Mélanie Laurent rejoint Jean-Jacques Annaud, Luc Besson, Michel Gondry, Julie Delpy ...
Conquérir le marché américain constitue un fantasme pour de nombreux réalisateurs de l'Hexagone. Beaucoup ont tenté leur chance outre-Atlantique - et les échecs sont moins nombreux qu’on ne pourrait le penser. À l’occasion de la sortie de Galveston, le premier film américain de Mélanie Laurent, qui sortira le 10 octobre, Première a sélectionné quelques-uns de ces Français qui ont tenté l’aventure américaine.
Les réalisateurs français exilés
De nombreux réalisateurs européens quittent l'Europe pour tenter leur chance aux Etats-Unis dans les années 1930 et 1940 - comme Fritz Lang, Murnau et Hitchcock. Certains réalisateurs français s'exilent aussi de l'autre côté de l'Atlantique, notamment après la défaite de 1940.
Jean Renoir
Jean Renoir arrive aux Etats-Unis en 1941, en pleine Occupation. Il y tourne sept films, dont deux sur la résistance (Vivre libre et Salut à la France), et obtient la double nationalité avant de retourner en Europe en 1952. Il passe les dernières années de sa vie à Beverly Hills, où il décède.
Jacques Tourneur
Jacques Tourneur, qui passe une grande partie de son enfance aux Etats-Unis, commence sa carrière en France en 1931. Il la poursuit à Hollywood à partir de 1934, où il signe ses plus beaux films dont La Féline (1942), Vaudou(1943) et La Griffe du passé (1947).
Max Ophuls
Allemand d’origine, Max Ophuls fuit le nazisme en 1933 et s’installe en France, où il obtient la nationalité française en 1938. Il quitte à son tour la France après la défaite de 1940 et part s’installer aux Etats-Unis. Il doit attendre 1947 et l’appui de Preston Sturges pour réaliser son premier film américain, L’Exilé, avec Douglas Fairbanks Jr. Il réalise l’année suivante son chef d’œuvre américain, Lettre d’une inconnue, adaptation du roman de Stefan Zweig. Il retourne en Europe après avoir tourné quatre films aux Etats-Unis.
Les Français qui ont percé aux Etats-Unis
À partir des années 1980, quarante ans après Renoir, Ophuls et Tourneur, une nouvelle génération de réalisateurs se lance à l’assaut du cinéma américain - avec succès pour beaucoup d’entre eux.
Jean-Jacques Annaud
Jean-Jacques Annaud perce aux Etats-Unis en 1986 avec Le Nom de la rose, l’adaptation du roman d’Umberto Eco, dans lequel jouent Sean Connery et Christian Slater. Le film rapporte "seulement" 7 millions de dollars sur le sol américain, pour un budget de 17,5 millions et des recettes mondiales de 77 millions. Annaud pulvérise son record dix ans plus tard avec Sept ans au Tibet qui engrange près de 38 millions de dollars aux Etats-Unis et 131 millions dans le monde pour un budget estimé à 70 millions.
Luc Besson
Luc Besson, l’un des réalisateurs français les plus "bankable" à l’étranger, a toujours voulu garder son indépendance financière vis-à-vis de l’Amérique. Ce qui ne l’a pas empêché d’y triompher. Les recettes engrangées par ses films aux Etats-Unis n’ont cessé d’augmenter entre Le Grand Bleu (3,5 millions de dollars) et Léon (près de 20 millions). Besson touche le jackpot avec Le Cinquième élément en 1997, qui rapporte plus de 63 millions aux Etats-Unis et près de 264 millions dans le monde pour un budget de 75 millions. Les recettes américaines de Lucy, sorti en 2014, s’élèvent à plus de 126 millions de dollars pour un budget de "seulement" 40 millions de dollars. Son dernier film, Valérian et la Cité des mille planètes, n’a rapporté "que" 41 millions de dollars sur le sol américain.
Jean-Pierre Jeunet
Contrairement à Besson, Jean-Pierre Jeunet a tenté l’aventure aux Etats-Unis. Il y a réalisé le troisième épisode de la saga Alien, Alien, la résurrection, sorti en 1997. Le film a engrangé plus de 47 millions dollars aux Etats-Unis et 161 millions dans le monde pour un budget de 75 millions. Son film Amélie Poulain, pourtant tourné en langue française avec des acteurs français, a rapporté 33 millions de dollars sur le sol américain - de quoi largement amortir le budget de 10 millions de dollars !
Michel Gondry
La moitié des films de Michel Gondry sont des coproductions américaines. Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), avec Jim Carrey et Kate Winslet, a rapporté plus de 34 millions de dollars aux Etats-Unis pour un budget de 20 millions. Son film de super-héros The Green Hornet (2011), avec Seth Rogen, Cameron Diaz et Christoph Waltz, a engrangé des recettes de près de 100 millions de dollars rien qu’aux Etats-Unis pour un budget de 120 millions.
Alexandre Aja
Son remake de La Colline a des yeux, film d’horreur culte de Wes Craven, a rapporté près de 42 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis et 70 millions dans le monde. La suite, tournée en 2007, a également remporté un grand succès commercial. La comédie horrifique Piranha 3D (2010) a engrangé plus de 80 millions de dollars dans le monde, dont 25 millions rien qu’aux Etats-Unis, soit l’équivalent du budget du film (24 millions de dollars).
Julie Delpy
Julie Delpy fait partie des rares Françaises à s’être faite un nom aux Etats-Unis en tant que réalisatrice. Two Days In Paris avait rapporté plus de 4 millions de dollars aux Etats-Unis et près de 20 millions dans le monde.
Louis Leterrier
Qu’il s’agisse de ses films français (Le Transporteur 1 & 2, Danny The Dog) ou américains (L’Incroyable Hulk, Le Choc des Titans, Insaisissables), Louis Leterrier est l’un des rois français incontestés du box-office américain.Le Transporteur 2 a rapporté aux Etats-Unis 43 millions de dollars (budget de 32 millions), L’incroyable Hulk 134 millions (budget de 150 millions) et Le Choc des Titans 163 millions (budget de 125 millions). Ses sept films ont apporté un total de 1,3 milliard de dollars dans le monde.
Ceux qui ont échoué
Mais tous n’ont pas eu la chance de réussir à percer aux Etats-Unis.
Olivier Dahan
Olivier Dahan tente sa chance aux Etats-Unis en 2010 avec la comédie dramatique My Own Love Song, interprétée par Renée Zellweger et Forest Whitaker. Mais le film sortira directement en DVD outre-Atlantique. Il retente l’expérience en 2014 avec Grace de Monaco, avec Nicole Kidman dans le rôle-titre. À nouveau, le film ne sort pas dans les salles américaines. Il est diffusé par la chaîne de télévision Lifetime, un an après sa sortie française. Les recettes mondiales de Grace de Monaco, 26,5 millions de dollars, ne parviendront même pas à couvrir les frais de production.
Guillaume Canet
Fort du succès des Petits mouchoirs, Guillaume Canet voit les choses en grand pour son prochain film : une production américaine de 15 millions de dollars. Blood Ties est un flop commercial complet ! Les recettes du film ne dépassent pas les 42 472 dollars aux Etats-Unis, atteignant seulement 2,3 millions de dollars dans le monde. Soit un déficit de près de près 13 millions de dollars !
Les outsiders
Succès d'une fois ou carrière américaine en demi-teinte, certains réalisateurs français entretiennent un rapport compliqué avec le box-office américain.
Michel Hazanavicius
Michel Hazanavicius est un cas un peu à part. The Artist, film français muet tourné à Los Angeles avec des acteurs français, a créé la surprise en 2012 en remportant pas moins de 5 Oscars, dont ceux de meilleur réalisateur, meilleur film et meilleur acteur ! Le film a rapporté plus de 44 millions de dollars aux Etats-Unis pour un budget de seulement 15 millions. Les recettes mondiales du film ont atteint 133 millions de dollars. On aurait pu croire qu’Hollywood ouvrirait ses bras au réalisateur d’OSS 117. Mais son film suivant, The Search, pourtant partiellement tourné en langue anglaise, n’a pas été distribué aux Etats-Unis, alors même qu’il s’agissait d’un remake d’un film de Fred Zinnemann. Mais, qui sait, l’aventure américaine n’est peut-être pas complètement terminée pour Hazanavicius.
Mathieu Kassovitz
Matthieu Kassovitz mériterait, dans ce classement, une place aussi bien dans la catégorie des "winners" que dans celle des "losers". Si Gothika a remporté un certain succès aux Etats-Unis (60 millions de dollars de recettes pour un budget d’environ 40 millions), ce n’est pas tout à fait le cas de Babylon A.D. Le deuxième film américain de Kassovitz a coûté presque deux fois plus que son premier (environ 70 millions contre 40 millions) et a rapporté deux fois moins au box-office américain (22,5 millions contre 60 millions). Le film est bénéficiaire à hauteur de seulement deux millions de dollars. Un making of interdit, Fucking Kassovitz, documente cet échec.
Les derniers à tenter l'aventure
Encore aujourd'hui, les Etats-Unis attirent les réalisateurs français les plus aventureux.
Jacques Audiard
Jacques Audiard s’est peu à peu fait un nom à l’étranger. Un Prophète, qui n’était pas particulièrement destiné au marché américain, avait rapporté 2 millions de dollars aux Etats-Unis. Son dernier film, Frères Sisters, western tourné en anglais avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly et Jake Gyllenhaal, pourrait lui permettre de véritablement percer outre-Atlantique. Le film, qui n'a été distribué que dans 27 salles aux Etats-Unis, a rapporté un peu plus de 400 000 dollars de recettes outre-Atlantique en deux semaines.
Yann Demange
Yann Demange, le plus britannique des réalisateurs français, vient de réaliser son premier film américain, Undercover - Une histoire vraie, avec Matthew McConaughey au casting. Le film a rapporté 21 millions de dollars après seulement deux semaines d’exploitation aux USA. Le pari semble gagné.
Mélanie Laurent
Le public américain a découvert l’actrice française Mélanie Laurent dans Inglourious Bastards de Quentin Tarantino. C’est en tant que réalisatrice qu’elle tente aujourd’hui de se faire reconnaître outre-Atlantique. Après trois drames français, elle a tourné Galveston, son premier film américain avec Ben Foster et Elle Fanning, sortira aux Etats-Unis le 19 octobre prochain.
Commentaires