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Ce qu’il faut voir ou pas en salles cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

ASSASSIN’S CREED ★★★☆☆

De Justin Kurzel

L’essentiel

Adaptation d'une franchise de jeux vidéo, Assassin's Creed est un film de science-fiction un peu brouillon mais à la plastique impressionnante.

Jonglant entre deux niveux d'irréel cinématographique, Assassin's Creed se déroule d'abord à notre époque dans un labo-prison où un condamné à mort (Michael Fassbender) plonge dans sa "mémoire génétique" pour revivre les aventures de son ancêtre, un Assassin luttant contre l'Inquisition espagnole... Le film plonge alors dans une aventure de cape et d'épée 2.0 avec une généreuse dose de baston et de parkour dans la Tolède du 16ème siècle. Sérieux comme un pape avec sa lutte entre deux sectes et ses idées de SF moralement discutables (la violence d'origine génétique) le film est un peu brouillon et compliqué niveau background et narration (on est loin de Matrix) mais visuellement, c'est impresionnant : le réalisateur Justin Kurzel ne cherche pas à reproduire un jeu vidéo mais à faire un vrai film d'aventures, puissant et évocateur. Bonne idée, et des fois, ça marche pour de vrai.
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIMÉ

PATERSON ★★★★☆
De Jim Jarmusch

À cause de sa légèreté et de son apparente désinvolture, on serait tenté de qualifier le dernier film de Jim Jarmusch de mineur. Mais ce serait probablement autant une erreur que de prendre pour de l’ironie l’humour à froid du New-Yorkais. Celui-ci se livre ici à une réflexion amusée sur les rapports entre l’art et la vie quotidienne, le professionnalisme et l’amateurisme, la poésie et la prose. 

Gérard Delorme

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QUAND UNE FEMME MONTE L’ESCALIER ★★★★☆

De Mikio Naruse

"Quand les employées de bureau rentrent chez elle, nous commençons à travailler". La voix off est mélancolique, le sujet, puissant : Mikio Naruse fait le portrait d’hôtesses de bar tokyoïtes des années 60, des filles perdues, désirées par les hommes mais pas assez respectables pour les retenir. Mama est l’une d’elles, la plus belle, la plus digne. Bien qu’acculée par les dettes, elle résiste aux séducteurs. Combien de temps encore ? Avec une précision documentaire, qui établit le dilemme auquel sont confrontées ces femmes, ruinées par leur train de vie coûteux et des familles à charge, Naruse décrit un mode de vie aliénant, si proche et si lointain à la fois. Etrangement resté inédit en salles en France, Quand une femme monte l’escalier (1960) est une remarquable étude de mœurs, féministe avant l’heure. Rattrapage obligatoire.

Christophe Narbonne


 

PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

 

LA BATAILLE GÉANTE DE BOULES DE NEIGE ★★★☆☆
De Jean-François Pouliot et François Brisson

Réalisateur de La grande séduction (2003), l’un des plus gros cartons au box-office québécois, Jean-François Pouliot n’a plus fait grand-chose depuis. Avec ce remake animé d’un classique local, il fait de nouveau parler de lui, La Guerre des Tuques 3D (le titre original) étant rapidement devenu le film d’animation québécois le plus rentable de tous les temps. Equivalent de notre Guerre des Boutons, il oppose deux bandes rivales d’un village qui se disputent un château fort glacé imprenable qu’une nouvelle venue, Sophie, a conçu avec le Géo Trouvetou du coin… À l’aide d’une 3D plutôt aboutie, Pouliot nous immerge dans cette histoire de rivalités bon enfant qui voit la stratégie l’emporter sur l’improvisation et l’écoute sur la peur. C’est aussi un film sur le deuil (thème décidément en vogue cette année dans le cinéma d’animation) abordé de manière pudique, bien qu’un peu convenue. Avec ses personnages hauts en couleur (mention à l’ingénieur farfelu), La Bataille géante de boules de neige remplit in fine son cahier des charges.
Christophe Narbonne

 

MAPPLETHORPE - LOOK AT THE PICTURE ★★★☆☆
De Fenton Baley et Rando Barbato

Grâce aux cartes postales ou aux petits bouquins photos des bouquinistes, on croit connaître l’œuvre de Mapplethorpe - comme celle de Doisneau ou de Keith Haring. On retient surtout l’iconique trash : le SIDA, la rivalité avec Warhol, le cul SM, la quête de la perfection formaliste à travers les bites, les fleurs ou les autoportraits… Le film Look at the pictures tente de cerner d’un peu plus près cet artiste provoc et génial (provoc mais génial ?) et retrace les grandes étapes de sa vie et de sa carrière. Interviews de Mapplethorpe, de ses collaborateurs, de ses amants, et de sa famille permettent d’éclairer un peu mieux une figure obsédée par le sexe, la célébrité (« il voulait devenir une légende » dit un intervenant) et la photographie. On regrettera que le film n’interroge jamais réellement le travail artististique de Mapplethorpe (notamment ses photos de fleurs, intrigantes) ou l’homme derrière les masques. A force de se concentrer sur la scène BDSM des 80’s, Bailey et Barbato passent à côté de leur (vrai) sujet pour rester au niveau du milieu qu’il a défié et de la légende qu’il s’était construite. En l’état, ce doc HBO très solide reste tout de même une bonne introduction à l’univers d’un artiste majeur qui garde tout son mystère.
Gaël Golhen

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

 

MONSTER CARS ★★☆☆☆

De Chris Wedge

D’horribles capitalistes ruinent une réserve écologique pour faire des profits et extraire du pétrole. Sans le savoir, ils vont délivrer des animaux étranges qui ressemblent à des pieuvres géantes, se nourrissent d’essence, et vont s’amuser à conduire des 4X4. Commencent une aventure échevelée pour un ado qui rêve de big trucks et de filles mais va se retrouver avec un poulpe sous son capot et des tentacules qui sortent de ses portières… Si vous avez plus de 9 ans, vous avez sans doute mieux à faire (regarder Transformers ou La dernière séance de Bogdanovitch ? Des courses de Noël ? Une heure de natation ? Autre chose quoi…). Mais, vous pourrez tout de même apprécier les quelques idées de mise en scène de Chris Wedge qui réussit à transformer un scénario enfantin (euphémisme) et signe un film, contrairement à ce qu’on a pu lire ici ou là, tout à fait regardable. On est loin de Mac et moi (mais loin de Transformers aussi). Bref, si jamais vous êtes obligés d’accompagner un fils, une fille ou un petit frère au cinéma… pas de panique.

Gaël Golhen

 

À FOND ★★☆☆☆

De Nicolas Benamou

Coréalisateur des deux Babysitting, Nicolas Benamou se lance en solo avec cette comédie déjantée high concept qui voit une famille bloquée dans une voiture folle sur la route des vacances. Fidèle au style qui a fait le succès de Babysitting, Benamou mise tout sur l’exagération : des situations, des gags, de l’interprétation. Mais tout le monde ne maîtrise pas les codes de cet humour particulier. Si José Garcia a naturellement le sens du ridicule, il n’en va pas de même pour André Dussollier qu’on a rarement vu aussi mal à l’aise dans la peau d’un grand-père immature, collectionneur de femmes (qui mate les fesses de jeunettes de 20 ans, hum) et gaffeur patenté. Globalement, les scènes de comédie et les dialogues tombent à plat et la plupart des personnages secondaires sont ratés -la palme du mauvais goût revenant à Florence Foresti et à son interprétation too much d’une gendarme fan de ping pong. En termes d’action pure, en revanche, À fond est plutôt convaincant. Benamou, as du découpage qui recourt encore une fois à différents types de caméra pour accentuer la folie ambiante, parvient à faire tenir tout le monde dans la voiture sans temps morts, pendant une heure, ce qui n’est pas un mince exploit. Le final, ultraspectaculaire, qui évoque les belmonderies les plus dingues (on pense au Guignolo), fait pour sa part regretter le manque de rigueur scénaristique.

Christophe Narbonne

 

JOYEUX BORDEL ★★☆☆☆

De Will Speck et Josh Gordon

Un chef d’entreprise sympa et inconséquent doit signer un gros contrat sous peine de voir sa méchante sœur l’obliger à fermer boutique. Pour ce faire, il organise une énorme fête de Noël dans ses bureaux où il convie un client important. Evidemment, tout va dégénérer : la coke va remplacer la fausse neige et des rennes vont s’abreuver dans les toilettes… Will Speck et Josh Gordon retrouvent Jennifer Aniston et Jason Bateman qu’ils avaient dirigés dans le doucereux Une famille très moderne. Joyeux bordel se situe moins dans la lignée de cette banale romcom que dans celle des Rois du patin, leur premier film déjanté. La présence de l’hilarante Kate McKinnon en assistante coincée suffit à prouver leur volonté d’aller vers un humour mordant et trash, estampillé SNL (Saturday Night Live). Speck et Gordon n’ont toutefois pas le talent de conteur d’un Judd Apatow ou d’un Adam McKay : leur film est d’abord un joyeux bordel scénaristique, sans véritables climax ni trajectoires individuelles mémorables. Comme lors d’une fête bien arrosée, on s’amuse sur le moment mais on ne se souvient de rien le lendemain.

Christophe Narbonne

 

SOUVENIR ★★☆☆☆

De Bavo Defurne 

Une comédie kitsch ? C’est ce que laisse penser l’affiche de Souvenir, signée Pierre et Gilles, où Isabelle Huppert est entourée de bulles de savon sur un fond rose bonbon. Le film, lui, est moins clair sur ses intentions, louvoyant sans cesse entre premier et second degré, sans dire clairement au spectateur sur quel pied il est censé danser. C’est une success-story, une histoire à la Rocky : une chanteuse oubliée, ancienne gagnante de l’Eurovision travaillant aujourd’hui dans une usine de pâté en croute (Huppert), rencontre un jeune boxeur (Kevin Azaïs) qui tombe amoureux d’elle et va la persuader de faire son come-back. Liliane parviendra-t-elle à affronter les quolibets et à remonter sur scène ? Assumera-t-elle son amour scandaleux pour son jeune amant ? Remportera-t-elle le télé-crochet auquel elle participe ? L’intrigue est cousue de fil blanc, et on se demande par instants si cet empilement de clichés n’est pas en réalité motivé par un sens très tordu de l’ironie pop. Le nom de l’usine de pâté (Porluxe) est sans doute un indice. Mais en flirtant ainsi avec la rigolade rococo sans jamais s’y adonner vraiment, le réalisateur Bavo Defurne démine toutes les potentialités mélo d’une jolie love-story qui s’apprécierait mieux sans sarcasme. Dans le genre, mieux vaut revoir le chouette Come Back de Marc Lawrence, avec Hugh Grant et Drew Barrymore.

Frédéric Foubert

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

 

LA PRUNELLE DE MES YEUX ☆☆☆☆☆

D’Axelle Ropert

L’amour est aveugle ? Axelle Ropert décide de prendre le proverbe à la lettre dans cette comédie romantique où un type arrogant se fait passer pour aveugle afin de draguer sa voisine non-voyante. Les grands préceptes de la comédie romantique tels qu’édictés par le maître Howard Hawks (les amoureux qui se détestent d’abord comme chien et chat avant de se tomber dans les bras, les seconds rôles zinzins, l’environnement professionnel minutieusement dépeint…) sont ici appliqués à la lettre, mais totalement asséchés, réduits à leur squelette théorique, dans une ambiance à la fois austère (les comédiens sont raides comme des piquets) et lourdingue (les gags, franchement navrants). Un ratage, sur lequel on préfèrera, hum… fermer les yeux. 

Frédéric Foubert

 

Et aussi

Beauté cachée de David Frankel

Juste après les larmes de Tiburce

Norm de Trevor Hall

Le ruisseau, le pré vert et le doux visage de Yousry Nasrallah

Timgad de Fabrice Benchaouche
 

Et les reprises de

Amour de Karoly Makk

Cris et chuchotements d’Ingmar Bergman