Sean Bean critique les coordonnateurs d'intimité et réveille le débat à Hollywood
Disney/TNT/Warner Bros/Netflix

Encadrer le tournage des scènes de sexe, une mauvaise idée ? Lena Hall, sa partenaire de Snowpiercer, n'est pas d'accord avec lui. Rachel Zegler, Jameela Jamil et James Gunn non plus.

Les scènes de sexe sont désormais encadrées et protégées, notamment celles des nouvelles séries de HBO. Plusieurs shows phares de la chaîne américaine en contiennent beaucoup, de True Blood à Rome en passant par Game of Thrones. Justement, l'un des comédiens phares du show, Sean Bean, a récemment donné son avis au Times sur le fait d'engager depuis peu des "coordonnateurs d'intimité" sur les plateaux : "Je trouve que la façon naturelle de se comporter entre deux amants se perd quand on réduit cela à un simple exercice technique. Je serais davantage intimidé de travailler de cette façon, en faisant attention à tout."

Des propos qui ne sont pas passés inaperçus à Hollywood : trois comédiennes ont réagi, en détaillant pourquoi elles considéraient que cette nouvelle façon de travailler était au contraire bénéfique pour elles. Puis elles ont été soutenues par un réalisateur, un acteur... Voici les détails.

Les scènes de sexe des séries HBO seront désormais encadrées et protégées

Rachel Zegler, la révélation de West Side Story, de Steven Spielberg, explique ainsi sur Twitter pourquoi elle a été ravie d'être encadrée au moment de filmer des scènes d'amour avec Ansel Elgort, alors qu'elle n'avait que 17 ans au moment du tournage : "Les coordonnateurs d'intimité établissent un environnement sécurisé pour les acteurs. Je suis extrêmement reconnaissante qu'on ait eu cela sur WSS. Ils m'ont accueilli avec grâce, alors que j'étais nouvelle dans le métier, et ont aussi éduqué les gens autour de moi, même s'ils avaient des années d'expérience. La spontanéité dans les scènes intimes peut être dangereuse. Réveillez-vous."

 

Jameela Jamil, la comédienne de The Good Place bientôt dans She Hulk, insiste : "Ces scènes doivent uniquement être techniques. C'est comme une cascade. Notre job en tant qu'acteur est de faire en sorte qu'elles n'aient pas l'air technique. En revanche, personne n'a envie de se faire palper de façon impromptue..."

 

Lena Hall, qui a justement tourné des scènes de sexe avec Sean Bean dans Snowpiercer, a elle aussi réagi. Au cours de l'interview, l'acteur détaillait d'ailleurs l'une de leur séquence de la série : "Je crois qu'ils l'ont coupée un peu. Souvent, vous obtenez un meilleur travail en essayant de repousser les limites, et la nature même de tout cela est expérimentale. Mais c'est censuré par les chaînes de TV ou les annonceurs, qui peuvent trouver cela too much. C'est une belle scène, pourtant, assez irréelle, abstraite, comme un rêve." L'interviewer rappelant que les les coordonnateurs d'intimité ont été engagés sur des plateaux de tournage suite au révélations de #MeToo, afin que les actrices et acteurs puissent se sentir plus à l'aise et mieux protégés en filmant ce type de séquences, il ajoute : "Je pense que cela dépend des comédiennes ? Celle-ci venait du cabaret, elle avait eu une formation dans ce domaine, donc elle était partante pour tout."

C'est justement à ces propos que répond Lena Hall : "Je dois probablement rectifier quelques infos de cet article, puisque des gens me le partagent en me demandant si je vais bien. Ce n'est pas parce que je fais du théâtre (et non du cabaret, même si j'ai pu effectuer une performance une fois de temps en temps) que je suis prête à tout. Si je me sens à l'aise avec mon partenaire de jeu et avec les autres personnes présentes dans la pièce lors du tournage, lors je n'aurai pas besoin de coordonnateurs d'intimité. MAIS si une seule partie de moi ressent un truc bizarre, une surexposition, un malaise... alors je remettrai en cause la nécessité de la scène ou demanderai un IC. Je trouve qu'ils représentent un ajout bienvenu sur les plateaux, je crois qu'ils peuvent aider à surmonter des trauma expérimentés lors de tournages précédents. Parfois, vous avez besoin d'eux et parfois non, mais vous n'êtes pas seul à tourner cela, leur aide rend l'expérience différente."

 

James Gunn, le réalisateur des Gardiens de la Galaxie, a lui aussi tweeté à ce sujet : "De toutes les nouveautés dans l'industrie du cinéma, celle dont je suis le plus reconnaissant, c'est l'arrivée des coordonnateurs d'intimité. S'ils font leur job correctement -c'était le cas de tous ceux avec qui j'ai travaillé- ils font simplement en sorte que tous ceux qui sont impliqué dans la scène aient le même niveau d'infos, le réalisateur et tous les acteurs. De ce que j'ai expérimenté, ils permettent aux acteurs de se sentir PLUS libres, pas moins, car chacun arrive sur le plateau en connaissant les limites à ne pas franchir, et sait aussi exactement ce qu'attend le metteur en scène. Il n'y a aucune différence avec les coordinateurs de cascades. (...) Sur mes premiers films, je faisais en gros office de coordonnateur d'intimité, je m'assurais que tout le monde avait compris ce que j'attendais dans cette scène et qu'ils étaient tous à l'aise. Je suis content de ne plus avoir à assurer cet aspect du métier de réalisateur."

Le comédien Kumail Nanjiani répond sous son message : "Je suis 100% d'accord. Je n'en reviens pas qu'on ait bossé sans eux pendant aussi longtemps. Ils font en sorte que tout le monde se sente en sécurité. Ils font cela pour créer un meilleur environnement de travail, et selon moi, une meilleure scène, car si tout le monde est à l'aise, alors on est capable de donner le meilleur de nous-mêmes."