La série comique créée par Melha Bedia dépoussière la fiction comique hexagonale. Et on en redemande.
Après des années de petits rôles, et un one Woman show (Fat & Furious), Melha Bedia a vu sa carrière décoller en 2020 avec Forte, une comédie initialement prévue au cinéma mais finalement récupérée par Prime Video en pleine crise du Covid. Elle y incarnait Nour, le personnage principal, une jeune femme ronde et un peu paumée qui se lançait dans le pole dance sous le patronage de Valérie Lemercier.
Créditée au scénario de Forte, elle a depuis développé son propre show pour la plateforme, Miskina, la pauvre. Toujours dans le registre de la comédie dramatique et de l’auto-fiction, elle joue cette fois Fara, mais derrière c’est toujours Melha. Surpoids, féminité, confits et contradictions liés à sa double culture : l’autrice a clairement ses thèmes de prédilections, qu’elle développait déjà dans son spectacle. Et elle les maitrise parfaitement.
La première saison de Miskina était déjà une réussite. Drôles et touchantes, les aventures de Fara, célibataire de 30 ans sans logement et sans boulot, ont fait mouche. Et Prime Video a donné son feu vert pour une saison 2 sortie ce vendredi en streaming. On la retrouve plus en galère que jamais, prise dans un triangle amoureux, les mensonges familiaux et la dette de 100 000 euros laissée par sa grand-mère, décédée à la fin de la saison 1.
Créatrice, co-scénariste et co-réalisatrice de Miskina, Melha Bedia donne tout ce qu’elle a dans cette série rafraichissante, qui n’a pas vraiment d’égal dans le PAF (sa principale inspiration est le show américain Ramy). Grâce à aussi à une galerie de personnages aussi attachants qu’insupportables incarnés par un super casting.
Sa soeur (Shirine Boutella), enceinte jusqu’aux yeux, est devenue accroc aux jeux d’argent et doute de sa relation avec son mari (Victor Belmondo), converti à l’Islam et désormais influenceur musulman sur les réseaux sociaux. L’irrésistible Xavier Lacaille (également scénariste de la série) et Hakim Jemili continuent eux de se battre pour le coeur de Fara. Sans compter les nombreux petits rôles bien croqués, comme celui d’Alison Wheeler, qui donnait déjà la réplique à Melha Bedia dans Forte, en ex insupportable.
Miskina, c’est aussi une écriture au dessus de la moyenne, passant avec aisance des situations comiques à dramatiques tout en jouant (souvent habilement, parfois maladroitement) avec les clichés associés à la communauté franco-musulmane. Et une mise en scène étonnamment soignée pour ce genre, avec beaucoup de scènes extérieures et un trip à Alicante sur les traces du passé de Fara et d’un mystérieux trésor familial, pendant du voyage en Algérie de la saison 1.
On adore aussi l’épisode spécial émissions de TV cultes 100% nostalgique, et le nouveau cliffhanger qui annonce une saison 3 qu’on attend déjà de pied ferme (on ne vous en dit pas plus).
A l’image d’En Place, la série de Jean-Pascal Zadi, qui avait d’ailleurs offert une petite place à Melha dans son Tout Simplement Noir, Miskina témoigne du renouveau en marche. Récoltant les fruits du travail d’Eric Judor et sa série Platane, cette nouvelle génération mixe joyeusement les codes américains et français pour dépoussiérer la fiction comique hexagonale, qui en avait bien besoin. Et on en redemande.
La saison 2 de Miskina (6 épisodes) est disponible depuis le 27 septembre sur Prime Video
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