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Los Bastardos suit sur une journée deux jeunes immigrés clandestins mexicains vivant de boulots au noir à Los Angeles. L’attente pour être pris sur un chantier, le travail qui consiste à déblayer à mains nues un terrain pour qu’on y construise une luxueuse résidence. Cette journée se déroule sous un soleil de plomb, qui échauffe tout. Y compris les humiliations ordinaires. Jusqu’à ce que Fausto et Jesus décident d’y répondre, gratuitement en pénétrant dans la villa d’une quadragénaire lambda. Rappeler qu’Escalante est un ancien assistant de Carlos Reygadas (Bataille dans le ciel, Japon) ne suffirait pas à expliquer comment ce réalisateur parvient à capter des dérèglements sociaux, comment il sait passer d’une vision documentaire à une pure fiction. Pour faire simple, disons que Los Bastardos s’installe au carrefour des cinémas de Haneke et Peckinpah pour devenir une bombe à retardement dont on voit la mèche se consumer très lentement. Elle finira par nous péter à la gueule dans un épilogue insoutenable. Mais finalement peut-être pas autant que la pression socio-économique qui transforme les immigrés des pays pauvres partis dans les pays riches en cocotte-minutes ambulantes.