royan, le film démarre par une séquence où deux jeunes frères jouent avec leur vie au bord d’une falaise jusqu’à ce qu’un accident arrive. Dix ans plus tard, les deux garçons, désormais unis par un pacte secret, reviennent sur les lieux et renouent avec une jeune femme qui était leur amour d’enfance.

Damien Leblanc
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La Marginale

Depuis Capitaine Marleau, Corinne Masiero peine à se libérer de l’emploi qu’elle s’y est construite, une zone de confort dans lequel elle évolue de nouveau dans ce road movie où elle campe une SDF partant avec un balayeur de l’aéroport d’Orly atteint d’un handicap mental rejoindre son fils à Lisbonne. Ce scénario poussif dégoulinant de bons sentiments s’appuie sur son seul abattage pour créer un peu de relief. Mais en pilote automatique, la comédienne s’auto- caricature et semble s’ennuyer autant que nous. C’est dire !

Thierry Chèze
La Gravité - affiche
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La Gravité

L’Apocalypse semble pour demain dans la cité où se déroule l’action du deuxième long de Cédric Ido (La Vie de château). Sur la terre où trois potes d’enfance (deux frères - l’un athlète de haut niveau, l’autre en fauteuil roulant - et le troisième acolyte sortant de prison) vont devoir affronter le gang d’ados qui a pris le contrôle du deal dans le quartier et entend sauvegarder son business. Et dans les cieux embrasés par un alignement inédit des 8 planètes du système solaire, provoquant des troubles de la gravité.

Thierry Chèze
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Les Âmes perdues

Ce n’est un secret pour personne : depuis 10 ans, le régime au pouvoir de Bachar-Al Assad provoque la terreur en Syrie, à coups d’enlèvements et de tortures envers toutes celles et ceux qui s’attaquent à sa politique. Plutôt que de revenir directement sur l’histoire du pays, Stéphane Malterre et Garance Le Caisne plongent directement dans les abymes de cette machinerie sournoise à travers le profil d’un dénommé César, photographe de l’armée qui répertorie les clichés de cadavres sur un disque-dur.

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Disco boy

Si on croyait avoir définitivement fait le tour du cinéma de guerre dans la jungle, Disco Boy vient déplacer de manière éclatante les frontières du genre. Le quadragénaire Giacomo Abbruzzese apporte en effet sa propre pierre à l’édifice avec ce premier long métrage où un certain Aleksei (Franz Rogowski) quitte la Biélorussie pour Paris et s’engage dans la Légion étrangère. Le jeune homme ira ensuite combattre dans le delta du Niger, où il croisera la route de Jomo (Morr Ndiaye), révolutionnaire en lutte contre les compagnies pétrolières qui détruisent la région.

Damien Leblanc
4 Showing up

Drôle de question pour Kelly Reichardt que celle du “sujet”, à la fois secondaire dans son régime particulier, purement observationnel, se refusant à toute édification sursignifiante ; et en même temps omniprésent dans une œuvre sourdement tramée par les grands thèmes : fondations de l’Amérique (La Dernière Piste, First Cow), condition féminine (Certaines femmes), misère (Wendy & Lucy), écologie (Night Moves)... Ce qui fait de Showing Up peut-être le plus déroutant de ses films : quel est vraiment son sujet ?

Théo Ribeton
Les Gardiens de la galaxie vol. 3 - poster
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Les Gardiens de la Galaxie: volume 3

Rocket Racoon est blessé. Les gardiens vont devoir tout faire pour le sauver mais pour cela, il faut d’abord comprendre d’où il vient, et mettre un terme aux agissements d’un méchant eugéniste.  Qui aurait cru que le même mois, on pourrait se mettre à pleurer devant les aventures d’un coquillage plongé dans le brouhaha du monde moderne (Marcel le coquillage), et devant celles d’un raton-laveur paumé dans l’espace ? Comme nous avait prévenu James Gunn, ce volume 3 des Gardiens de la galaxie est donc bien centré sur le personnage de Rocket Racoon.

Pierre Lunn