Les Particules Élémentaires : Une adaptation audacieuse du roman de Michel Houellebecq [critique]

France 2 diffuse ce soir son nouvel unitaire, divisé en deux parties, avec Guillaume Gouix et Jean-Charles Clichet.

"La vie, c'est toujours un peu dégoûtant" dit Michel Djerzinski à son amoureuse Annabelle après lui avoir montré ses premières expériences de clonage sur une grenouille. Un mantra qui entoure le nouveau film d'Antoine Garceau, adaptation télévisée en deux parties du roman de Michel Houellebecq Les Particules Élémentaires, diffusé ce soir pour la première fois sur France 2 à 21h05.

Reprenant l'intrigue du roman, cette adaptation produite par Incognita et Storia Television raconte l'enfance et puis l'âge adulte des demi-frères Michel et Bruno. Nés d'une mère fantasque et très libérée sexuellement, ils commencent leur vie sans se connaître, avant d'entretenir une relation très proche une fois la rencontre passée. Liés par le sang, les deux frères sont complètement opposés. Michel, le scientifique, n'a d'yeux que pour ses recherches et espère mettre au point une méthode de clonage qui empêche la filiation et la mort. Bruno est pour sa part obsédé par le sexe et entretient un rapport malsain à sa sexualité et sa mère (Oedipe quand tu nous tiens). Face à eux, les deux femmes de leur vie : Annabelle, pour toujours amoureuse de Michel, et Janine, la mère des deux garçons.

Analyse torturée de la société, Les Particules Élémentaires avait choqué son lectorat au moment de sa sortie en 1998. Un choc qui dure, et qui devrait se reproduire face à l'unitaire diffusé sur France 2, tant le film est inattendu par rapport à la ligne éditoriale de la chaîne en ce qui concerne ses films diffusés en prime time. Regroupant à son casting Pascale Arbillot, Déborah François, Jean-Charles Clichet, Guillaume Gouix, Michel Vuillermoz, Liliane Rovere et Patrick Mille, cet unitaire est la deuxième mise en image du roman de Houellebecq, après le film d'Oskar Roehler sorti en 2006 (Ours d'argent du meilleur acteur).

Dans cette adaptation, pas de maladresses, et même les non-initiés à la littérature de Houellebecq sauront apprécier le tableau dressé par les personnages, écrits pas Gilles Taurand et filmés par Antoine Garceau. Se torturant et se déchirant pendant près de deux heures (2 x 60'), ils finissent par se reconstruire comme de véritables particules, sorte d'électrons en liberté. Guidés par leurs besoins premiers, les personnages de Michel, Bruno et Annabelle ne sont ni bons ni mauvais, et soulignent l'ambiguïté du monde. Névrosés, obsédés, aussi laids que beaux, les deux frères sont si bien incarnés par Guillaume Gouix (Bruno) et Jean-Charles Clichet (Michel) qu'on n'arrive pas à leur en vouloir, malgré le grotesque et parfois l'horreur de leur vie. Et horreur il y a. 

Traumatismes d'enfance, insultes, comportements déplacés et sentimentalisme laissé de côté, Les Particules Élémentaires d'Antoine Garceau est un unitaire cru qui regarde le sale dans les yeux. Ici, l'intérêt n'est pas de cacher la vérité mais bien de tout montrer de la réalité. La nudité est partout, le déplacé aussi, mais pas le mauvais goût : il n'y a rien de sale dans la vie, même si Michel Djerzinski pourrait dire le contraire. Et face à la laideur, la beauté surgit toujours. Surtout là où on ne l'attend pas.

Les Particules Élémentaires, d'Antoine Garceau, avec Jean-Charles Clichet, Guillaume Gouix, Pascale Arbillot et Déborah François. Diffusé ce soir sur France 2 à 21h05.