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Après le clinquant Mr. & Mrs. Smith et le désastreux Jumper, Doug Liman se rachète une conduite avec ce respectable biopic politique, qu’il a habilement déguisé en thriller d’espionnage histoire de ne pas effrayer le chaland. Armé d’un scénario carré, Liman délaisse les boursouflures de ses précédents blockbusters pour retrouver l’efficacité de La Mémoire dans la peau, déroulant ses ficelles avec assez de métier pour parvenir à faire oublier que son film ne révèle pas grand-chose de neuf sur le scandale. Conscient que l’histoire se suffit à elle-même, Liman pousse la sobriété jusque dans sa direction d’acteurs : Naomi Watts, servie par son physique relativement passepartout, abandonne ses affectations d’actrice hypersensible pour se glisser dans la peau de Valerie Plame, tandis que Sean Penn campe une grande gueule anti-Bush avec une conviction non feinte. Mais, derrière le réquisitoire politique de rigueur et l’incontestable patine technique, c’est Doug Liman luimême qui semble s’être évaporé.
Toutes les critiques de Fair Game
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le parcours de Fair game s'effectue très nettement en deux temps : les missions d'espionnage de Madame puis, sa véritable identité dévoilée, la campagne médiatique indignée de Monsieur. Cette deuxième partie est, elle, particulièrement réussie, forte d'une précision, d'un tranchant, qui forcent l'admiration. Pas la moindre redite : Liman nous accordera en tout et pour tout une scène de menaces téléphoniques, une interview télévisée pour dénoncer les abus du pouvoir, une irruption de colère contre une journaliste calomniatrice. Fair game fait défiler en moins d'une heure un programme qui en occupe généralement deux, et parfois il n'est pas sans évoquer la puissance d'abstraction d'un Ghost writer. Toutes proportions gardées : la mise en scène de Liman n'a pas la pureté de celle de Polanski, et son film se présente encore sous les atours plus ingrats du film-dossier. Cela l'empêche sans doute de prétendre au même magnétisme, mais lui offre aussi une plus grande proximité. On ne le percevra peut-être pas, d'ici dix ans, comme une des pièces maitresses de l'œuvre de Liman : Jumper était du jamais-vu, quand celui-ci s'inscrit dans une filiation plus classique, allant des Hommes du président au magnifique Révélations. Mais cette faculté de s'inscrire dans des projets d'apparence plus convenue pour leur donner un bon coup de fouet contribue à faire de son auteur un des cinéastes américains montants, dont la carrière mérite d'être suivie avec la plus grande attention.
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Doug Liman cherche visiblement à créer de nouveaux Justes, capables de tous les sacrifices, puisant leurs ultimes ressources au sein de la sacro-sainte famille, et poussant des tirades enflammées en citant Jefferson. God Bless America !
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Seul film américain en lice cette année au Festival de Cannes, ce thriller-réalité du réalisateur de Mr & Mrs Smith, à défaut de briller par l'originalité de sa mise en scène, s'avère indéniablement efficace. L'interprétation est au diapason : professionnelle.
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Elégamment éclairées dans les teintes bleutées chères à Liman, les scènes de couple auraient pu constituer le cœur palpitant et mélancolique d'un thriller tendu sur la quête d'identité (Plame a perdu la sienne, comme Jason Bourne), le grand sujet du cinéaste. Elles sont malheureusement bâclées, dialoguées sans inspiration ni souffle dramatique, reléguée derrière une quête d'efficacité "documentaire" qui se traduit par le bougé d'une caméra à l'épaule et l'usage d'images d'archives. Le film de Liman n'évite pas non plus les archétypes : on pense notamment aux scènes ratées avec les gentils indics irakiens, ou la vision uniforme d'un système médiatique où les journalistes sont tous plus odieux les uns que les autres. Mou du genou, comme engourdi, Fair Game est un thriller politique "engagé" pour une cause entendue, et dont tout le monde connaît déjà la fin. Au moins dans Green Zone de Paul Greengrass, autre film épris de vérisme revenant sur l'histoire récente américaine réalisé par le collègue britannique de Liman sur la trilogie Jason Bourne, il y avait du souffle et du rythme.
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L'histoire est passionnante. Doug Liman la déroule pièce après pièce. Naomi Watts est parfaite et son idéaliste de mari, interprété par Sean Penn, sobre comme jamais. Malheureusement, Liman fait passer le drame conjugal avant le film politique. Un peu plus de nuance aurait aussi permis au film d'entrer dans la catégorie des grands thrillers d'investigation comme Les hommes du Président. Dommage.
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En se focalisant trop dans la deuxième partie sur la vie privée du couple Plame-Wilson (son mari, qui enquête de son côté), le réalisateur affaiblit un peu la portée politique de son film, pourtant passionnant jusqu’au bout.
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Hélas, ce n'est qu'une tentative qui ne trouve ni son rythme ni son ton, et il faut tout le talent des interprètes ainsi que les rebondissements d'un scénario abracadabrant concocté par George W. Bush et ses affidés pour que le film arrive plus ou moins à bon port. (...) Fair Game aurait également pu être le portrait d'un mariage pris dans une tourmente médiatique (et quelques séquences laissent deviner ce que ce film aurait pu être - amer et passionnant) mais on devine que les intéressés ont gardé un œil vigilant sur la transformation de leur vie conjugale en chair à Oscars et le film reste bien timide.
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Doug Liman nous revient en bonne forme avec ce film-dossier efficace, dénonçant les dérives de l’administration Bush et l’influence néfaste des pressions médiatiques sur un couple uni.
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Après Green Zone, de Paul Greengrass, sorti il y a quelques mois, l'Amérique continue de faire son mea culpa. Film-dossier nerveux, plutôt efficace, Fair Game rappelle les mensonges, désormais avérés, de l'administration Bush sur les prétendues « armes de destruction massive ». Mais l'intérêt se situe ailleurs. Dans la description quasi documentaire d'une carrière dans l'espionnage, notamment les lourdes responsabilités vis-à-vis de ces fameux « contacts » qu'on protège et qu'on manipule... Naomi Watts, parfaite, incarne une Valerie Plane suffisamment opaque et déterminée pour être crédible, y compris dans le couple qu'elle forme avec Sean Penn. Grâce à eux, le film devient, aussi, une sensible et amère chronique conjugale. L'envers de Mr & Mrs Smith, en quelque sorte.
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Fasciné par cette histoire, le cinéaste Doug Liman se concentre sur le séisme professionnel et privé traversé par le couple. Il signe un thriller politique classique, qui manque parfois de rythme, néanmoins défendu par des acteurs convaincants et dignes: Naomi Watts et Sean Penn.
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Il ne se passe pas grand chose, le film d'espionnage qu'on aurait pu attendre n'est pas au rendez-vous - pas assez d'action, de suspense - et l'alternative du drame psychologique sur la vie dévastée de Valerie Plame manque aussi à l'appel.
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Il ne rend pas pleinement justice au potentiel dramatique de son sujet. Naomi Watts est impeccable dans le rôle de cette femme cassée en deux, mais Liman, lui, pèche par excès de distance. Comme s’il n’assumait pas complètement la dimension politique de son film. Le film reste solide, mais il est un peu atone. Il manque de colère.
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Liman trousse calmement et honnêtement son film citoyen, genre par excellence mitoyen : on respecte le geste politique, on est plus sur sa faim sur un plan artistique. (...) La synthèse est rigoureusement faite mais la vérité manque peut-être curieusement de substance : ils ont raison, c’est tout. Est évacuée la dimension médiatique et éthique de l’affaire puisque c’est un journaliste bien tuyauté par la Maison Blanche qui fit l’outing de Valerie Plame.