Français d'origine allemande, Hans Bellmer est l'auteur d'un riche oeuvre subversif composé de sculptures-objets, photographies, peintures et dessins. Au moment de la montée du nazisme, alors qu'il travaillait comme dessinateur de publicité industrielle, il décide de ne plus exercer de travaux utiles (de manière directe ou indirecte) à l'Etat et se lance pleinement dans l'art. En 1934, Hans Bellmer -; qui se rebelle contre toute forme d'autorité (politique, paternelle...) et qui fantasme sur sa cousine, Ursula, seulement âgée de quinze ans -; décide de fabriquer une poupée, objet provoquant et érotique par excellence. La même année, il découvre un numéro de la revue Minotaure et entre en contact avec le groupe des surréalistes parisiens. En 1938, à la mort de sa femme Margaret, il décide de quitter Berlin et s'exile à Paris. Sur place, il est accueilli par les surréalistes qui reconnaissent dans sa poupée et les photos qu'il en fait une nouvelle façon d'ouvrir l'esprit de la société à ses fantasmes inconscients. Suite à sa découverte, au Kaiser Friedrich Museum de Berlin, des poupées mobiles de Albrecht Dürer il décide de désarticuler les siennes et se met à explorer les possibilités de l'anatomie du désir. L'artiste se plonge alors dans une réflexion inédite sur le corps, pousse de plus en plus loin son investigation et fait de son objet fétiche une création de référence pour l'expression érotique contemporaine. Son but : « rephysiologiser les vertiges de la passion jusqu'à inventer des désirs ». Après avoir retranscrit par le dessin ses pulsions enfouies, Hans Bellmer les concrétise avec sa poupée en bois, construite en taille quasi-réelle (celle-ci mesure environ un mètre quarante). Il ne l'habille très peu (il lui met des socquettes et des souliers) et la photographie. A propos de l'exemplaire conservé au Centre Pompidou, Wieland Schmied déclare : « [La poupée] se dédouble de manière symétrique autour du nombril comme centre de sa jointure à boule -; un monstre doté de deux girons, de deux paires de jambes, de dans de petits souliers vernis noirs, affublé d'un buste et d'une tête, à la fois fantastiquement et épouvantablement réelles, transformable et toujours semblable, innocente et savante, enfantine et perverse, vampire et succube, une construction articulée d'une incroyable intensit » et en même temps une des sculptures les plus convaincantes de notre époque. » Suite à ce travail, Hans Bellmer poursuit ses recherches artistiques sur l'érotisme. Tout comme les productions de Marquis Donatien de Sade et de Georges Bataille, sa production est intemporelle ; ses problématiques sur l'identité restent toujours de mise à notre époque. Une grosse exposition itinérante sur Hans Bellmer a été présentée au Centre Pompidou (1er mars - 22 mai 2006), à Munich au Staatliche Graphische Sammlung (28 juin - 27 août 2006), et à Londres, à la Whitechapel Gallery (18 septembre - 19 novembre). Quelques oeuvres majeures : La Poupée, 1932-1945. Sculpture.Bois peint, cheveux, socquettes et souliers. 61 x 170 x 51 cm La Poupée, 1934. Gélatine d'argent. 6,4 x 9,1 cm La Poupée, 1934. Gélatine d'argent. 58,9 x 41,9 cm 'Poupee' in Hayloft , 1935-1936. Gélatine d'argent. 30,5 x 30,5 cm La Poupée, 1935. Gélatine d'argent. 66 x 66 cm La Poupée, 1934. Gélatine d'argent. 65,8 x 65,8 cm La Poupée, 1935. Gélatine d'argent. 11 x 11 cm Sans titre, 1937. Gouache sur papier. 12,4 x 9,5 cm La Poupée, 1938. Gélatine d'argent. 41,7 x 41,9 cm[Illustration : La Poupée, 1934. Gélatine d'argent. 6,4 x 9,1 cm]
Genre | Homme |
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