Rustin Colman Domingo
Netflix

L'acteur vedette de Fear décroche enfin un grand rôle de cinéma, dans le biopic Netflix. Son heure de gloire est-elle arrivée ?

C'est peut-être enfin son heure. Rustin débarque aujourd'hui sur Netflix, pour nous raconter l'histoire vraie du militant Bayard Rustin, déterminé à bouleverser l'Amérique conservatrice, raciste et homophobe, en organisant la marche sur Washington (qui a eu lieu en 1963) pour les droits civiques, celle où Martin Luther King fit son discours "I have a dream"...

Le biopic est encensé par la presse, notamment pour la prestation de Colman Domingo, épatant dans la peau de Bayard Rustin. Enfin un grand rôle pou l'acteur de 53 ans. Ce Rustin a tout du film de la consécration pour la star originaire de Belize et du Guatemala, surtout connue depuis son arrivée au petit écran, par la case Waking Dead. Depuis une décennie, il est l'insaisissable Victor Strand dans Fear, héros et vilain de l'apocalypse. Une révélation pour cette icone de Broadway, pas forcément destinée au genre zombifique.

Fear the Walking Dead saison 8B
AMC

"Pour moi, Fear The Walking Dead était un risque", confiait d'ailleurs Colman Domingo à Première, en 2018. "On m'avait proposé de faire la série de Baz Luhrmann, The Get Down sur Netflix, au même moment. Ça aurait été le choix le plus logique pour moi, vu mon passé à Broadway. Mais quand il a fallu choisir, j'ai préféré aller vers Fear, parce que ça me faisait peur. Désormais dans ma carrière, les gens savent déjà ce que je sais faire. Donc j'ai eu envie de surprendre, et de me mettre en danger. C'est ma philosophie de vie, j'aime oser de nouvelles choses."

En parallèle de TWD, Colman Domingo tente l'aventure Euphoria face à Zendaya. Là encore, un rôle ambitieux et audacieux. Il incarne Ali, un ancien toxicomane sur la voie de la rédemption, le sponsor de Rue. Un personnage qu'il va bosser comme un dingue, entre 30 et 50 heures pour chaque épisode ! "Je viens du théâtre donc j'ai l'habitude de beaucoup bosses mes rôles" confiait-t-il à Vulture récemment. Une dévotion qui lui vaudra un Emmy Award du Meilleur acteur guest, en 2022.

Pas le premier prix majeur reçu par Colman Domingo, dans sa carrière, lui qui avait été récompensé aux Tony Awards dès 2011 pour The Scottsboro Boys, juste après sa première grande performance dans la comédie musicale acclamée, Passing Strange (en 2008). 

Broadway garde une place cruciale dans le coeur du comédien devenu producteur, même s'il n'a plus beaucoup de le temps de monter sur les planches, très occupé par Fear The Walking Dead, Euphoria... et le cinéma.

Car cela fait quelques années que Colman Domingo tente d'exploser sur grand écran. On a pu le croiser face à Regina King dans Si Beale Street pouvait parler. On l'a vu dans Candyman face à Yahya Abdul-Mateen II ou sur Netflix (déjà) dans Ma Rainey, face à Chadwick Boseman. Mais à chaque fois, il devait se contenter de seconds rôles. Rustin marquera donc indéniablement un tournant dans sa carrière. Une prestation marquante, qui pourrait même le conduire jusqu'aux Oscars !

Car Colman Domingo a été sacré cet automne par le TIFF Tribute Award de la meilleure performance, lors du Festival international du film de Toronto. Une distinction prestigieuse et souvent annonciatrice des Academy Awards. Brendan Fraser (The Whale), Anthony Hopkins (The Father) ou Joaquin Phoenix (Joker) y ont été couronnés avant lui ces dernières années, avant d'être sacrés aux Oscars. Mais plus que la gloire, Colman Domingo pense d'abord aux gens "qui ont connu et aimé Bayard Rustin, et qui sont toujours de ce monde… Avec ce rôle, je voulais rendre justice à Rustin en leur nom. Au-delà des éloges critiques, c’est leur opinion qui m’importe plus que tout" répond l'acteur au Devoir.

Bayard Rustin
Netflix

Il n'empêche, l'année 2024 pourrait bien être celle du couronnement de Colman Domingo. Aux Oscars et peut-être aussi aux Emmys, puisqu'il occupe une place cruciale dans la saison finale de Fear the Walking Dead, actuellement en cours : "Je voudrais qu'il ne meurt jamais", nous disait-il en parlant de la fin de la série. "Ou alors que Victor s'en aille dans un grand éclat de rire. Et sur sa tombe, on pourrait lire : "Il aimait le scotch. Il aimait se marrer. Il aimait se battre."