Anne Fontaine revisite le mythe de Blanche-Neige pour un résultat inégal mais à la sensualité troublante.
Anne Fontaine aime varier les genres et les ambiances. Ainsi, après avoir filmé l’enfer vécu par des religieuses polonaises violées pendant la Seconde Guerre mondiale (Les Innocentes), puis adapté non sans audace Marvin ou la belle éducation d’Édouard Louis (En finir avec Eddy Bellegueule), la réalisatrice s’aventure dans une relecture de Blanche-Neige des frères Grimm. La jeune Claire, victime de la jalousie de sa belle-mère, échappe à une tentative de meurtre fomentée par ses soins et se réfugie dans un village isolé où elle va réveiller l’émoi de ses habitants, et plus particulièrement de sept hommes qui vont tomber sous son charme envoûtant. Le projet est audacieux, mais le résultat pas pleinement à la hauteur. La faute à une mise en place aux pieds de plomb et terriblement scolaire de l’intrigue et des personnages. Le film tarde à entrer dans le vif de son sujet et à déployer cette comédie érotique portée par une héroïne (Lou de Laâge, sensuellissime) au départ inconsciente de son pouvoir de séduction, puis se libérant, à son corps de moins en moins défendant, de son éducation stricte. Chez Anne Fontaine, la chair et le sexe ne sont jamais tristes. Chaque face-à-face entre « sa » Blanche-Neige et ses sept courtisans flirte avec un absurde savoureux mais hélas jamais totalement poussé à son paroxysme. Comme freiné par le poids du raisonnable, symbolisé par le choix de confier le rôle de la marâtre à Isabelle Huppert, déjà mille fois vue – et bien plus inspirée – dans ce registre.
Blanche comme neige, en salles le 10 avril 2019.
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