Nouveau film de Xavier Legrand après le triomphal Jusqu’à la garde, ce thriller sur la toxicité post-mortem d’un père parvient à tétaniser avec irrégularité.
Coup de force cinématographique qui remporta le César du meilleur film et sidéra par sa description de l’emprise patriarcale et des violences familiales, Jusqu’à la garde avait placé haut la barre des attentes autour de Xavier Legrand. Le talentueux réalisateur revient ainsi avec un deuxième long métrage qui montre cette fois comment le patriarcat exerce aussi une brutalité sur les hommes adultes, et pas seulement sur les femmes et les enfants.
Pour cela, Legrand adapte très librement un roman d’Alexandre Postel, L’Ascendant, et raconte l’histoire du jeune et angoissé directeur artistique d’une maison de haute couture française qui a coupé depuis longtemps les liens avec son Québec natal. Mais le soudain décès de son père oblige notre héros à retourner d’urgence au Québec pour s’occuper de la succession. Il va alors faire une atroce découverte au sujet de son géniteur et s’enfoncer dans une dangereuse spirale de secrets. Adoptant à nouveau le genre du thriller psychologique, le cinéaste réussit une captivante première partie où le créateur de mode joué par Marc-André Grondin vit le retour à ses origines comme une étouffante corvée.
Pourtant, quand le récit vire ouvertement à la tragédie grecque et se met à pétrifier son héros, la volonté de filmer longuement la stupéfaction du personnage vient étrangement freiner la tension. La mise en scène de Legrand rehausse heureusement les quinze dernières minutes, où une puissante émotion nous saisit pour finalement rendre terrifiant ce conte sur la difficulté à se libérer du poids des pères.
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