Welcome to Derry
Warner.

La nouvelle série dans l'univers de Pennywise extrapole le roman original de 1986. Mais l'écrivain était-il seulement d'accord ? On a posé la question aux Muschietti et aux showrunners.

Peut-on vraiment faire Ça sans Stephen King ?

C’est la question qu’on se pose forcément en découvrant Bienvenue à Derry, la nouvelle série HBO Max qui remonte aux origines de Pennywise et de la malédiction qui hante la petite ville du Maine. Préquelle directe des deux films signés Andy Muschietti, la série s’installe dans les années 1950, bien avant que le Club des Ratés ne découvre l’horreur tapie sous les égouts. Et dans l'ombre cette nouvelle adaptation, le roi de l’horreur n’est jamais bien loin.

Andy et Barbara Muschietti, qui ont façonné l’univers ciné de Ça en 2017 et 2019, ne cachent pas le rôle essentiel de King dans leur aventure. Ils confient à Première :

"Stephen (King) nous a toujours soutenus dans nos adaptations. Avec le temps, on est devenus de plus en plus proches. On le disait déjà en tant que lecteurs, que fans, mais depuis les films, c’est devenu Oncle Steve pour nous désormais (rires)."

Un lien d’admiration réciproque, qui s’est prolongé année après année et qui n'a fait que se renforcer, selon le réalisateur et sa femme : "Je crois qu’il aime de plus en plus les films qu’on a faits précédemment. Il a beaucoup soutenu Bienvenue à Derry. On a partagé tous nos scripts de la série avec lui et on a vu son enthousiasme s’accroître au fur et à mesure. Parce que je crois que lui aussi a envie d’avoir des réponses à son propre livre. Il pose plein de questions qu’il laisse sans réponse, et nous, on met justement la lumière sur les mystères qui entourent Ça, Pennywise et tous les événements qui ont marqué cette ville. Et je crois qu’il était très excité de voir ça."

Ça : Bienvenue à Derry
HBO Max

Car la nouvelle série dans l'univers de l'écrivain n'adapte pas le roman Ça de 1986. Les films s'en sont chargés. Elle a l'ambition de construire dessus, en élargissant la mythologie et en apportant des réponses aux lecteurs qui s'interrogent depuis 4 décennies. "Stephen King a été intégré au processus de création dès le départ. Il a lu la toute première version du pilote", nous révèlent les showrunners et producteurs Jason Fuchs et Brad Caleb Kane, qui confirment que rien n'a été fait sans lui. "Il a pu consulter la bible initiale, un document de plusieurs pages qui tissait les grandes lignes de toute la saison. Il nous a fait des retours, bien sûr. Et en même temps, il avait laissé pas mal de zones d’ombre dans son roman qu’on a eu le plaisir de combler."

Inventer la vie de Dick Hallorann de Shinning

Ces zones grises du bouquin ont été autant de brèches à explorer pour les scénaristes de la série préquelle : "Ça, le livre, fait près de mille pages, et pourtant, on n’a qu’un tout petit aperçu de ce qui s’est passé avant à Derry. Il fait des allusions : il révèle que Dick Hallorann (qu’on retrouvera plus tard dans l’hôtel Overlook de Shining) était déjà présent dans la ville, et donc on peut jouer là-dessus dans la série. Mais à part ça, le roman ne dit pas grand-chose, et d’une certaine manière, c’est le support idéal pour une adaptation."

La série profite donc de la mythologie existante tout en creusant des tranchées inédites, dans un respect quasi religieux du matériau original. Les showrunners insistent :

"Stephen King a toujours été très généreux avec son œuvre. Il a cette règle géniale, la Dollar Baby, qui accorde sa permission aux étudiants et aux aspirants cinéastes d’adapter l’une de ses nouvelles pour 1 dollar ! Bien sûr, pour nous, ça a coûté un peu plus qu’un dollar… (rires) Mais il est très généreux en nous permettant de reprendre son monde et d’extrapoler à partir de son imagination. Par exemple, on a pu explorer les peurs, les rêves, la vie de Dick Hallorann, et ça, c’est vraiment chouette quand on est auteur."

Stephen King
Abaca

Les Muschietti voient la chose du même oeil : "D'une certaine manière, il nous 'prête' son livre, son œuvre. Il nous permet d’aller au-delà de l’histoire qu’il a inventée, de construire par-dessus. On a beaucoup de chance."

Ne pas décevoir le maître

Forcément, cela ne va pas sans une grosse pression. Rester fidèle au ton de King sans tomber dans la copie : c’est le défi d'un projet estampillé Ça. Et les créateurs de Bienvenue à Derry le savent bien. "Notre plus grande peur était de le décevoir" reprend Jason Fuchs. Ouf, le maître a validé. Alors "comment ne pas être le plus heureux des scénaristes ? D'autant que n’est pas le genre d’auteur qui dit que c’est bien juste parce que son nom est associé au projet. Il n’a pas toujours aimé toutes les adaptations de ses livres. On était évidemment nerveux d’avoir sa réaction. On voulait qu’il voie la série comme une extension naturelle de son travail. Alors forcément, on est ravis qu’il adhère." Et Brad Caleb Kane, renchérit : 

"Moi, j’ai découvert Stephen King avec Cujo, dans les années 1980. C’est vous dire à quel point avoir son approbation représente quelque chose d’énorme pour moi. Je pourrai toujours dire que ça m’est arrivé."

S'il n'a, officiellement, pas écrit une ligne du scénario, Stephen King plane totalement sur Bienvenue à Derry comme une ombre tutélaire — ou une présence bienveillante. Comme un moyen de s'assurer que son oeuvre ne sera pas dénaturer au détour d'une série HBO. Le voilà rassuré.

Ça : Bienvenue à Derry sera diffusée à partir du lundi 27 octobre en France sur HBO Max.