Le Dernier loup sera rediffusé ce soir sur W9.
Mise à jour du mardi 11 août 2020 : La rédaction vous conseille fortement de découvrir Le Dernier Loup, de Jean-Jacques Annaud, une oeuvre ambitieuse tournée en Chine dans des conditions incroyables qui est sortie au cinéma en 2015. A l'époque, voici comment le cinéaste présentait son projet.
Le Dernier loup ne manque pas d’ambition humaniste et de souffle romanesque [critique]Article du 25 février 2015 : Première a rencontré Jean-Jacques Annaud, son chef opérateur Jean-Marie Dreujou et son monteur Reynald Bertrand quelques semaines avant la sortie du Dernier Loup. Il expliquent à quel point le tournage fut dantesque. Morceaux choisis.
Lorsqu’on a découvert Le Dernier Loup, on a été frappés par la sensation de jamais-vu ou de « plus vu depuis trèèès longtemps ». En ce sens, la scène de poursuite entre les loups et les chevaux dans le blizzard nous a rendus dingues. À vrai dire, j’ai encore du mal à croire ce que j’ai vu...
ANNAUD : Eh bien je peux te dire que pendant deux ou trois ans, je me suis réveillé en sueur au moins une fois par semaine en me disant : « Mince, je ne vais jamais réussir à tourner cette scène. » Mais voilà, on fait du cinéma justement pour connaître ce genre d’insomnies. (...) Le plus gros souci, en fait, ce n’est pas d’être perdu au fin fond de la Mongolie en pleine nuit et au milieu des tempêtes de neige, mais de vouloir à tout prix des plans où les loups et les chevaux courent ensemble. On a fini par se débrouiller en mettant du fil de clôture entre les animaux et en jouant aussi avec les fonds bleus. Sauf que quand il neige, les fonds bleus deviennent gris ! C’est très compliqué tout ça.
Il n’était pas envisageable de recréer les animaux en CGI ?
ANNAUD : Non. J’ai cinq plans « full CGI » sur les 2 800 et quelques que compte le film. Il fallait en utiliser le moins possible sinon ça aurait sonné faux, ça aurait ressemblé à un dessin animé. Quand on voit les sabots du cheval percuter la tête du loup, c’est de l’animatronique, pas du CGI. C’est quand même beaucoup plus beau. Les effets spéciaux numériques ne sont pas si utiles que ça quand le story-board est suffisamment précis. (...)
C’est sans doute la très grande joie de notre métier : tenter des choses inconsidérées comme tourner des plans en courte focale avec des chevaux lancés au triple galop à vingt centimètres de ta caméra. Bon sang, même les voitures de travelling n’arrivaient pas à les suivre tellement ils fonçaient.
À propos de « couleurs », j’ai été frappé par les contrastes de colorimétrie qui ponctuent le film. D’un coup, comme ça, paf, sans même un fondu enchaîné, on passe de paysages enneigés nocturnes à une image verdoyante de la steppe baignée par un soleil de plomb...
ANNAUD : Il faut savoir réveiller le spectateur. C’est la pub qui m’a appris ça, ce type de contrastes très violents. Il faut des chocs visuels. Par nature, le spectateur regarde le film avec une certaine mollesse, tranquillement assis dans son fauteuil. Il est dans le rythme de la mastication et c’est ton boulot de l’en sortir en permanence. On retrouve la même chose dans les règles de la composition musicale : après un andante, tu as un allegro, sinon ça bâille. Mais si tu n’as que des allegros, tout le monde s’ennuie.
J’ai lu que le film a coûté 40 millions de dollars alors qu’il donne l’impression d’en avoir coûté trois fois plus.
ANNAUD : Si tu connais le budget du film, tu as de la chance parce que moi, je n’en ai pas la moindre idée. Ce que je demandais, on me le donnait. Par exemple, vers la fin de la postproduction, j’ai réalisé que la musique ne figurait pas dans les devis. Ils avaient oublié de l’intégrer ! Je l’ai signalé à l’un des producteurs chinois, qui m’a dit : « Pas de problème Jean-Jacques, on s’en occupe ! » Et le lendemain, c’était fait.
Propos recueillis par François Grelet.
Bande-annonce du Dernier Loup :
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