"Quand la chaîne me l’a commandée, je me suis demandé si ce n’était pas un cadeau empoisonné de féminiser le personnage le plus adapté au cinéma."
La "Monte-Cristo Mania" est loin d’être finie. Alors que la dernière adaptation cinématographique du roman d’Alexandre Dumas, réalisée par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière rencontre un immense succès depuis sa sortie, enregistrant plus de huit millions d’entrées en France, et devenant l’un des favoris pour représenter la France aux Oscars 2025, Le Comte de Monte-Cristo fera prochainement son retour à la télévision – là où tout a commencé. Toutefois, cela se fera de manière totalement originale et unique… Le Comte de Monte-Cristo, Edmond Dantès, prototype du vengeur masqué incarné par Pierre Niney, fait place à La Comtesse de Monte-Cristo, et à Audrey Fleurot.
L’actrice phare de la série HPI, dont la saison 4 commence ce jeudi soir, a révélé au Parisien son prochain projet : une version féminine de cette fresque littéraire en série pour le compte de TF1. Le tournage commencera en septembre 2025, et la comédienne servira en tant que productrice, mais aussi actrice :
"Quand la chaîne me l’a commandée, je me suis demandé si ce n’était pas un cadeau empoisonné de féminiser le personnage le plus adapté au cinéma. Mais ce roman est celui qui m’a le plus passionnée et la série avec Jacques Weber, avant celle avec Gérard Depardieu, a été mon premier choc à la télé. C’était gonflé de refuser. Il fallait trouver la bonne idée pour justifier une énième version."
Cette justification, elle l’a trouvée en se replongeant dans la lecture et en trouvant de nouveaux épisodes passés sous silence dans les précédentes adaptations. En six tomes avec au total presque 2000 pages, Le Comte de Monte-Cristo peut se comprendre comme un roman à tiroirs avec de nombreuses péripéties et histoires qui s’emboîtent les unes dans les autres. Aussi, chaque représentation à l’écran fait le choix de conserver ou non certains événements.
Concernant La Comtesse de Monte-Cristo, s’il s’agit d’une réécriture du roman d’Alexandre Dumas, il est néanmoins intéressant de noter que ce n’est pas la première fois que le héros est féminisé. Au XIXe siècle, Jean Charles du Boys pastiche Le Comte de Monte-Cristo. Edmond Dantès devient Hélène de Rancogne et l’histoire est assez similaire. La jeune femme est victime d’une machination orchestrée par trois hommes qui finissent par tuer son époux. Devant le refus de la veuve d’épouser l’un des trois hommes, celle-ci est accusée du meurtre de son mari et jetée en prison. Avec l’aide d’un domestique, elle met en scène sa propre mort, découvre un trésor et se venge de ceux qui lui ont causé du tort.
Pour autant, la création de la Comtesse de Monte-Cristo et la féminisation du personnage peuvent nous amener à interroger le phénomène. Alors qu’au cinéma, Jenna Ortega s’opposait à la réécriture de franchises masculines pour des héroïnes – en prenant par exemple un James Bond féminin – et plaidait au contraire pour la création de films originaux pour les femmes – pourquoi s’attacher à féminiser le roman d’Alexandre Dumas, alors qu’il est tout aussi possible de mettre en scène des romans avec des personnages principaux féminins ?
Bien qu’au siècle d’Alexandre Dumas, les autrices ont pu être effacées de la mémoire collective, elles ont existé et aujourd’hui des projets permettent de les réhabiliter et de les redécouvrir. L’adaptation de leurs œuvres pourrait ainsi participer au rayonnement de la création féminine du XIXe siècle en France ?
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