DR

Ce n’est pas votre première pièce ?Ma première, La troisième jambe du carrosse, date d’il y a très longtemps, plus de trente ans, et s’est jouée au Bec Fin, un petit café-théâtre qui n’existe plus. La seconde, Maman ou donne-moi ton linge, j’fais une machine, je l’ai écrite avec Muriel Robin en 1987. Nous l’avons interprété ensemble au théâtre de Dix heures.Pourquoi avoir tellement attendu ?L’envie remonte à plusieurs années, mais je reconnais que cela a été très long pour la concrétiser. Cela ne signifie pas que j’en ai marre du one-man-show, mais c’est une chose que je sais à peu près faire. L’idée était de voir comment avec une pièce, des acteurs, j’allais susciter le rire des gens. L’histoire du beau-père pourrait être un sketch.En revanche, c’est votre première mise en scène.A un moment, j’ai songé à prendre quelqu’un d’extérieur. J’ai eu peur que cela m’échappe et j’ai surtout craint les conflits. Mais je pense que je suis le mieux placé pour tirer le maximum du comique de situation de la pièce. En revanche, j’ai cherché des complices, car je n’ai pas assez d’expérience pour réaliser seul une première mise en scène. Avec Dominique Champetier, mon comparse de toujours, et Catherine Hosmalin, on peut parler d’un vrai travail de collaboration.Pourquoi eux ?Mon choix porte surtout sur la relation humaine. C’est important à mes yeux. Dominique, je le fréquente depuis plus de vingt ans et nous travaillons ensemble sur les one-man-shows. Je connais également Catherine depuis très longtemps. Une comédienne que j’apprécie beaucoup. On s’entend tous bien. Et puis ils ont de l’enthousiasme et ça, c’est primordial.Comment vous est venu le sujet de la pièce ?J’ai commencé à travailler dessus il y a cinq ans. La toute première intention était l’histoire d’un garçon, pas homo, qui déclarait à un copain qu’il avait le sentiment d’être amoureux de lui. Je trouvais l’idée très rigolote. Puis, je me suis dit qu’avec un beau-père, un homme âgé, à la retraite, cela allait être plus drôle. Je me suis inspiré de mon beau-père, mais ce n’est pas lui ! Il a plus d’humour que mon personnage.Que vous avez écrit pour Michel Aumont.Il est l’acteur parfait. C’est un comédien rare. Le beau-père idéal, humain, sensible, émouvant et drôle. Il a interprété tous les grands rôles du répertoire. Dans son jeu, on trouve des couches et des sous-couches qui sont faites du mélange entre l’acteur et l’homme. Il y a quelque chose de léger chez Michel. Quand il s’énerve, j’ai envie de rire. Il n’y a aucune violence.Et c’est Claire Nadeau qui incarne sa femme.Elle est Micheline, un personnage décalé et complètement à l’ouest. Là aussi je me suis inspiré de ma belle-mère mais elle, elle est moins drôle. C’est le rôle qui vient éclairer, celui qui comprend que toute cette histoire est de la blague. Elle sait que son mari n’est pas homo, juste troublé et qu’il désire changer de vie. J’ai cherché qui pouvait interpréter cette bourgeoise assez libre. Je me suis dit que Claire était le personnage que je voulais faire vivre sur scène. Et surtout, Nadeau et Aumont, cela allait bien ensemble.Votre personnage est un drôle de zozo…C’est un vieil enfant immature qui mélange ses sentiments. Ce qui arrive à beaucoup de gens. Il y a des hommes qui pensent être amoureux en deux minutes et cela retombe comme un soufflé. Ce vieil ado qui se fait chier dans son boulot, est un faux derche. Il forme avec son épouse (Gaëlle Lebert) un couple de bobos pas bien dans sa peau, qui donne des avis sur tout et qui ne fait pas souvent l’amour. Ce sont des gens coincés. Les beaux-parents vont mieux qu’eux.Ce n’est pas rien d’être au Palais-Royal !Je n’ai jamais fantasmé sur un théâtre, une salle de spectacle. Bien sûr je préfère jouer dans un beau lieu, et celui-là en est un. La seule chose qui compte ce sont les spectateurs, comment ils vont réagir, prendre du plaisir.