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Retour sur la carrière télé de Roger Moore, star de séries, avant d'enfiler le costume de James Bond.

S'il restera dans l'histoire comme le troisième acteur à avoir incarné 007 au cinéma, après Sean Connery, c'est bien sur le petit écran que Roger Moore a forgé la majeure partie de sa carrière. L'acteur anglais, décédé aujourd'hui à l'âge de 89 ans, fut l'une des premières superstars de la télévision, outre-Manche et outre-Atlantique.

Retour en 1958. Alors que Roger Moore vient tout juste d'avoir 30 ans, il décroche le rôle d'Ivanohé, chevalier justicier sous le règne de l'infâme Prince Jean, dans une grande série médiévale, diffusée à l'époque en noir et blanc, sur la chaîne britannique ITV.

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Un rôle qu'il occupera pendant 39 épisodes et qui le fera connaître auprès du grand public. Tant et si bien que l'année suivante, l'acteur franchit l'Atlantique pour tourner dans la série western The Alaskans, une sorte de ruée vers l'or, qui le conduira à incarner dans la foulée Beau Maverick, cousin de Bret Maverick (James Garner), Bart Maverick (Jack Kelly) et Brent Maverick (Robert Colbert), dans le drama ABC à succès du même nom.

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Nous sommes en 1962 et Roger Moore est devenue une star de la télévision, aux USA et au Royaume-Uni. Il retourne alors en Angleterre pour prendre le rôle de Simon Templar, plus connu comme Le Saint, ce célèbre détective créé par Leslie Charteris dans les années 1920. Alors que Patrick McGoohan est courtisé pour la place, l'acteur de Chapeau Melon et Bottes de cuir passe son tour et Moore hérite ainsi de son premier rôle culte, celui qui, dit-on, lui permettra d'être en première ligne pour reprendre le costume de James Bond, une décennie plus tard.

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C'est aussi durant le tournage du Saint que naît Amicalement vôtre. En 1969, dans un épisode de la saison 6, Simon Templar rivalise avec un riche et oisif texan. Voilà qui donne une idée au producteur, Robert S. Baker. Le concept est là et va s'affiner petit à petit, pour devenir The Persuaders! Roger Moore incarnera, à partir de 1971, le fameux Brett Sinclair, lord dandy et milliardaire, affublé d'un homme d'affaires américain new-yorkais, Danny Wilde.

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Au départ, c'est Rock Hudson qui doit incarner le camarade de Roger Moore à l'écran. Mais les deux se ressemblent trop physiquement et le casting se porte alors sur la star de cinéma, Tony Curtis (décédé en 2010), dont la carrière est à bout de souffle. L'alchimie entre les deux hommes est évidente, à l'écran, et la série connaît rapidement un vif succès en France... mais pas aux Etats-Unis. Sur la chaîne américaine ABC, qui diffuse et produit, les audiences sont à la peine. Si bien que le Network va prendre une décision radicale : annuler le show au bout d'un an. Seuls 20 des 24 épisodes produits seront ainsi mis à l'antenne.

Au-delà des scores poussifs de la série sur le marché américain, Amicalement vôtre souffre des querelles régulières entre Roger Moore et Tony Curtis, sur le plateau. Le premier, très investi dans le projet (Moore a par exemple dessiné lui-même les tenues de son personnage), s'agace très souvent du caractère désinvolte de Tony Curtis. Bien des années plus tard, plusieurs producteurs confirmeront ces clashs ayant émaillé les tournages...


Amicalement vôtre ne sera donc pas le carton escompté par Roger Moore. Mais l'acteur n'aura pas tout perdu. Loin de là. Il a en effet empoché un joli cachet d'un million de dollars pour l'ensemble du show, devenant, cette année-là, l'acteur de télévision le mieux payé au monde.

Mais son rôle de Brett Sinclair lui a surtout permis de se révéler, au bon moment, aux yeux des producteurs de James Bond, qui cherchaient alors un remplaçant à Sean Connery, après Les Diamants sont éternels (1971) et le départ de l'acteur écossais. Ses prestations de gentleman enquêteur dans Le Saint et Amicalement vôtre ont, sans aucun doute, permis à Roger Moore de s'inscrire, par la suite, dans la légende de 007.