Charlie et la Chocolaterie
Warner Bros.

L'adaptation du roman jeunesse de Roald Dahl signée Tim Burton revient à la TV ce soir.

Charlie et la chocolaterie, réalisé par Tim Burton, est la seconde adaptation du célèbre roman jeunesse éponyme, après celle de 1971. Sorti dans les salles françaises le 13 juillet 2005, il est rediffusé ce soir à 21h05 sur TF1. Redécouvrez ici la critique que Fluctuat (partenaire de Première à l'époque) avait fait du long métrage dont Johnny Depp tenait le rôle de Willy Wonka :

Après Big Fish, Tim Burton continue sur la même lancée. Moins sombre, plus joyeux et léger que ses autres réalisations, Charlie et la chocolaterie propose une balade riche en sensations visuelles et en amusements en tous genres. Mais derrière cette fable colorée où se côtoient bons et mauvais enfants point une réflexion acide sur l'homme et sur la société.

Charlie et la chocolaterie : une adaptation longue à se dessiner pour Tim Burton

Mais qui fait donc tourner la chocolaterie de Willy Wonka, dont les grilles ne laissent entrer ni sortir personne ? Chacun aimerait le savoir, et en particulier peut-être le petit Charlie dont le nez retroussé ne peut s'empêcher de capter les succulents fumets sucrés qui s'échappent de l'établissement. Lorsque le mystérieux Willy Wonka cache cinq tickets d'or dans ses tablettes de chocolat, Charlie comme tous les gamins de la Terre rêve d'en trouver un. Il faut dire que la récompense a de quoi faire saliver : les cinq enfants pourront visiter la chocolaterie et remporteront un lot de chocolat qui leur permettra de se gaver pendant de longues années. Mais qui aura ce privilège ? Une peste de la haute, un goinfre germanique, un accro des jeux vidéo de combat, une adepte des records en tout genre, et... le tranquille petit Charlie. On se demande qui gagnera le gros lot...

Après James et la pêche géante et une première version de Charlie et la chocolaterie signée Mel Stuart en 1971, le romancier Roald Dahl est de nouveau transposé au grand écran. Aux commandes, Tim Burton poursuit sur la lancée de Big Fish en atténuant sa part de noirceur au profit d'une légèreté et d'un humour bien dosés. Le côté le plus obscur du film tient dans doute au personnage de Willy Wonka, incarné par Johnny Depp.

Complexe et ambigu, flirtant avec le cynisme et le sinistre autant qu'avec une candeur enfantine, tour à tour ogre ou Père Noël, il occupe une place centrale dans le scénario, constituant l'enjeu qui fera pencher l'ensemble vers l'ombre ou la lumière. C'est lui qui provoque les disparitions successives des enfants, lesquelles pourraient prendre des accents de cauchemar mais sont contrebalancées par un traitement qui joue la dérision : peu politiquement correcte, l'histoire satisfait les bas instincts du spectateur ravi de la punition infligée à des personnages insupportables, et Burton rend ces épisodes acceptables en les commentant aussitôt avec drôlerie par les séquences chantées des petits Oompa-lompas.

Edward aux mains d'Argent avait une part de désespoir, The Sleepy Hollow titillait les angoisses, Ed Wood charriait une tristesse, Batman plongeait dans l'obscur... Résolument moins sombre au final que les autres réalisations de Burton, Charlie et la chocolaterie s'affiche comme une oeuvre visuellement créative, dont les couleurs chamarrées ne sont nuancées que par la profondeur de certains pourpres ou violets, qui ne glissent jamais trop vers le noir. Moins pessimiste depuis qu'il est papa, Tim Burton ? Qui sait...Mais Burton étant qui il est, il ne tombe pas non plus dans l'excès inverse. Bien qu'indiqué pour les petits, son film convient aussi aux adultes car il évite la niaiserie comme le grand-guignol, préférant se positionner sur le registre du fantasque et de l'insolite. Fidèle à lui-même, le réalisateur multiplie par exemple les personnages bizarres et excentriques avec Willy Wonka en première ligne.

Les inspirations les plus folles de Johnny Depp pour ses rôles : George Bush, Iggy Pop, Pépé le Putois...

Un bizarre dans ce cas imaginatif, mais qui naît parfois aussi de stéréotypes poussés à l'extrême, comme avec les quatre monstrueux enfants qui visitent la chocolaterie accompagnés de leurs parents pas plus recommandables. Une manière aussi de jouer avec les clichés : le petit Charlie, archétype du pauvre angelot plein de bons sentiments qui attendrit instantanément, est entouré d'une famille loufoque où les grands parents sont tous dans un même lit et complètement décalés, l'un faisant des claquettes quand l'autre se répand en jurons.

Drôle donc, mais jamais lourd, le film repose sur un scénario intelligent rehaussé par une pincée d'acidité. Incisif, Burton porte un regard d'une savoureuse ironie sur certains traits de notre société. Le marketing de l'opération Wonka, l'emprise de sa chocolaterie sur le marché mondial, l'avidité provoquée par son jeu, l'appât du gain qui pointe, les excès de la société de consommation, l'individualisme outrancier, l'argent roi, etc., tout cela est sous-jacent. Sous des allures de balade gentillette et colorée, le film dénonce comportements et modes de pensées à travers une galerie de personnages et de situations corsées. Moins sombre certes mais toujours critique et anticonformiste, dans un registre humoristique assez proche de celui de Mars Attacks !, entre rire franc et appréciations lucides, Tim Burton nous offre la visite dans la bonne humeur d'une chocolaterie aux pralines étonnamment acidulées.

Charlie et la Chocolaterie. Un film de Tim Burton (2005). Durée : 1h56. Avec Johnny Depp, Freddie Highmore, Annasophia Robb...


UN PREQUEL DE CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE SUR WILLY WONKA PAR LE PRODUCTEUR D’HARRY POTTER

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