Un fascinant western au coeur des montagnes bulgares.
Dans le rôle des cow-boys, une équipe d’ouvriers allemands. Dans le rôle des Indiens, des villageois bulgares établis à proximité du chantier. Dans celui du paysage, les stupéfiantes montagnes arrosées de lumière qui bordent la frontière entre Bulgarie et Grèce. Sourde à la tradition parodique de ses voisins italiens, Valeska Grisebach ose un retour aux sources du western, n’oubliant ni le héros taiseux au passé fragmentaire (Meinhard Neumann, Mitchum teuton taillé à la serpe), ni les chevaux à apprivoiser comme métaphore du lien entre homme et nature, ni la partie de poker tournant au malaise, ni le nuancier de gueules burinées par la vie. Elle aurait pu s’arrêter à cette appropriation d’un univers viril et contemplatif, où la menace de la violence est une lancinante musique de fond. Mais la réalisatrice allemande n’oublie pas de réviser les mythologies à l’aune de son ancrage européen, prenant acte du poids de l’histoire (la Seconde Guerre mondiale, la chute du communisme, le marché commun) pour interroger notre rapport aux frontières – au mythe de la Frontière – et voir ce qui fait tenir ensemble nos humanités (superbe travail sur les barrières langagières et leur possible dépassement). Aussi pur dans sa forme que contemporain dans son propos, Western redéfinit la cartographie du genre pour dévoiler un impensé : à l’Ouest comme à l’Est, il y aura toujours des cow-boys, des Indiens, des paysages et des peurs à surmonter.
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