John WIck 4 (2023)
Capture d'écran YouTube

De John Wick 4 à Mad Max : Fury Road, voici les rares épisodes 4 qui ont réussi à être à la hauteur de leur saga.

Réussir une suite, ce n'est pas facile. Un troisième film, très compliqué. Le quatrième ? Ca tient carrément du miracle. Ce que vient pourtant de réaliser John Wick 4, qui signe le meilleur box-office et le meilleur accueil critique de la série de films incarnée par Keanu Reeves. En se replongeant dans l'histoire des sagas cinématographiques, on ne peut que le constater. Les numéros 4 sont généralement des épisodes témoignant de la fatigue d'une franchise, mus par l'appât du gain et conçus sans une idée créatrice susceptible d'éveiller l'intérêt du spectateur. Alors que le Chapitre 4 de John Wick flingue toujours dans les salles obscures, la rédaction de Première a trouvé (en cherchant bien) dix exceptions qui confirment la règle.  

10 - Star Wars Episode I  : La Menace fantôme (George Lucas, 1999)

La Menace Fantôme
LucasFilm

En 1999, le prequel de Star Wars était attendu comme le Messie. Bon, cette année-là, ce fut un autre Messie (Keanu Reeves) qui envoya le cinéma dans le 21ème siècle, mais ça n'empêcha pas l'Episode I -qui est le quatrième film de la saga Star Wars, ce qui justifie sa présence ici- de cartonner au box-office... tout en décevant les fans adultes. Trop gamin, trop mou, trop mal écrit, trop moche, trop d'idées cheloues (les midichloriens  ? Anakin né d'une vierge ?)... Et pourtant, un quart de siècle plus tard, la magie opère pour de bon, comme si La Menace fantôme avait dû attendre de vieillir (et nous aussi) pour qu'il soit apprécié à sa juste valeur  : un super space opera pour enfants. La scène de la course des pods est une merveille, Darth Maul est un méchant splendide, le trio Neeson/McGregor/Portman est top, la bataille finale est grandiose... Tiens, en passant, c'est aussi le quatrième long-métrage réalisé par Lucas. En 1967, ce dernier, alors étudiant, devait tourner pour sa fac un film sur le making of d'un western, L'Or de MacKenna. Et George préféra s'éloigner du tournage pour aller filmer les cailloux et le ciel immense du désert d'Arizona, "faire un film plutôt que de faire la promo d'un autre". Cet éloignement inattendu dans le désert,  c'est un peu ça, l'Episode I.

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9 - Matrix Resurrections (Lana Wachowski, 2022) 

Matrix resurrections
Warner Bros.

Voici un cas unique de 4e épisode d’une franchise. Un projet poussé par Warner Bros., prêt à le faire sans les autrices de la trilogie, que Lana Wachowski a finalement accepté de réaliser, sans sa soeur… pour mieux le saborder ! Entre doigt d’honneur au studio et réflexion meta sur Hollywood et son entêtement à exploiter ses poules aux oeufs d’or jusqu’à l’écoeurement, Matrix Resurrections est un fascinant exercice d’auto-destruction. Mais un aussi un vrai bon film, une belle histoire d’amour et un manifeste féministe qui offre pleinement à Trinity le rôle d’héroïne dont les trois premiers Matrix l’avait privée. Le public n’a pas suivi, et on s’en fout. Ce Matrix 4 gardera une place toute particulière dans nos coeurs. 

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8 - Domicile conjugal (François Truffaut, 1970) 

Domicile Conjugal
Carlotta

À chaque film du cycle Antoine Doinel, le personnage est soumis à des évolutions qui ont tendance à le faire passer d’enfant insolent à benêt amoureux. Dans ce quatrième volet (après Les Quatre Cents Coups, le court-métrage Antoine et Colette et Baisers Volés), il semble avoir trouvé son petit confort en épousant son amour de jeunesse, la belle Christine. La vie conjugale, vue comme un modèle, va finalement être piétinée par un “enfulte” déconnecté du monde réel, qui envoie tout valser pour fricoter avec une jeune japonaise portraiturée comme un fantasme. Truffaut transcende Léaud dans ce qui apparaît comme le film le plus complexe de la saga, voyant le cinéaste et son double laisser derrière eux une enfance épineuse pour entrer (avec difficulté) dans la vie d’adulte.

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7 - Le Retour de la Panthère Rose (Blake Edwards, 1975)

Le retour de la panthère rose
MGM

Dans le premier Panthère Rose, en 63, l’inspecteur Clouzeau joué par Peter Sellers n’était qu’un rôle secondaire. Dans l’excellent Quand l’inspecteur s’emmêle, l’année suivante, il n’y avait plus de « Panthère Rose » (le gros diamant que cherchent à dérober les voleurs du monde entier). Dans le 3, L’Infaillible Inspecteur Clouseau, le flic français maladroit était joué par Alan Arkin. Les éléments de la saga s’alignent enfin dans l’épisode 4, Le Retour de la Panthère Rose, énorme hit (oublié) de 1975 (sixième plus gros succès de l’année au box-office US, entre Un après-midi de chien et Les Trois Jours du Condor). Fabuleuse perf’ d’un Sellers déchaîné, gags burlesques d’anthologie, et l’occasion d’un come-back (commercial et artistique) pour Blake Edwards, qui allait se (re)mettre à enchaîner les grands films. L’épisode 5, Quand la Panthère Rose s’emmêle, est très bien aussi.

6/ Le Retour de l’Inspecteur Harry (Clint Eastwood, 1983)

Le retour de l'Inspecteur Harry
Warner Bros.

Alias Sudden Impact (ça sonne mieux en VO). Le seul Dirty Harry réalisé par Clint himself. L’occasion d’une nouvelle variation masochiste sur le mythe controversé d’Harry le Charognard, ici relégué au second plan par une Sondra Locke vengeresse. A deux doigts de l’exercice de style hitchockien, une réflexion méta sur l’art s’y planque sous les flashs d’ironie et de violence. En bonus, une BO démente de Lalo Schifrin et une réplique légendaire ("Go ahead, make my day") qui prouve que même les plus grands héros ont parfois besoin de quatre films pour trouver leur catchphrase.

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5 - John Wick Chapitre 4 (Chad Stahelski, 2023)

John Wick 4
Metropolitan Films

Plus long que Black Panther : Wakanda Forever, presqu'aussi long qu'Avengers : EndgameJohn Wick 4 dure 2h50. Impensable pour un actioner à l'argumentaire aussi simpliste ? Non. Le Chapitre 4 des aventures du Baba Yaga se range ainsi aux côtés d'Avatar : La Voie de l'eau et de Babylon, les derniers films d'auteur-blockbuster immenses (et préparez-vous pour les 2h59 de Beau is Afraid d'Ari Aster) dont la durée devient une aventure. Ahurissant, épuisant, pratiquant la politique de la terre brûlée (dernier Wick ou pas ? On verra), ce grand trip pubard est bien plus qu'un simple baroud d'honneur : c'est dans la lignée d'A toute épreuve et de L'Epreuve de force (génie des titres français qui relient ainsi le Woo et le Eastwood, tiens !), c'est une épreuve de cinéma. On en sort groggy et ravi. Et c'est normal. "Ce qui se passe devant ces films est presque chimique, c'est une expérience, qui n'est pas non plus celle de la série télé, parce qu'elle n'est pas interrompue. On oublie le monde en dehors du cinéma pour entrer dans le monde de manière tridimensionnelle, immersive..." C'était Damien Chazelle qui nous parlait de Babylon, mais ça s'applique aussi bien à Avatar 2 qu'à John Wick 4.

4 - Mission : Impossible, protocole fantôme (Brad Bird, 2011)

Mission Impossible : protocole fantôme
Paramount Pictures

Le premier long en live action d'un des piliers Pixar (Brad Bird), et la première fois que la promo d'un Tom Cruise allait mettre en avant une cascade de ouf malade en guise de climax. En l'occurrence faire des pirouettes (pour de vrai, sans doublure, etc.) autour du Burj Khalifa (828 mètres environ), le tout projeté en IMAX. Mission : Impossible passe au très très grand format dans tous les sens du terme. Désormais, chaque film de la franchise deviendra un candidat au Guinness des records Un sommet, OK, mais il n'y a pas que le Burj dans Protocole fantôme : la scène d'intro géniale en prison, la course-poursuite dans la tempête de sable... Quelque chose de beaucoup plus grand qu'un simple film d'action, une façon d'accorder le héros et son univers dans une course vers la démesure. Tom Cruise n'est jamais redescendu de ce building-là.

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3 - Opération Tonnerre (Terence Young, 1965)

Opération Tonnerre
ARTISTES ASSOCIES/1987/UIP

On n’a pas l’habitude de penser aux Bond en termes de « numéro », mais Opération Tonnerre est bien "James Bond IV". Le quatrième volet des aventures de l’agent 007. Tous les éléments patiemment mis en place dans les trois volets précédents explosent dans celui-ci, un film démesuré, énorme, faramineux, hyperbolique – un peu comme John Wick 4, d’ailleurs. Un gros budget (enfin !), un tournage en Scope, des Bond Girls et des batailles sous-marines en pagaille, et un Sean Connery au sommet de sa beauté, de sa puissance et de son agressivité. Du 007 à 700%, comme dirait notre Bondien maison David Fakrikian.

2 - John Rambo (Sylvester Stallone, 2008)

John Rambo
Metropolitan FilmExport

Après le come-back inespéré de Rocky Balboa en 2006, Stallone ressuscitait dans la foulée son autre personnage mythique, pour mieux en finir avec lui, l’âme damnée de l’Amérique, dans un lamento barbare d’une brutalité et d’une sauvagerie inouïes. Il y a eu depuis un cinquième Rambo, un peu inutile (Last Blood, en 2019). La « vraie » fin du personnage, à nos yeux, c’est le dernier plan de ce John Rambo, l’une des plus belles choses que Stallone cinéaste a filmé dans sa vie, une coda pastorale et eastwoodienne d’une simplicité idéale. L’Impitoyable de Sly.

1 - Mad Max : Fury Road (George Miller, 2015)

Mad Max : Fury Road
Warner Bros.

On trouve du Fury Road partout, de nos jours. Récemment, on en a repéré dans une séquence de Super Mario Bros, le film. La preuve que le quatrième Mad Max n'est pas, n'a jamais été un "simple" quatrième film, fait pour s'inscrire dans une grande histoire, dans un lore comme disent les Américains -comme Le Réveil de la Force, au pif- mais bien comme un tournant artistique. C'est la vision de George Miller. A l'ère des reboots et des remakes, alors qu'Hollywood n'a plus de jus, voilà ce qu'il faut faire  : un film d'action qui allait enterrer tous les autres films d'action, un truc de cinoche tellement ahurissant que tout le monde allait devoir y faire référence les dix prochaines années. C'est aussi un grand film de SF, la somme de toute la saga Mad Max (la rage du premier, la folie du deuxième, la bisserie post-apo du troisième), une remise à zéro féministe de son univers, un manifeste de cinéma qui se nourrit du chaos et de l'anarchie pour créer en fin de compte une œuvre -pour le moment- plus durable que tout le reste. Tant qu'à faire des films, autant tout faire péter, et l'histoire jugera. Comme le dit Nux  : "If I'm gonna die, I'm gonna die historic on the Fury Road". 

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