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Dupieux a le sens du gag. L’efficacité de celui qui ouvre son nouveau film voyant un Dali edouardbaerisé marcher dans un couloir d’hôtel sans fin suffirait presque à notre bonheur. Mais poursuivons. L’artiste autosatisfait cherche ici à rejoindre une jeune journaliste et repartira illico dans l’autre sens une fois prévenu qu’aucune caméra ne sera là pour immortaliser l’entretien. S’opère alors une mise en abîme bricolo-rigolote autour de la représentation et des traces qu’elle laisse sur un tableau, un petit ou un grand écran, un rêve voire sur le visage des multiples acteurs qui incarnent le rôle-titre… Un peu partout donc, sauf peut-être dans l’imaginaire du spectateur. C’est un problème récurrent chez le cinéaste qui a défaut d’offrir une vision sensible est plus préoccupé par l’aspect publicitaire de son propre univers. Il n’est pas anodin que l’auteur de Yannick convoque le Dali dans sa forme grotesque et caricaturale, celle de ce type qui dans une fameuse pub se disait « foooouuuu des cho-co-lats Lan-vin ! » Soit un artiste ayant « peur de mourir par excès d’autosatisfaction » qui aura organisé sa vie comme un long et joyeux suicide. Daaaaaali ! raconte d’ailleurs un peu ça, le spectre de la mort et de la disparition hante ce génie isolé incapable d’être autre chose qu’un monstre autocentré (Jonathan Cohen et Edouard Baer, sublimes) On entend aussi un producteur-connard (Duris) dire « les stars adorent qu’on leur torche le cul » Chose que Dupieux fait très bien convoquant à chaque fois dans son petit monde un bestiaire de vedettes venus s’encanailler.