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Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

LE CHÂTEAU DE VERRE ★★★★☆
De Destin Daniel Cretton

L’essentiel
Sous l’enrobage feel good, le film de Destin Daniel Cretton cache une vraie noirceur.

Le Château de verre appartient à la récente tendance, presque un sous-genre en soi, du film de “parents hippies”. Après Vie sauvage (Mathieu Kassovitz apprend à ses enfants à vivre dans les bois, loin de la civilisation) et Captain Fantastic (le même film, avec Viggo Mortensen dans le rôle de Kasso), voici donc l’adaptation du best-seller de la journaliste Jeannette Walls, auteure d’une célèbre colonne de gossips dans le New York des eighties, qui fit un carton de librairie en racontant son enfance sur la route en compagnie de parents fantasques, inconséquents, constamment dans la dèche.
Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A AIMÉ

MONEY ★★★★☆
De Gela Babluani

Quatrième long-métrage du franco-georgien Gela Babluani, Money est ce qui est arrivé de mieux au cinéma de genre français depuis le siècle dernier. Mais est-il vraiment français, ce film qui a failli se tourner à Detroit, spectaculaire ville symbole des ravages de la mondialisation ? Finalement, Le Havre et sa banlieue dévastée assurent un cadre assez propice pour situer cette histoire d'un immigrant serbe, veuf et père d'une petite fille, étranglé par les dettes et le racket d'un malfrat local
Gérard Delorme

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DEMAIN ET TOUS LES AUTRES JOURS ★★★★☆
De Noémie Lvovsky

Dans Camille redouble, Noémie Lvovsky tordait le registre de la science-fiction (en s’évanouissant, l’héroïne était propulsée dans une faille spatio-temporelle qui la ramenait 25 ans en arrière) pour y encastrer ses thèmes de prédilection : la maternité, l’adolescence, une héroïne à la dérive. Avec Demain et tous les autres jours elle bidouille un autre genre, le conte, articulé autour de la relation fusionnelle entre Mathilde, 9 ans, et sa mère qui perd la tête.
Anouk Brissac

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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

LE PETIT SPIROU ★★★☆☆
De Nicolas Bary

A l’heure où les adaptations de BD franco-belges se multiplient, on pouvait craindre le pire de celle du Petit Spirou. Comment transformer ces gags courts à l’esprit provocateur en une histoire cohérente et familiale ? En faisant le choix de s’affranchir du modèle et en faisant appel à un casting cinq étoiles.
Élodie Bardinet

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UNE SUITE QUI DÉRANGE : LE TEMPS DE L’ACTION ★★★☆☆
De Bonni Cohen et Jon Shenk

L'épilogue en forme de vidéo de recrutement d'Une suite qui dérange – Le Temps de l'action ne laisse aucun doute sur la visée du film : convaincre le public de rejoindre l'ONG d'Al Gore qui forme des ambassadeurs pour répandre la bonne parole algorienne sur la lutte contre le réchauffement climatique. Une lutte nécessaire, même si ça n’a pas l’air d’être évident pour tout le monde. L'ex-vice-président des Etats-Unis parcourt la planète depuis vingt ans pour convaincre chefs d'Etat et d'entreprises de changer leurs modes d'action. Mission difficile, surtout quand l'un d'entre eux s'appelle Donald Trump et vient d'être élu à la Maison blanche. Déjà héroïsé dans Une vérité qui dérange (2006), Gore revient onze ans plus tard et plus en forme que jamais : en costard sans cravate mais en santiags, il négocie inlassablement des avancées écologiques auprès de milliardaires butés sans jamais perdre le moral. Une saveur de thriller héroïque 90s très premier degré (rappelez-vous, quand les représentants du pouvoir étaient les gentils), qui se confirme avec l'arrivée de notre héros à Paris en novembre 2015 – juste avant les attentats du Bataclan. Les auteurs du film ne pouvaient pas passer à côté de ce télescopage assez hallucinant (et ils le font avec juste assez de racolage pour nous émouvoir). Dommage que le vrai climax du film -la rencontre entre Trump et Gore dans une Trump Tower surprotégée par des superflics- n'ait pas été filmée. Le Président écolo-sceptique ne voulait pas de caméras dans son bureau.
Sylvestre Picard

STUPID THING ★★★☆☆
De Amman Abbasi

On n’est pas surpris de lire, dans le générique de fin de Stupid Things, le nom de David Gordon Green, ici crédité comme producteur. Devant ce premier long, on pense en effet beaucoup aux œuvres de jeunesse de DGG (George Washington, All the Real Girls, eux-mêmes tournés sous influence malickienne), pour la manière élégiaque et sensible dont Amman Abbasi inscrit ces personnages dans leur environnement, la bulle poétique et mélancolique dans laquelle il les fait évoluer. L’originalité du film, c’est sa description d’une réalité que, de France, on imagine forcément urbaine (c’est le récit initiatique d’un jeune Noir confronté aux gangs et à la violence) mais propulsée ici dans le cadre rural d’un trou paumé de l’Arkansas. Ce qui donne à la fois au film une pertinence ultra-contemporaine et ce tempo alangui, cotonneux, intemporel. On sent ici ou là les coutures, l’inachèvement, un peu d’amateurisme. Mais quand même : une belle promesse américaine.
Frédéric Foubert

LE JEUNE KARL MARX ★★★☆☆
De Raoul Peck

C'est un film anti-spectaculaire, truffé de discussions philosophiques. Un poil revêche ? Sans doute. Et très sobre dans sa mise en scène, c'est certain, si l’on excepte l’impressionnant assaut cavalier en ouverture. Pourtant, Peck parvient à captiver avec cette fresque documentée sur les débuts de Karl Marx dans l’arène de la pensée politique. Il se concentre sur quatre années, de sa rencontre décisive avec Friedrich Engels à la publication du Manifeste du parti communiste en 1948. Indignés par le sort réservé au prolétariat dans une Europe en pleine révolution industrielle, les deux théoriciens allemands vont apprendre à faire entendre leur voix dissonante pour transformer le monde. En bons joueurs d’échecs, les deux amis avancent pion par pion, un sourire de défi en coin. Cet aspect ludique de leur engagement radical rejaillit sur le film, nimbant leurs sacrifices réels (exil forcé, relative pauvreté, vie conjugale compliquée) d’une aura plus enjouée. Avec ce carburant de buddy-movie, Peck trouve un bel équilibre dramaturgique, loin des sempiternels écueils du biopic (violons souffreteux, enluminures hagiographiques), sans qu'on reste non plus dans la reconstitution amidonnée : l’indignation sourd ici derrière chaque plan. Car forcément, le générique dylanien égrenant les images d'archives nous le rappelle, la pensée dialectique de Marx n'en finit pas de dialoguer avec l'Histoire, des révolutions communistes de XXème siècle à Occupy Wall Street ou la crise des migrants.
Éric Vernay

L’INTELLIGENCE DES ARBRES ★★★☆☆
De Julio Dordel et Guido Tölke

Ce double programme, constitué du moyen métrage éponyme et d’un complément (“Les trésors cachés des plantes”), va vous faire penser le monde végétal autrement. On y apprend notamment que les arbres communiquent entre eux via un vaste réseau souterrain (les racines, évidemment, mais aussi les champignons, relais de com) tout en prenant soin les uns des autres. « Il y a de l’amitié entre les arbres » assurent un intervenant qui évoque aussi des “arbres-mères” assurant la préservation des espèces. Après la projection du film, très éclairant mais un peu trop spécifique par instants (ce qui écarte les petits), vous réfléchirez à deux fois avant de gaspiller du papier.
Christophe Narbonne

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

ESPÈCES MENACÉES ★★☆☆☆
De Gilles Bourdos

L’introduction est éblouissante. Un cortège de voitures défile en klaxonnant dans la nuit, des mariés se précipitent dans un grand hôtel. La caméra tourbillonne autour d’eux, les dialogues claquent, l’intimité se fait coquine, puis le mari montre progressivement son vrai visage, celui d’un homme jaloux et possessif. La femme pleure : elle a compris. Un an plus tard, celle-ci vit sous la coupe de ce mari violent et ne voit plus ses parents qui tentent de l’arracher à cette relation toxique. De cette histoire forte et bouleversante, qui nous doit quelques séquences bluffantes de virtuosité, Gilles Bourdos aurait pu tirer un mélo puissance 1000. Au lieu de ça, il cède à la facilité en plaquant artificiellement deux intrigues supplémentaires qui non seulement n’apportent pas grand-chose au discours du film (sur la parentalité contrariée, voire contrariante) mais le tirent vers le bas. Le cinéaste s’en fiche un peu d’ailleurs, revenant sans cesse aux mariés maudits qui aimantent la caméra. Si seulement, elle était restée sur eux…
Christophe Narbonne

LE MAÎTRE EST L’ENFANT ★★☆☆☆
D’Alexandre Mourot

Ceux qui sont étrangers à la pédagogie Montessori apprendront plein de choses en regardant ce documentaire in situ : le réalisateur a placé sa caméra dans une classe regroupant tous les cycles de maternelle (on y accueille des enfants de 2 ans et demi à six ans) dont il observe les petits occupants au “travail”, en toute liberté, subtilement encadré par des maîtres qui sont moins dans la mise en place calibrée que dans l’assistanat attentif. Il manque à ce documentaire laudatif (on est à la limite de la propagande bon enfant) des avis contraires, des regards extérieurs, des points de vue de psychologues, etc, qui donnent une vue d’ensemble de cette méthodologie qui séduit de plus en plus de parents déçus par l’école publique et son formatage éducatif.
Christophe Narbonne

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

UN BEAU SOLEIL INTÉRIEUR ★☆☆☆☆
De Claire Denis

Isabelle (Juliette Binoche), une peintre, virevolte entre les hommes sans savoir lequel est le bon. Un banquier dégueulasse, un acteur alcoolique et indécis, son ex, un voisin lunaire croisé à la poissonnerie ? Elle ne sait pas, nous non plus, mais elle ne pense qu'à ça, ça la ronge de finir seule, de penser que "sa vie amoureuse est derrière elle" (même si elle est courtisée, et elle courtise, cela en permanence).
Sylvestre Picard

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Et aussi
KaLaChaKra de Nathalie Fuches
Judwaa 2 de David Dhawan
L’architecte textile de Mika’Eka Fisher
Hara Hara Mahadevaki de Santhosh P. Jayakumar

Reprises

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Tintin et les oranges bleues de Philippe Condroyer
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