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Music Chouchoute des festivals, l’allemande Angela Schanelec (déjà Ours d’argent de la réalisation en 2019 pour J’étais à la maison… mais) a vu sa collection de trophées s’agrandir avec le prix du scénario, glané par Music lors du dernier festival de Berlin. Une récompense étonnante tant si le film a des qualités indéniable de mise en scène, puissante, précise, avec un dépouillement qui évoque l’œuvre de Bresson, cette variation autour du mythe d’Œdipe se complait dans un récit elliptique. |
Thierry Chèze |
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Toi non plus tu n'as rien vu C’est un sujet tabou qu’explore Béatrice Pollet (Le Jour de la grenouille) dans son deuxième long. Le déni de grossesse qui a conduit, après son accouchement soudain, son héroïne - une avocate, bien dans sa vie - à abandonner son nouveau- né sur un container. L’enfant sera sauvé mais la maman malgré elle accusée de tentative d’homicide et défendue par sa meilleure amie. La réalisatrice évite le piège du film à sujet par son écriture en profondeur du personnage principal et de l’exploration des racines – multiples et complexes – de ce geste que personne autour d’elle ne comprend. |
Thierry Chèze |
3 | Tengo suenos electricos A chaque mois ou presque, son récit initiatique. Celui nous entraîne au Costa Rica avec comme héroïne une ado de 16 ans qui, alors que ses parents se séparent, choisit d’aller vivre chez son père, artiste bohème, semblant lui- même vivre une seconde adolescence. Un personnage passionnant car, derrière sa jovialité attachante, va vite poindre sa vraie nature, bien plus cassante et violente, que la cinéaste réussit à raconter sans jamais la montrer frontalement par des coups. |
Thierry Chèze |
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Seule: Les dossiers Silvercloud Une ex-agent du renseignement (Asia Argento), retirée dans un chalet en Suisse est brutalement mise sous pression. Seule est le genre de film où les personnages passent leur temps devant des ordis à faire semblant de tapoter des noms de code compliqués. Outre la ringardise des effets, on n’est jamais pris par cette histoire et ce d’autant moins que la mise en scène peinant à se montrer à la hauteur des enjeux. |
Thomas Baurez |
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Nayola Drôle de film que cette odyssée chamanique animée en Angola, qui fait le grand écart entre deux époques, 1995 et 2011, en suivant les trajectoires violentes de deux jeunes femmes -la première plongée dans les dernières années de la terrible guerre civile angolaise, la seconde luttant contre le pouvoir à l'aide du rap. |
Sylvestre Picard |
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Et l'amour dans tout ça ? Dans une banlieue chic du Royaume-Uni, Zoe, une documentariste trentenaire en mal d’amour, filme son ami d’enfance et voisin, Kaz, un grand barbu mou et raisonnable, qui a opté pour un mariage arrangé (« un Tinder 3.0 », dit-il) avec une jeune Pakistanaise. Rien de nouveau ici sous le soleil. Et l’amour dans tout ça est une pure comédie romantique, avec tous ses archétypes vus et revus, sa musique (trop) mielleuse et sa gravité feinte. |
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En toute liberté- Une radio pour la paix Deuxième volet d’une trilogie documentaire consacrée à « La vie après Daech » après 9 jours à Raqqa, En toute liberté plonge dans le quotidien d’une troupe de journalistes radio de différentes confessions religieuses, au cœur de territoires anciennement dominés par l’État Islamique dans le Kurdistan irakien. Si les témoignages se révèlent touchants, Xavier de Lauzanne choisit de les traiter au cas par cas, dans un cadre scolaire surplombé par une voix-off superflue. |
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En plein feu Le deuxième long en solo de Quentin Reynaud (après l’excellent 5ème set sur le monde du tennis) porte bien son nom. Car c’est au cœur d’un feu géant ravageant les Landes que sa caméra nous entraîne. Une ambiance aussi étouffante que fascinante que le cinéaste sait parfaitement traduire à l’écran avec son chef op’ Vincent Mathias (Au revoir là). Il y a là matière à un film apocalyptique presque sans parole. |
Thierry Chèze |
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Comme une actrice | Thierry Chèze |
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Christophe... définitivement Christophe est parti un jour d’avril 2020, victime de cette saloperie de COVID. Ses disques, survivent évidemment à ce génie passé du yéyé à l’électro, sans se départir de sa classe folle et de sa belle bizarrerie. Mais comment se faire à cette idée que plus jamais on ne le verra sur scène dans ses concerts d’une beauté si singulière que chacun semblait un prototype éphémère ? Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia (plasticiens et vidéastes auxquels il avait appel lors de son retour sur scène en 2002) parviennent à combler ce vide avec leur documentaire. |
Thierry Chèze |
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The Whale Peut-on voir The Whale autrement que comme le mélo bouleversant à Oscars qu'il affirme être ? Peut-il être autre chose, en fait ? Pas vraiment. Voilà donc un acteur livrant une performance labélisée définitive dans un huis clos littéraire et larmoyant, adapté d'une pièce de théâtre racontant le crépuscule d'un prof de lettre obèse se tuant à coups de junk food dans son appart... |
Sylvestre Picard |
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Women talking Inspiré d’un roman de l’auteure canadienne Miriam Toews, qui elle-même se basait sur des faits réels survenus dans une communauté chrétienne fondamentaliste en Bolivie, ce nouveau long-métrage de Sarah Polley en tant que réalisatrice (Loin d’elle, Take this Waltz) joue à plein la carte de l’isolement. Isolement spatio-temporel, d’abord, puisqu’il est impossible dans les premiers instants d’avoir une idée précise de l’époque où les faits sont censés se dérouler. |
Thomas Baurez |
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Mon crime Carburant au rythme d’un film par an, François Ozon n’aime rien tant que butiner de genre en genre. Mais depuis 8 femmes, il prend plaisir à revenir régulièrement à ce type de comédies, tirées de pièces de théâtre, et portées par des personnages féminins aussi puissants que hauts en couleur, qu’il adapte dans une mise en scène à l’hyperstylisation assumée. Ce fut le cas de Potiche et donc de cette libre adaptation d’une pièce de Georges Berr et Louis Verneuil (dont Wesley Ruggles s’est emparé en 38 avec La Folle Confession). |
Thierry Chèze |
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Creed III "Things just ain't the same for gangstas"… C’est au son de The Watcher de Dr. Dre que démarre -très fort, très bien- Creed III : le son de l’odyssée clandestine du jeune Adonis, parti dans la nuit de L.A. accompagner son pote Damian mener un match de boxe crucial. Une odyssée qui deviendra un drame, qu’Adonis devra solder une fois devenu adulte et champion du monde des poids lourds. Non, les choses ne sont plus pareilles : la saga Rocky s’est définitivement déplacée des rues froides de Philadelphie au labyrinthe de Los Angeles et est devenue la saga Creed. |
Sylvestre Picard |
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Si tu es un homme Ce documentaire nous entraîne dans les mines d’or du Burkina- Faso dans les pas d’un gamin de 13 ans qui, pour gagner l’argent nécessaire à ses frais de scolarité, demande à son patron de ne plus travailler en surface mais de descendre dans les galeries où sa paye se trouvera forcément augmentée. Impossible évidemment de rester insensible face à un tel sujet. Impossible de ne pas s’attacher à son personnage central, petit soldat prêt à mourir dans l’espoir d’une vie meilleure, filmé en scope, donnant l’impression qu’ici le documentaire flirte volontairement avec la fiction. |
Thierry Chèze |
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La Syndicaliste Attention trompe-l’œil, malgré la concordance des titres cette Syndicaliste n’a rien à voir avec La Daronne, précédent opus de Salomé avec Huppert en dealeuse à Barbès. Le présent film se veut un thriller parano basé sur une histoire vraie, celle qui a vu une déléguée CFDT chez Areva, brutalement agressée à son domicile étouffant du même coup un scandale d’état. |
Thomas Baurez |
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The Son Le cap du deuxième long est difficile. Et ce postulat se révèle d’autant plus inévitable pour Florian Zeller qui, Oscarisé pour The Father, a choisi de continuer dans la même voie : l’adaptation en anglais d’un de ses succès de théâtre traitant de la famille. En l’occurrence l’histoire de parents séparés impuissants devant la dérive dépressive de leur ado. Un sujet fort devant lequel il est difficile de rester insensible. |
Thierry Chèze |
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N'oublie pas les fleurs Genki Kawamura est un phénomène des lettres nipponnes avec plus d’un million d’exemplaires vendus de son Deux milliards de battements de cœur. Déjà auteur de plusieurs réalisations, il adapte ici son propre roman, N’oublie pas les fleurs, récit intimiste autour d’une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer qui voit son espace mental et affectif se brouiller peu à peu. Ici les flashbacks n’en sont pas ou plutôt sont envisagés comme des bribes de souvenirs posées sur un présent sans avenir. |
Thomas Baurez |
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Holodomor, la grande famine ukrainienne George Mendeluk réalise un travail de mémoire notable avec ce drame historique revenant sur la grande famine survenue en Ukraine soviétique en 1932 et 1933, la politique génocidaire la moins représentée du XXe siècle. Mais cette évocation perd de sa puissance au fil d’un récit fictionnel, mélo autour d’un couple déchiré par le collectivisme meurtrier de Staline gangréné par le côté trop archétypal de ses personnages. Lou Hupel |
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El Agua | Thierry Chèze |
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Le Barrage Ali Cherri, est un artiste plasticien d’origine libanaise. Ce Barrage est son premier long-métrage et porte en lui des préoccupations artistiques saillantes qui l’inscrit d’emblée dans une sorte d’étrangeté souveraine. La caméra offre au regard d’immense paysages écrasés de soleil, où la présence humaine apparaît d’abord comme une incongruité. L’action se passe près d’un barrage dans le Nord du Soudan. Un homme, Maher, se retrouve quotidiennement - et en secret - devant un étrange édifice qu’il bâtit un peu plus chaque jour. |
Thomas Baurez |
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Empire of light Le cinéma prend tellement au sérieux l’hypothèse de son imminente disparition qu’il enchaîne ces jours-ci les célébrations de son passé glorieux. Une tendance un chouïa déprimante, mais qui produit des films passionnants, de Babylon à The Fabelmans. Avec Empire of Light, Sam Mendes vient ajouter sa pierre à l’édifice. |
Frédéric Foubert |
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Les Petites victoires En deux films seulement, Mélanie Auffret aura réussi à imposer sa patte singulière. Une manière de raconter le quotidien de ce qu’on appelle aujourd’hui « les territoires » avec une tendresse et une empathie jamais mièvres pour créer des fables feel good, que ne renieraient pas les Britanniques, grands spécialistes du genre. Son territoire à elle, c’est sa Bretagne natale. |
Thierry Chèze |
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Goutte d'or En début d’année dernière, ressortait pour ses quarante ans, Neige de Juliet Berto, plongée sauvage dans le Paris interlope du quartier de Barbès-Rochechouart : ses bars louches, ses trottoirs encombrés, ses néons fatigués et ses arrière- cours, coulisses d’un petit théâtre à ciel ouvert. Ce Goutte d’or lui ressemble un peu, notamment dans cette façon qu’a Clément Cogitore (Ni le ciel, ni la terre) d’extraire du lieu choisi, toute l’énergie qu’il contient. |
Thomas Baurez |
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Pulse Sombre et underground. Pulse raconte l’amitié amoureuse et toxique entre deux Vénus modernes. L’une, Elina, 17 ans, cheveux vert fluo et rap à la bouche, vient de quitter sa Finlande natale pour s’installer avec sa mère sur la Côte d’Azur. L’autre, Sofia est une ballerine suborneuse, souvent camée. Le film oscille entre Grave de Julia Ducournau et Respire de Mélanie Laurent, sans jamais atteindre leur intensité. À trop se revendiquer électro, Pulse finit bateau. Estelle Aubin |
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Last dance Au centre de toutes les images, une Drag Queen, broussaille dorée sur le crâne, diamants aux oreilles, joues rosies et yeux exubérants. Elle, c’est Lady Vinsantos, un personnage ultra emblématique de La Nouvelle-Orléans. Hors-scène, c’est Vince, un homme d’une cinquantaine d’années qui a fondé sa propre école de drag dans la province, mais qui s’apprête à raccrocher après un ultime show à Paris. Passionnant, parfaitement politique et libérateur. Estelle Aubin |
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Jet Lag Enfermée dans sa chambre d’hôtel en Autriche avec sa petite amie, la chinoise Zheng Lu Xinuyan se souvient d’un voyage fait avec sa grand-mère en Birmanie où son arrière grand- père a disparu dans les années 40. Entre documentaire et essai vidéo, Jet Lag mêle images tournées par la réalisatrice et d’autres piochées sur Internet dans un geste d’abord déstabilisant voire abscons mais sur la longueur totalement envoûtant où l’enfermement conduit à la quête de ses racines. |
Thierry Chèze |
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L'Homme le plus heureux du monde Quatre ans après Dieu existe, son nom est Petrunya, fable contre le patriarcat dont le côté enlevé de l’entame se délitait au fil du récit, la même remarque s’applique au nouveau Teona Strugar Mitevska. Car de nouveau, son récit démarre fort par une scène étonnante et parfaitement orchestrée de speed dating où son héroïne, quadra célibataire, fait la rencontre d’un banquier. On voit vite que si elle cherche l’amour, lui a un autre agenda en tête. Tant que le mystère plane sr ses intentions, le film étonne, captive. |
Thierry Chèze |
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Les Gardiennes de la planète Cette fois- ci, il est question de baleine. Mais ce docu- nature ressemble à la majorité de ceux qui ont célébré avant lui animaux à poil, à plumes ou à écailles en tout genre. Les images sont aussi sublimes que spectaculaires mais chaque réalisateur ressent le besoin d’y plaquer à marche forcée un texte en off pour faire montre de pédagogie ou prévenir un éventuel ennui. Et même quand les mots sont inspirés par un poème de Heatchote Williams et dits par Jean Dujardin, on s’en serait volontiers passé. |
Thierry Chèze |
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Chevalier noir Après Juste une nuit et Aucun ours, une nouvelle pépite iranienne arrive sur nos écrans, auréolée de ses prix aux festivals de Marrakech et d’Angers. Un premier long mettant en scène deux frères aux antipodes – l’un fêtard profitant de ses relations dans la jeunesse dorée de Téhéran pour se lancer dans un petit trafic juteux, l’autre concentré sur sa carrière de boxeur – venant de perdre leur mère et tentant de vivre au mieux leurs vies, de rester fidèles à leur valeur, en dépit des obstacles mis sur leur route. |
Thierry Chèze |