Le Loup de Wall Street vient de faire un excellent démarrage lors de sa sortie en France mercredi dernier : à moins de vivre dans une grotte, vous savez qu'il s'agit du nouveau film de Martin Scorsese qui filme Leonardo DiCaprio dans la peau de Jordan Belfort, trader anarqueur de la fin des 80's, riche à millions et accro à la drogue et au sexe. Le Loup de Wall Street romance la vie du vrai Jordan Belfort, d'après ses mémoires où il raconte son avidité dévorante, ses partouzes et ses orgies stupéfiantes.Belfort fut inculpé pour fraude financière et blanchiment en 1998, et fit 22 mois de prison pour délit de fausse information après avoir collaboré avec le FBI. Il en profite pour écrire ses mémoires, sur lesquelles Leonardo DiCaprio posera une option en 2007 afin de les adapter au cinéma. C'est avant le tournage de Shutter Island que DiCaprio entraîna Scorsese dans le projet du Loup version cinéma, avec Terence Winter (Les Soprano) au script. Avec comme résultat un film monstrueux et dément de trois heures…Une belle histoire hollywoodienne, mais il ne faudrait pas oublier que Le Loup de Scorsese/DiCaprio/Winter n'est pas la première expérience de Belfort (producteur exécutif du film au cinéma. En effet, de 1996 à 1997, Jordan s'est piqué de production et a co-financé en tout huit films de piètre qualité, dont deux téléfilms et un direct-to-video, où il est crédité du titre très flou de "producteur exécutif". Sa première "oeuvre" : Agent double, sorti en 1996 dans seulement trois pays (Angleterre, Brésil et Indonésie), est une comédie où le fameux catcheur Hulk Hogan joue un espion entré en possession d'un super-pistolet laser. Suivront le polar Blood Money (1996), où Mark Ruffalo fait une apparition ; le téléfilm Assault on Dome 4 (sous-Die Hard dans l'espace avec Bruce Campbell) ; le polar d'arts martiaux Prey of the Jaguar  ; Santa with Muscles où Hulk Hogan joue au Père Noël et Mila Kunis (alors âgée de 15 ans) trouve à l'un de ses premiers rôles ; le téléfilm comique The Elevator avec Martin Landau et Martin Sheen ; Skeletons, encore un téléfilm d'horreur où cachetonnent Christopher Plummer et James Coburn ; et enfin Firestorm et ses combats d'androïdes dans la Terre de 2024. Des bobines fauchées et cheap, qui n'ont laissé presqu'aucun souvenir et qui se trouvent dans les bacs les plus poussiéreux des soldeurs de DVD. Et qui n'ont eu d'utilité pour Belfort que pour blanchir son argent.Le plus ironique dans tout ça : David DeCoteau, réalisateur du Prey of the Jaguar cité plus haut (où un flic s'entraîne aux arts martiaux pour venger sa famille), est un spécialiste du navet d'horreur fauché et du mockbuster toujours en activité (plus de 80 titres dans son CV depuis 1985, de Dreamaniac à Witches of the Carribean). DeCoteau a signé en 2002 un film sur des traders new-yorkais vampirico-lycanthropes. Le titre du film : Wolves of Wall Street. Ca ne s'invente pas, et voici sa bande-annonce. C'est sûr, ça change du Scorsese.