Mangas en live action
Bac Films/20th Century Fox/Metropolitan Filmexport/Wild Side

La version Netflix du manga d’Eiichiro Oda n’est pas la première adaptation qui cartonne.

L’adaptation live action de One Piece sur Netflix est une franche réussite -pas un chef-d’œuvre mais un super divertissement, très respectueux de l’oeuvre originale. Surpris ? Oui, un peu, quand même, car leur précédente expérience (Cowboy Bebop, sitôt sortie sitôt annulée) n’a pas laissé un super souvenir. Mais ce n’est pas la première fois qu’un manga passe avec succès l’épreuve de l’adaptation sur grand écran : les Japonais en usinent depuis les années 60 (voir notre dossier dans le Première n°543 de septembre), et il y a de tout dans le lot, du grand film au nanar. On en a choisi cinq, qui sont non seulement des modèles de comment passer du papier à la pellicule mais aussi -et surtout- de grands films tout court. N’hésitez pas à vous plaindre à la rédac si vous trouvez qu’il en manque.

One Piece : Netflix a (enfin) réussi à adapter un manga en "live action" (critique)

Baby Cart : Le Sabre de la vengeance (1972)

Il était une fois au Japon, pendant la période Edo… L’ancien bourreau du shogun est sur les routes de l’exil et il loue son sabre au plus offrant. Mais il s’occupe aussi de son tout jeune fils, pas encore en âge de parler, qui voyage dans un landau bardé d’armes secrètes. Adaptation d’un fabuleux manga de Kazuo Koike et Goseki Kojima qui a aussi bien inspiré Frank Miller que les Tortues ninja, Le Sabre de la vengeance, réalisé par Kenji Misumi (celui qui a créé au cinéma le personnage du masseur-sabreur aveugle Zatoichi en 1962) est le premier d’une série de six films de sabre ultra violents et ultra brillants -on aurait aussi pu citer Lady Snowblood (1973) également adapté d’un manga écrit par Kazuo Koike, avec Meiko Kaiji en sabreuse vengeresse, mais Baby Cart est peut-être le plus emblématique.



Crying Freeman (1995)

Encore un manga écrit par Koike, dites donc ! Mais c’est surtout l’acte de naissance au cinéma de Christophe Gans : son premier long-métrage, adapté d’une BD, raconte les exploits d’un humble potier japonais devenu tueur tatoué au service d’une secte chinoise millénaire. Pour transformer les images sculpturales de Ryochi Ikegami, Gans reprend l’esthétique de The Killer de John Woo -mais il a surtout dans son arsenal une arme suprême, le corps superbe de Mark Dacascos, et Crying Freeman version cinéma devient une ode à la beauté de ses mouvements et de ses muscles meurtriers.  



Old Boy (2003)

Le film de Park Chan-wook est tellement fort qu’il a complètement éclipsé le fait qu’il s’agit d’une adaptation (le manga de Garon Tsuchiya et Nobuaki Minegishi a été publié de 1996 à 1998) : délocalisé en Corée du sud, Old Boy est devenu un phénomène, un film high concept (un homme séquestré quinze ans sans explication se retrouve relâché dans la nature) qui se transforme en film à twist particulièrement cruel dont certaines scènes (la baston en plan-séquence, le festin de poulpe, la révélation finale) font passer Fight Club pour une pub pour du Coca Light.



Ghost in the Shell (2017)

Conspué avant même sa sortie pour une fausse polémique concernant son casting, Ghost in the Shell est à redécouvrir : un travail d’adaptation totalement respectueux de l’œuvre d’origine (en l’occurrence : l’anime de Mamoru Oshii plutôt que la BD de Masamune Shirow), d’une part, et un vrai manifeste esthétique s’interrogeant sur le statut de star de Scarlett Johansson. Que cache-t-elle sous son corps de star ? Qu’est-ce que c’est, au fond, un corps de cinéma ? Et si c’était le film lui-même le corps ultime ? Ghost in the Shell devient alors un drôle de reflet-blockbuster d’Under the Skin -un reflet armé jusqu’aux dents de guns et d’implants cyber.



Alita : Battle Angel (2019)

Longtemps projet fantasmé de James Cameron, finalement repris par Robert Rodriguez, l’adaptation cinéma de Gunnm de Yukito Kishiro (la version officieuse, Elysium de Neill Blomkamp, ne compte pas) est une réussite assez ahurissante. Une fusion entre la série B de SF agressive, constamment surexcitante, et la recherche par une ado d’un espace de paix où vivre en toute quiétude. L’idée de cette fusion est incarnée par un autre corps de cinéma -ou plutôt à des yeux, agrandis numériquement : ceux d’Alita (Rosa Salazar, fabuleuse), cyborg assassin amnésique, qui sont grands ouverts sur la recherche de ses souvenirs.