L'enlèvement
Ad Vitam

L’Enlèvement, qui démarre en force en Italie, raconte l'histoire vraie d'un garçon juif enlevé par les autorités papales et contraint de se convertir au christianisme.

Présenté en Compétition au Festival de Cannes 2023, L’Enlèvement de Marco Bellocchio sorti dans les salles italiennes le 25 mai dernier s'est déjà hissé à la troisième place du box-office italien, derrière La petite sirène et Fast X, en engrangeant à ce jour plus de 550 000 euros sur environ 300 écrans. Le film reconstitue l'histoire vraie d’Edgardo Mortara, un garçon juif de 6 ans enlevé à sa famille à Bologne en 1858 par les autorités papales et élevé de force comme un chrétien au Vatican. Un enlèvement qui avait fait scandale.

"En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l'enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant..." dévoile le synopsis du film.

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Bellocchio a fait la promotion du film dans les cinémas italiens, au moment même où L’Enlèvement suscite un débat sur le rôle du pape Pie IX dans l'enlèvement et sur le fait que le Vatican n'ait jamais demandé pardon pour cet acte de violence. Dans une lettre ouverte au journal La Repubblica, le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, a souligné que "les défenses officielles de Pie IX et de son mécanisme de persécution qui font surface ces jours-ci dans de nombreuses parties du monde catholique sont, certes peu étonnantes, mais très inquiétantes," rapporte Variety.

L'Osservatore Romano, le journal de la Cité du Vatican, s'est prononcé sur la question dans une lettre ouverte publié mardi, notant qu'aujourd'hui, l'enlèvement d'Edgardo Mortara "ne se répétera plus" notamment grâce au IIe concile œcuménique du Vatican, qui, au début des années 1960 a "contribué à changer la perspective" à l'époque où "tout enfant baptisé devait être éduqué dans le catholicisme, même contre la volonté de ses parents." Loin de demander pardon pour l'enlèvement, le Vatican reconnaît aujourd'hui les torts causés. Bellocchio, qui a écrit au pape François dans l'espoir que celui-ci voie le film, a commenté dans une interview accordée à Variety lors du festival de Cannes, le fait que le pape Pie IX ait été béatifié en l'an 2000.

"Je me souviens de la déception des descendants de Mortara concernant la béatification. Pour un pape, c’était [l’enlèvement] une sérieuse tâche sur sa conscience. Elena Mortara, sa petite nièce, était sidérée que l'Église puisse justifier cet acte."