Dans ses mémoires, le réalisateur Jean-Marie Poiré raconte qu’elle a ainsi "amélioré son rôle d'au moins 50 %".
Rire est une fête, les mémoires de Jean-Marie Poiré, vient de sortir en librairies. Édité par Michel Lafont, le livre est une succession de réflexions et d’anecdotes de tournage du réalisateur de L’Opération Corned-Beef, Les Anges Gardiens, Les Anges Gardiens, Le Père Noël est une ordure et bien sûr Les Visiteurs. Poiré entame d’ailleurs ce passionnant ouvrage sur les coulisses de son cinéma avec son immense succès de 1993 : il revient longuement sur sa relation avec avec Valérie Lemercier (l’actrice avait évoqué un tournage « compliqué », notamment dans ses rapports avec Jean Reno et Christian Clavier) et livre de nombreuses anecdotes. On apprend ainsi qu’au moment du doublage (« quand les acteurs doivent rejouer en studio certaines phrases qui ne sont pas compréhensibles en raison de bruits extérieurs, ou de tout incident dû à la prise »), Lemercier était encore meilleure que sur le plateau. Poiré écrit : « Elle était seule, en vedette, avec toute une équipe d’hommes en majorité, qui riaient à ses clowneries. Ça l’a mise de bonne humeur.
En doublant ses phrases, elle a découvert le film et elle a très heureusement surprise, visiblement. Elle m’a dit avec beaucoup de sincérité :
- Je n'avais pas vraiment compris ton film. Tu as dû m'en vouloir. Il y a des tas de moments où je ne me trouve pas à la hauteur.
- Mais tu rigoles, tu es excellente !
- Non. J'aurais pu faire beaucoup mieux. (Elle a réfléchi.) Les phrases qu'on a refaites, je les trouve améliorées. »
Elle a alors demandé à Jean-Marie Poiré de redoubler l’intégralité de ses dialogues dans le film. D’abord contre l’idée, le réalisateur a finalement accepté et loué tout un auditorium le temps d’un week-end : « On refait tout le film ! À l'arrache ! (…) Ça colle, je le garde. Si ce n'est pas synchrone, je vire ou je remonte le film différemment, si ça vaut vraiment le coup. ». Il assure qu’elle a « été extraordinaire. Elle a formidablement amélioré son rôle, d'au moins 50 % (même si je trouve qu'elle était déjà sensationnelle). Elle a multiplié les effets - « Monsieur Ouille... pas avec votre poncho ! » Sa voix est montée d'une demi-octave. Elle était désopilante et incroyablement en place, comme portée par les rires de l'équipe et les miens. On la poussait vers l'avant. Le comique est monté d'un ton. Elle a même eu des trouvailles que j'ai conservées : Reno, en armure, la serrait contre lui, à la fin. Le pommeau de son épée a dû lui faire mal en lui heurtant les côtes, car elle a un mouvement de recul. D'elle-même, elle a ajouté un petit : « Ouille ! C'est dur ! » C'était drôle. Je l'ai gardé. Pendant ce doublage, elle était contente. D'ailleurs elle a fait la promotion sans aucune réticence, comme réconciliée avec le film et ses deux comparses à l’affiche. »
Rire est une fête, 20,95 euros, chez Michel Lafon.
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