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En longs plans-séquences, la caméra fait corps avec la comédienne principale et son énergie inaltérable. Les décors qu'elle traverse n'ont pas l'air d'en être, les dilaogues échangés sonnent comme des conversations naturelles. Mille détails vibrants nourissent ce grand film qui traite de volonté, de courage et, par-dessus tout, de fidélité.
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Nouvel ambassadeur d’une déferlante roumaine qui pointe les séquelles du communisme (La Mort de Dante Lazarescu, 12h08 à l’Est de Bucarest), 4 mois, 3 semaines et 2 jours ouvre le champ d’expression du cinéma local en délaissant l’ironie et la mystique joyeuse pour une plongée asphyxiante dans les années Ceaucescu. En suivant le trajet sordide de la blonde Olivia (une étudiante qui va aider sa copine à avorter) Mungiu solde un passif collectif et raconte une (sa ?) jeunesse bousillée, démissionnaire et enfermée dans un bocal (cf . la première séquence). Jusqu’à ce plan insoutenable du fœtus sur le carrelage de la salle de bain qui rappelle qu’il ne sert à rien de se voiler la face… Une palme d’Or méritée.
Toutes les critiques de 4 mois, 3 semaines et 2 jours
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Sacré palme d'or au dernier Festival de Cannes, ce film roumain à la fois bouleversant et percutant est construit comme un thriller, sur le fil tendu de l'angoisse. Un drame suivi caméra à l'épaule par Cristian Mungiu, qui dessine ici avec émotion le portrait intime de deux jeunes femmes.
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Cette histoire intime progresse à la manière d’un thriller : le réalisateur entretient constamment une forme intense de suspense, autant sur l’état psychologique des héroïnes que sur leur sécurité matérielle. Cette tension, pourtant, ne doit rien aux habituels artifices censés doper l’attention. La mise en scène, véritable morceau de bravoure formel, découpe le temps au scalpel.
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Dans cet enfer sans grandeur, Mungiu fait vivre son héroïne. Sans Otilia, 4 mois, 3 semaines, 2 jours, serait un pur moment de désespoir. Mais la jeune femme incarne la liberté de choix, la volonté de risquer sa liberté, sa tranquillité pour quelqu'un d'autre. Anamaria Marinca tient ce rôle périlleux avec une intensité qui n'a rien de démonstratif. Dans le débat que le film suscite, en toute connaissance de cause, elle représente le libre arbitre. Ce libre arbitre se paye, pour l'exercer il faut être lucide.
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Avec une maestria qui lui a valu la Palme d'or au dernier Festival de Cannes, le cinéaste manie les plans-séquences et la caméra à l'épaule comme des outils de précision afin de graver en nous à jamais ses images. Du début à la fin de ces 4 mois, 3 semaines, 2 jours, le spectateur est tendu à la limite de la rupture par une angoisse qui n'a rien à envier aux suspenses des meilleurs thrillers ou films d'horreur.
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L'oppression, la peur, la révolte, l'humiliation, la détermination, le courage habitent ce scénario inquiétant, économe en dialogues, qui se déroule sur vingt-quatre heures. Il nous happe dans un flot d'émotions contenues. Cristian Mungiu accumule les plans-séquences qui donnent encore plus de réalité et de puissance à son propos. Sur fond de contexte historico-politique, il raconte le plus simplement du monde cette vie des autres où la tension va crescendo.
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Cannes a souvent été le lieu de naissance de grands cinéastes, à la fin de ces 113 minutes le doute n’est plus permis, nous sommes bien avec Christian Mungiu, en présence d’un grand cinéaste qui filme magnifiquement la vérité politique de son pays autrefois. Son film ressemble à un triptyque, fait de trois parties dans lesquelles de longs plans séquences demandent parfois à l’œil du spectateur de faire sa propre mise en scène. Comme lors d’une séquence inoubliable par sa densité et sa justesse à l’intérieur d’un hôtel sordide, avec un homme sordide et sa terrible valise. Ou encore pendant une fête de famille dans laquelle une jeune femme règne par son absence et l’inquiétude qui la ronge. Ces « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » sont un chef d’œuvre et l’honneur du cinéma cette année. Certainement la plus belle Palme d’Or de ces dix dernières années.
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Acte passible de prison, l'avortement n'est évidemment pas le sujet du film. Il agit comme le révélateur d'une société liberticide rongée par la corruption, qui n'épargne rien ni personne. Récompensé par la Palme d'or, du cinéma vérité parfaitement interprété, dont on ne sort pas indemne.
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Quant à Gabita, la jeune fille enceinte, elle est irresponsable, incapable de faire face à ce qui lui arrive. Aucune chance ne lui est donnée de montrer un autre visage, et elle est finalement clouée au pilori par un plan terrible montrant le fœtus expulsé sur le carrelage de la salle de bains. Mungiu sait-il qu’une telle image est du pain béni pour les anti-avortement ? On voudrait que cette palme soit celle de la jeunesse. C’est celle de l’immaturité.