De Will Hunting à Downsizing.
Will Hunting (Gus Van Sant, 1998)
On aurait bien aimé inclure Mystic Pizza dans cette liste, mais impossible d’ouvrir ce top (chronologique) autrement qu’avec Will Hunting, l’inoubliable groundbreaking role de Matt Damon, l’une des plus belles cartes de visite d’une star 90’s. Damon y établissait sa persona, qui le poursuit jusqu’à aujourd’hui : sourire irrésistible, blondeur all-american, sensibilité prolo. Et un plan final prophétique pour signifier que l’acteur ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin.
Il faut sauver le soldat Ryan (Steven Spielberg, 1998)
A peine starisé, Matt Damon est immédiatement adopté par les vieux briscards du Nouvel Hollywood. Coppola le croque en Idéaliste, et Spielberg en fait son Soldat Ryan, l’incarnation de la candeur perdue et de la beauté éternelle de l’Amérique. Will Hunting était pour Damon un film personnel, une ode à Boston. Spielberg initie ici l’idée que l’acteur sera une toile blanche sur laquelle les cinéastes (et les spectateurs) pourront désormais projeter leurs fantasmes.
La Mémoire dans la peau (Doug Liman, 2002)
L’un des plus riches idées de casting du début des années 2000. Alors que tout le monde pensait que c’est le buddy Ben Affleck qui deviendrait l’action hero du siècle nouveau, Damon est embauché pour incarner l’espion amnésique Jason Bourne. Un visage de bébé tout lisse sur un corps de machine à tuer. Initiales JB : le lien entre Jack Bauer et le James Bond de Casino Royale.
Gerry (Gus Van Sant, 2002)
Au début des années 2000, c’est la versatilité de Matt Damon qui impressionnait le plus. L’homme était capable d’enchaîner le premier épisode de la saga Bourne et de co-écrire dans la foulée cette dérive antonionienne dans le désert californien, un Gus Van Sant radical où Damon et Casey Affleck se transforment peu à peu en mirages.
Deux en un (Peter et Bobby Farrelly, 2003)
Damon peut tout faire ? Oui, même jouer le frère siamois de Greg Kinnear dans ce festival burlesque en forme d’ode aux freaks. La preuve ultime que Matt Damon joue très bien, même quand il est coiffé comme Jim Carrey dans Dumb and Dumber.
Les Infiltrés (Martin Scorsese, 2006)
Méchant Matt. Scorsese explore la dark side du gendre idéal dans son face-à-face avec l’autre blondinet superstar des années 2000, Leonardo Di Caprio. Mâchoires crispées, répliques froides comme le métal, regard qui tue. Très crédible.
The Informant ! (Steven Soderbergh, 2009)
Steven Soderberg et Matt Damon s’étaient déjà croisés sur trois épisodes de la saga Ocean’s, The Good German et Che, mais The Informant ! est leur chef-d’œuvre, le portrait zarbi d’un lanceur d’alertes affabulateur, drôle de silhouette génialement composée par un Damon hébété et moustachu.
Nouveau Départ (Cameron Crowe, 2012)
Juste après avoir joué le veuf chez Clint Eastwood dans Au-delà, Matt Damon enchaîne avec un autre rôle tire-larmes de papa veuf élevant sa petite fille adorable dans un joli zoo, et pour qui va bientôt fondre Scarlett Johansson. Comment résister à ce regard doux et hagard, cette voix qui se brise sous le coup de l’émotion ? Sad Damon.
Ma vie avec Liberace (Steven Soderbergh, 2013)
Michael Douglas était censé être la véritable superstar du biopic HBO consacré au chanteur Liberace, mais c’est pourtant Damon qui finissait par attirer tous les regards, en toy boy mélancolique coiffé comme Cloclo, paumé sous le strass et les ors de Vegas.
Downsizing (Alexander Payne, 2018)
Si l’œuvre entière d’Alexander Payne est consacrée à la peinture de l’Américain moyen, alors Downsizing en est la version jusqu’au-boutiste, puisqu’ici l’Américain moyen est ici minuscule. Rétréci par la science, Paul Safranek est joué par Damon comme un monsieur tout-le-monde totalement transparent : un type sans qualités, en pull maronnasse, l’homo americanus le plus générique du monde. Il faut une bonne dose de confiance en soi (et dans son star-power) pour jouer ça. Safranek est riquiqui, oui, mais Damon, lui, est définitivement très grand.
Commentaires