-
Le point commun entre tous les films de Matthew Vaughn ? Ils vieillissent mal. Faites le test. Revoyez, par exemple, Kick-Ass avec une personne qui ne l'a jamais vu, et tout votre plaisir viendra des réactions de cette personne ; car dépouillé de ses effets de surprise et donc de son énergie, Kick-Ass -et, partant, la filmo de Vaughn, de Layer Cakeà Stardust en passant par X-Men Le Commencement- supporte mal chaque vision supplémentaire. Kingsman premier du nom fonctionnant à la même énergie que Kick-Ass(l'effet de surprise comique, violent et trash appliqué à un genre), et vu le carnage Kick-Ass 2, comment est-ce qu'un Kingsman 2 pourrait faire frapper la foudre au même endroit ? Réponse : en annulant le jeu de la surprise avec le spectateur. Dès la séquence d'ouverture, une scène de baston pied au plancher, Kingsman : Le Cercle d'or ne cherchera qu'à faire plaisir. Kingsman reste fidèle à son style de James Bond période Roger Moore version trash mais se libère de sa pseudo-nécessité de surprendre et de faire le sale gosse. Et Vaughn se recadre, fait du cinéma, à travers les bastons parfaitement jouissives, chorégraphiées à la hong-kongaise par Guillermo Grispo (300, Wonder Woman...).
Chaque séquence s'envisage ainsi comme une vignette surexcitante, et de fait, le film n'est pas un film de scénario (tiens donc) mais un film de personnages : de leur mouvement qu'ils impriment au film, des trajectoires qu'ils lancent, aussi bien dans les scènes de baston que d'introduction (l'arrivée de Julianne Moore, parfaite avec son "hamburger maison"). Et en parlant de personnages, si Taron Egerton est impeccable en ayant enfin trouvé sa performance (le chav en costard), c'est Pedro Pascal (Narcos) la véritable star du film : extraordinaire action man au lasso électrique doté d'un charisme digne d'un Burt Reynolds 2.0. Rien que pour lui (il bouffe facilement Channing Tatum venu faire un coucou), on parie que Kingsman : Le Cercle d'or , bien supérieur au premier opus, vieillira très bien. On a déjà envie de le revoir, d'ailleurs.