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Pour son deuxième film en tant que réalisateur après le très sous-estimé Il était une fois le Bronx, Bob, 64 piges, empoigne un "énorme" sujet et retrouve l'intelligence aigüe des grandes fictions paranoïaques des années 70, genre Les hommes du Président. Modèle d'équilibre narratif, Raisons d'Etat brusque habilement la chronique du récit. Tire le meilleur parti de son gros boulot de documentation. Entraîne dans un labyrinthe aussi tortueux que les manigances des services secrets. Sans aucune forfanterie formelle.
Toutes les critiques de Raisons d'Etat
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La Guerre froide comme si vous y étiez : pour sa deuxième réalisation, Robert de Niro s’attaque à l’histoire de la plus fameuse agent de contre-espionnage, la CIA, organisme mythique et hautement cinématographique avec ses héros de l’ombre, ses missions dangereuses et secrètes, son influence sur le cours de l’histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Tout en usant des codes classiques du film d’espionnage, il va plus loin que la page d’histoire : à travers son héros, un jeune étudiant idéaliste qui veut défendre la démocratie, il peint aussi un pays en proie à la paranoïa, où la culture du secret, la suspicion vont de pair avec la solitude. Matt Damon joue d’un physique ordinaire, gris, anonyme, pour camper avec maestria ce héros perdu et désincarné, sacrifié sur l’autel de la mère patrie.
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De Niro a retenu les leçons de Martin Scorsese, et des amours complexes, histoires dans l’histoire, qu’il a jouées pour son mentor – de Taxi Driver, avec Jodie Foster, jusqu’à Casino, avec Sharon Stone. Il y a deux femmes dans la vie d’Edward, celle dont il s’éprend romantiquement pendant ses études, et celle à qui son milieu l’attache avec autorité. Toutes deux sont sacrifiées par le personnage, mais aucune ne l’est par le film. La seconde donne à Angelina Jolie l’occasion de montrer qu’elle n’est pas qu’une action woman à armatures renforcées : elle surprend en épouse ombrageuse, anéantie par les non-dits et les mensonges.
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Construit, donc, à partir d'une solide documentation, dosant habilement un cocktail romanesque mis en scène à la manière d'un Pakula ou d'un Coppola (qui est ici producteur), Raisons d'Etat propose une approche presque psychanalytique de la vocation de cet homme apparemment imperméable à tout rapport émotionnel. De Niro et son scénariste Eric Roth expliquent le caractère obsessionnel de la vocation de leur héros par une scène primitive : le suicide de son père, exemplaire autopunition pour ne pas avoir été digne des siens. Par fidélité à la mémoire de celui qu'il admire, le gamin adopte un credo ("Ne mens jamais") et subtilise la lettre expliquant le geste ultime. Tout le film est hanté par cette relation père-fils qu'avait déjà soulignée Norman Mailer.
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Après une chronique intimiste, Robert De Niro surprend avec ce film sur le monde du renseignement, inspiré de faits et de personnages réels. Il choisit l'authenticité tout en explorant la dimension psychologique des personnages. A travers le sombre portrait du milieu de l'espionnage, le cinéaste livre une puissante étude de caractères.
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(…) De Niro achève un film d’espionnage majeur, en rupture avec le clinquant du genre. Brillant dans sa démonstration implacable comme dans sa forme, servi par une troupe d’élite, cet anti James Bond réaliste, palpitant, radiographie froidement les coulisses inavouables de la plus puissante des centrales de renseignement, de sa création jusqu’au début des années soixante.
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Redoutablement intelligent mais sentimentalement déficient, Edward Wilson ne sourit jamais. Sa raie sur le côté et ses costumes stricts l'isolent du monde tandis qu'il combat les machinations ourdies contre sa patrie. Sacrifiant sa vie familiale, il tente de réparer une enfance que l'admiration pour le père a annexée. Casting impeccable, apparition de De Niro himself, tout ça est très chic... Mais ce n'est pas tous les jours la rigolade dans le milieu du contre-espionnage !
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Pendant près de 3 heures, le cinéaste nous abreuve d'une quantité impressionnante d'informations en multipliant les repères chronologiques au moyen de flash-backs. La mise en scène aride ne tarde pas à exclure le spectateur. Ce dernier, bien que fasciné par ce ballet à la fois austère et mélancolique, ne comprendra pas tout. La CIA est loin d'avoir livré tous ses secrets.