Jeff Goldblum et les Dieux de l'Olympe martyrisent l'humanité dans cette farce brutale et jubilatoire.
Nom de Zeus ! Jeff Goldblum est en forme olympique dans KAOS, la nouvelle série de Charlie Covell pour Netflix. La brillante créatrice de The end of the f***ing world (en 2017) jongle avec la mythologie grecque et signe une dramédie épatante qui étrille à la fois la cruauté des tous puissants et l'insignifiance de l'humanité.
La grande réussite de la série, c'est d'abord d'assumer son premier degré fantastique : l'histoire se déroule dans un monde moderne, où les Dieux de l'Olympe existent réellement. Prométhée a donné le feu aux Hommes. Hadès est responsable des Enfers. Poséidon protège les mers. Dionysos fait la fête en boite de nuit. Et au-dessus de la mêlée, le tout puissant Zeus dirige d'une main de fer avec son épouse, l'intraitable Héra.
Une formation en mythologie grecque n'est pas indispensable pour apprécier KAOS, mais sans aucun doute, la série réjouira avant tout ceux qui connaissent déjà les légendes transmises par Hésiode et Homère. Celle d'Orphée qui traverse le Styx pour aller chercher Eurydice. Celle des Moires qui tissent et coupent les fils du destin. Celle de Minos et de Dédale qui créent le Minotaure. KAOS connaît ses classiques par cœur et a la bonne idée de les mettre au goût du jour. Une modernisation des mythes qui ne s'effondre jamais sur elle-même, grâce à un ton satirique omniprésent assez jubilatoire. Les Dieux sont des êtres brutaux, pervers, égoïstes - ce qu'ils sont déjà dans la mythologie grecque originale d'ailleurs - qui prennent un malin plaisir à martyriser l'Humanité, ramenée ici à une insignifiance déconcertante.
Avec une malice remarquable, Charlie Covell profite de ce décor fantastique pour livrer une critique cinglante de la religion et de la dévotion. KAOS est spirituelle, presque punk, et on peut aussi se lire comme une allégorie des milliardaires capricieux et tout puissants, qui jouent avec notre monde. C'est là, dans la farce sadique et cruelle, qu'elle est la plus percutante (elle perd son souffle quand elle s'aventure dans le drama du point de vue des Hommes).
D'ailleurs, le Nectar de cette série repose essentiellement sur cette odieuse famille de Divinités qui se déchire. Janet McTeer en Hera, David Thewlis en Hades, Cliff Curtis en Poseidon ou Stephen Dillane en Prométhée sont en grande forme. La palme revenant au tout-puissant déconnecté, Jeff Goldblum, formidable Zeus fou et colérique, lunaire et imprévisible. Une performance qui lui va comme un gant. Exactement celle qu'on attendait de lui, il est vrai. Paresse ou génie ? Une chose est sûre, il est la parfaite incarnation de la nature arrogante et prétentieuse du roi des dieux. Sans aucun doute son meilleur rôle depuis longtemps.
KAOS, saison 1 en 8 épisodes, à voir sur Netflix depuis le 29 août 2024
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