Toutes les critiques de Ouija : les origines

Les critiques de Première

  1. Première
    par Benjamin Rozovas

    Lorsqu’on fait remarquer à Mike Flanagan qu’il n’y a rien de moins sexy dans toute la panoplie des sous-genres de l’horreur que les films de ouija (ces planches alphabétiques qui permettent de dialoguer avec les morts), il admet volontiers, dans un petit rire affable, que "Oui, les attentes sont faibles sur un film comme celui-là". "Mais, poursuit-il, je préfère un public qui ne s’attend à rien et me laisse de la marge pour le surprendre, que l’inverse." Flanagan, 38 ans, est apparu sur le circuit de l’horreur en 2012 avec The Mirror (Oculus en VO), un drame de l’abandon sur un frère et une sœur confrontés, à l’âge adulte, aux pêchés mortels de leurs parents. Un terrifiant Shining de poche qui parvenait, avec trois fois rien, à faire de son décor unique (une maison) un labyrinthe mental complexe et trippant...

    Il rencontra quelques difficultés sur ses films suivants (Before I Wake, victime de la faillite de son distributeur ; le très beau Hush, sorti direct en vidéo) et trouva asile, comme beaucoup, chez le producteur-empaqueteur Jason Blum, pour qui il sauva du naufrage le premier Ouija grâce à son sens mystifiant du montage. Ouija – Les Origines est son premier film de commande, une suite qui n’entretient aucun rapport avec l’original autre que le titre (et la fameuse planchette maléfique). Tourné au tarif Blum réglementaire de 6 M $ et distribué par Universal, ce Ouija-là ressemble plus à un film de studio que tous les "vrais" films de studio aux budgets dix fois supérieurs vus récemment (les Conjuring viennent à l’esprit). Flanagan part du principe que ses films, essentiellement des mélodrames, doivent tenir debout même si on leur retire leurs éléments de genre. À nu, Ouija – Les Origines est une vision douce-amère du deuil et du patriarcat dans les 60s. Ou comment trois femmes (trois superbes actrices) vivant sous le même toit tentent, chacune à leur manière, de gérer l’absence du mari/père. Le résultat s’apparente à un Exorciste sous le soleil, espiègle et désorientant. C’est émouvant, ça fait peur et ça passe trop vite. Une sorte de parfaite petite série B californienne, totalement inespérée. Benjamin Rozovas