Première
par Frédéric Foubert
Après Limonov, la ballade, d’après Emmanuel Carrère, Kirill Serebrennikov adapte La Disparition de Josef Mengele, best-seller d’Olivier Guez qui racontait l’errance sud-américaine de « l’ange de la mort » nazi, tortionnaire d’Auschwitz ayant réussi à échapper à son jugement pendant plus de trente ans. On pourrait tracer plusieurs parallèles entre les deux films (deux récits de fuites en avant, autant géographiques que politiques), mais leur vrai point commun est l’impression de confusion qu’ils laissent, aggravé par une virtuosité formelle qui tourne à vide (plan-séquence m’as-tu-vu, esthétique de film d’espionnage vintage flirtant avec le pastiche). Un flash-back en 8mm couleurs troue le film noir et blanc en son milieu, montrant Mengele et ses hommes humiliant, torturant et tuant leurs victimes, tout sourire devant une caméra nazie amateur. La scène, terriblement inconséquente, suffit à jeter le discrédit sur l’ensemble du film.