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Riggan Thomson était une star à l'époque où il incarnait le superhéros Birdman. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un has been qui tente un retour sur les planches en montant une pièce complexe de Raymond Carver. En lutte avec ses démons intérieurs, confronté à des partenaires égocentriques et à sa famille dysfonctionnelle, parviendra- t-il à trouver la force de jouer ? Évacuons tout de suite la question Michael Keaton. Oui, "Birdman" est aussi un film sur cet acteur atypique, comique de seconde zone à ses débuts jusqu’à sa rencontre avec Tim Burton, qui lui fera jouer "Beetlejuice" et surtout Batman, sésame pour une gloire éphémère. Rentré dans le rang (ou l’anonymat) au tournant du siècle, il effectue son come-back dans "Birdman", récit… d’un come-back. Évidemment, tout au long de l’histoire (dont la linéarité consomme mieux encore que "Biutiful" la rupture d’Iñárritu avec les années Arriaga), on ne peut s’empêcher d’établir des parallèles entre Keaton et Thomson, comédiens prisonniers d’un rôle, et entre Batman et Birdman, que le cinéaste transforme en mauvaise conscience du héros et qui apparaît ponctuellement derrière lui, telle une ombre menaçante. Cet exercice intellectuel participe du caractère ludique d’un film méta parcouru d’ironie – les petits mondes de Broadway et du cinéma sont sévèrement brocardés et évoquent souvent Sunset Boulevard – qui se prend moins au sérieux que le dispositif mis en place pourrait le laisser supposer. Par exemple, la question qui se pose immédiatement est la raison de ce long plan-séquence sublime (en fait une succession de scènes d’une dizaine de minutes aux coutures invisibles) alors qu’on pourrait se contenter d’un découpage classique. Pour l’épate ? On reproche souvent à Iñárritu d’enjoliver la réalité sordide de ses films, d’être un virtuose du vide. À propos de "Birdman", l’argument ne tient pas pour la bonne raison que ce continuum filmique est à la fois raccord avec l’expérience théâtrale et la prise de conscience en temps réel du héros, à mesure que Thomson découvre sa condition problématique de comédien et, au-delà, d’individu lambda – père, mari, amant, ami. Tourné à la manière d’un prologue de combat de boxe (la caméra suit ou précède en permanence le héros, soucieux et concentré, avant son arrivée sur le ring, c’est-à-dire sur les planches), "Birdman" est un tour de force technique qui frise l’insolence. Grâce au directeur photo Emmanuel Lubezki et au chef décorateur Albert Wolsky, qui ont défini un univers visuel où la fluidité importe plus que le réalisme (les couloirs ont par moments été abusivement rétrécis pour traduire l’état mental de Thomson). Et aussi aux acteurs forcés d’adapter leur jeu, aussi précis que naturel, aux contraintes techniques. C’est là qu’Iñárritu est grand. Non seulement il a su faire les bons choix artistiques, mais il est surtout resté cohérent avec sa démarche d’auteur qui consiste à faire se croiser des personnages aux vues et aux profils différents qu’une seule chose rassemble : leur humanité. Le cinéaste n’a-t-il pas pour principe moral de ne "lâcher" personne, même le pire des salauds ? Si Thomson est un être autocentré incapable d’empathie envers sa fille-assistante ou sa maîtresse-souffre-douleur, c’est paradoxalement un homme en manque d’amour plus que de reconnaissance. Mike Shiner, son rival sur scène, est sans doute un génie trop sûr de lui, mais par ailleurs il tire ses partenaires vers le haut en fin psychologue. Lesley, le premier rôle féminin, est à la fois une opportuniste et une petite chose fragile prête à craquer au moindre dérèglement. Sam, la fille de Thomson, est une déséquilibrée, pourtant, c’est la plus lucide du lot… Derrière qui se cache Iñárritu ? Tout le monde. Personne. Le superhéros omniscient, insaisissable, ordinaire, c’est lui.
Toutes les critiques de Birdman
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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"Birdman" offre aussi de grandes scènes fantastiques où le super-héros s’amuse avec le décor new-yorkais. Comme quoi : une comédie noire peut aussi être divertissante !
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C'est un film unique, étrange et beau. L'un des meilleurs longs métrages de l'année.
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L'un des meilleurs films de 2014.
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Regarder "Birdman", le film aux multiples couches d'Alejandro Gonzalez Iñarritu revient à déplier un origami complexe. Il s'ouvre sans arrêt vers des directions inattendues.
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Hormis ses comédiens et son réalisateur, Birdman marque surtout les esprits grâce à ses multiples pistes de réflexion, notamment sur la notion de célébrité. (...) Avec onirisme, Iñárritu tire à boulets rouges sur le star-system, ses illusions cancéreuses et ses égos pantagruéliques, tout en sculptant en creux une trajectoire transversale.
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Un plan-séquence de deux heures, certes truqué, mais techniquement hallucinant, et un chef-d’œuvre qui ressuscite à lui seul Robert Altaman et John Cassavetes. Le tout porté par un Michael Keaton époustouflant, et un Edward Norton enfin dans un rôle de premier plan, en star aussi arrogante qu’hilarante.
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Loin de réaliser un film cérébral, Inárritu insuffle une énergie physique à son récit, via une bande son faite d’obsédants solos de batterie, mais surtout dans le choix de sa mise en scène, puisque "Birdman" donne l’impression d’avoir été tourné en un unique plan séquence.
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Peut-être la plus incisive et drôle pique d'Hollywood à l'encontre de Broadway depuis "Les Producteurs" de Mel Brooks.
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Dès les premières images, la fascination opère.(...) La fantaisie de leur propos et l'humour des situations ne torpillent pas la gravité d'une réflexion sur la création et le métier d'acteur. La virtuosité d'Emmanuel Lubezki sait se faire discrète pour rendre le film visuellement époustouflant.
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En compagnie d’un sextette de comédiens maniant à la perfection dialogues vachards et silences assourdissants, consentons à se laisser broyer dans les rouages d’une cinématographie follement inventive, construite en un mouvement unique, un flux incessant de pulsions et d’émotions, de virages fantastiques, d’envolées poétiques.
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Une grande réussite sur tous les plans créatifs, du casting à la réalisation.
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"Birdman" est un film exigeant, à l’abord parfois difficile, et qui nécessite une certaine maturation pour être totalement apprécié. Mais il nous emmène tellement haut…
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Une comédie noire et pourtant tellement attachante. Une fable amusante sur les espoirs déçus où s’entremêle réalité et fiction. On notera l’interprétation magistrale de Michael Keaton qui lui vaut d’ailleurs une nomination au Oscars en tant que meilleur acteur.
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Pathétique, émouvant, inquiétant, odieux et risible, égaré entre réalité et fantasmagorie, hanté par une voix tyrannique et obsédante, Riggan constituerait un défi pour n'importe quel comédien. Entre les mains de Keaton, le défi devient chef-d'oeuvre. Le génie d'Iñárritu est d'être allé le chercher et d'y avoir puisé les fièvres de sa plus belle tragédie.
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"Birdman" est une comédie, une fantaisie débridée, l’occasion rêvée pour Iñarritu de briller dans la société des cinéastes. C'est un spectacle, qui laisse pantois, épuisé, euphorique, mais, au bout du compte indemne, au contraire de son dérisoire héros.
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"Birdman" ressemble, en grande partie, à un film qui mérite un deuxième visionnage. Pas seulement pour admirer le travail de Keaton et ses co-stars mais pour découvrir les différents niveaux de l'histoire.
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Un scénario efficace, une mise en scène soigneusement élaborée et des comédiens au top de leur forme, voilà ce qui a fait de "Birdman" un des films phares de cette 71ème Mostra de Venise.
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D’un point de vue formel, "Birdman" est une merveille de tous les instants. Quand le récit reprend son envol, d’abord au sens figuré puis au sens propre, impossible de ne pas être touché par la trajectoire surréaliste de Riggan Thomson.
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À travers l'œil d'une caméra en mouvement permanent, on suit Riggan dans les coulisses labyrinthiques de son théâtre, entre aigreur et cynisme, désespoir et euphorie. Quoique périlleux, un exercice de style ambitieux pour une mise en abyme fascinante. Michael Keaton réalise la meilleure performance de sa carrière.
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Remarquablement filmé par Iñarritu et rythmé par de longs plans-séquences étonnants (...), des dialogues bien ficelés et souvent drôles, le film est à la fois brillant, cynique, bouleversant et jubilatoire. Quant à Michael Keaton, il ressuscite ici en star déchue.
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Le portrait surréaliste des temps modernes et du culte de la célébrité, fait par le réalisateur, est brillant à tant de niveaux que même les rares coups de mou n'empêchent pas "Birdman" de prendre son envol.
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Iñárritu embrasse le plan-séquence tous azimuts dans cette tragi-comédie portée par un incroyable Michael Keaton, choisi bien évidemment pour l’effet "toute ressemblance avec des personnages existants...".
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En se concentrant sur les problèmes spécifiques d'un homme qui traverse une crise de la cinquantaine, "Birdman" délivre une critique incisive de la célébrité, de l'ambition, des médias sociaux et des problèmes de famille.
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"Birdman" est une dissection au scalpel d'Hollywood, de Broadway et de la célébrité au 21ème siècle. Mais c'est plus que cela. C'est un témoignage du charisme toujours présent de l'acteur qu'est Michael Keaton.
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Un dispositif de mise en scène élaborée (et un peu tape-à-l'oeil) fait d'allers-retours incessants entre la scène d'un théâtre new-yorkais concentre l'action du film et ses coulisses.
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Au-delà d'un dénouement cauchemardesque, le cinéaste tente de renouer in extremis avec une forme d'innocence, un rapport naïf à l'illusion et à l'art. C'est tard. On sait déjà le résultat du match : Hollywood zéro, Broadway zéro. Mais, en se renouvelant avec cette farce noire et baroque, Iñárritu, lui, marque quelques points.
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"Birdman", au-delà de sa réflexion autour de la création dramatique, est ponctué de purs instants de poésie. (...) L’humour et l’émotion sont constants. A voir de toute urgence !
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Il y a dans "Birdman" une dimension bling-bling, extravertie, “m’as-tu-vu”, consubstantielle au style d’Iñárritu, et qui souvent agace chez lui, mais il faut reconnaître aussi le côté pile de ces défauts : une énergie carnassière invraisemblable, qui emporte tout ici, bien aidée par la performance hallucinante du sosie de Julien Lepers, déployant toute son artillerie d’acteur chevronné avec une puissance et une jouissance très contagieuses.
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Plus de film choral ni même d’exploration sociale à l’échelle d’une ville. Seulement le huis clos navrant du show-business, que sonde Inarritu avec la même ambition. Au point de sonner parfois creux. Ce qu’on lui pardonnera, puisque ce creux est précisément son sujet.
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Le dénouement adopte d’un peu trop près les errements du personnage principal et nous laisse un peu perplexe. Ce qui ne fait finalement que confirmer le statut d’OVNI de "Birdman", qui ne ressemble à rien de ce que l’on a déjà vu, mais nous laisse avec la certitude d’avoir assisté à quelque chose de grand.
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Le film d’Iñárritu est brillant, corrosif, inventif, drôle et cruel à la fois. C’est un tour de force visuel qui se présente comme un long plan séquence dans les coulisses, les loges, les cintres ou la scène du théâtre. Mais il ménage aussi des échappées fantastiques dans le ciel de Manhattan, qui sont comme autant de bouffées d’air frais.
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On est simplement emportés par la cadence infernale du plan séquence et des solos de batterie qui l’accompagnent, impressionnés et essoufflés par le spectacle, sans arriver vraiment à adhérer à cette auto-parodie convenue et un peu vaine. Tout est mis au service du plan-séquence, que le film n’arrive jamais à faire oublier ou à dépasser. La performance est enthousiasmante, mais on ne retient qu’elle.
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On est parfois agacé par ce tour de force roublard qui pourtant, n'oublie jamais d'être du cinéma. Inventif, divertissant, hilarant, fantastique, réflexif et extravagant, Mickael Keaton est époustouflant en acteur has-been. Et toute la distribution est au diapason.
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Un film à effets, n’ayant pas grand chose à dire et encore moins à interroger mais susceptible d’impressionner tout en se parant des plumes d’une réflexion sur l’art et la vie –et même aussi la mort. Une recette gagnante.
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Iñárritu est un champion de l’exagération, les questions existentielles se muent en machines de guerre mélo ("21 Grammes", "Biutiful") ou, comme ici, en divertissement intello suffisamment clinquant et blindé de stars pour ramasser la mise. Ce qu’il a fait.
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Le cinéaste use de ses personnages comme de pantins asservis à un propos. Iñárritu oublie aussi sa narration en route et multiplie les effets de manche manipulateurs, au point que son scénario apparaît parfois bancal. Si bien que d’ode à la créativité, "Birdman", dévoré par son orgueil sarcastique, finit par se muer en prise à partie stérile de son époque.
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"Birdman" n'est pas le grand film espéré. Vampirisé par son auteur, il souffre de son manque d'ambition narrative, très prégnante malgré la très grande beauté de la mise en scène.
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Iñárritu fait renaître un acteur tout en proposant un tour de force technique. Cette combinaison donne lieu à de fulgurants moments de cinéma mais on n'oublie jamais que nous sommes dans un produit Hollywoodien.
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Une lamentable merde déséquilibrée et trompeuse qui se fait passer pour une comédie noire...
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Trop occupé à enfoncer des portes ouvertes et à endosser ses habits de grand moraliste, Iñárritu a oublié de faire du cinéma mais aura néanmoins réussi à emballer toute cette profession qu’il méprise tant. Finalement, cet hiver, la grande session de cinéma sado-maso n’a pas lieu dans la chambre cachée de Mr Grey, mais dans les coulisses d’un faux théâtre miteux de Manhattan.