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Guédiguian prend un temps infini à présenter ces hommes, à les montrer dans leur vie au jour le jour pour mieux y puiser leurs motivations à entrer en résistance et faire apparaître leurs failles à venir. Mais, à force d’être plongés dans leur quotidien, notre intérêt pour eux et pour leurs actions se dilue avant que l’on ait pu en saisir les enjeux,
le danger, la tension… Il manque à
ce film ambitieux les scènes fortes qui mettent le spectateur dans un inconfort impliquant. C’est d’autant plus dommage que Simon Abkarian avait enfin trouvé un premier rôle
à sa mesure.
Toutes les critiques de L'armée du crime
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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S'il ne s'agit pas de d'un film historique au sens strict, le cinéaste a néanmoins respecté l'authenticité des caractères et des faits bousculant juste un peu la chronologie pour signer un enthousiasmant western de la Résistance. Robert Guédiguian n'a pas élucidé la violence des interrogatoires. Violence qui, en se brisant sur l'intégrité des personnages, transforme cette Armée du crimes en geste légendaire.
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A la fois didactique, très émouvant lors de sa dernière demi-heure et juste dans sa description de l’époque évoquée, L’armée du crime est une réussite dans le domaine du film historique à vocation pédagogique.
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Le réalisateur de « Marius et Jeannette » rend hommage à ces combattants sans négliger l’aspect humain au profit de l’histoire. Le film peint ensemble les actions des militants, leurs coups d’éclat, leurs peurs, leurs états d’âme, leurs dissensions, notamment à travers le personnage principal. Simon Abkarian, bouleversant dans le rôle de Manouchian, est un homme déchiré, contraint à la violence contre sa morale. La mise en scène, pour classique qu’elle soit, sert par sa sobriété cette juste reconstitution historique, pédagogique et émouvante. En ces temps de déconfiture sociale et économique et de mondialisation, il n’est pas inutile de rappeler la grandeur et la nécessité du combat, via cette belle leçon d’histoire sur un engagement ancien et international.
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Il est difficile de voir un film dont on a suivi le tournage des jours durant, comme nous avons pu le faire pendant l'été 2008, sans se souvenir de la manière dont le réalisateur, les acteurs et les techniciens y ont travaillé. Les intentions affirmées à l'époque (politiques, historiques, bien sûr, mais aussi esthétiques) et la méthode (collective, empreinte d'un sérieux et d'un respect peu communs sur les plateaux) apparaissent clairement. Ce qui est à l'écran vient comme l'accomplissement d'une promesse qui, aux yeux d'un témoin de la fabrication du film, est entièrement tenue.
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Le film prolonge et nourrit les éternels credo du cinéaste, de Dernier Eté à Marius et Jeannette, sur la force des idéaux politiques et les luttes collectives. Il questionne aussi, à travers ses héros, la place de l'étranger dans la société française. (...) Pour Robert Guédiguian, tout est affaire de transmission. Il désire et assume la dimension pédagogique de son film : la révolte de chacun des personnages contre l'injustice et l'iniquité renvoie au présent. (...) Robert Guédiguian a su faire de ces jeunes gens d'hier des figures modernes et proches.
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Un cauchemar éveillé, filmé dans un silence mortuaire et insupportable de pesanteur tragique, dont l’horreur d’abord quasi surréaliste, comme impensable, est brutalement ramenée à la réalité par le cri déchirant d’un nourrisson. Du grand cinéma, tout simplement.
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La force de « l’Armée du crime » repose autant sur son souffle romanesque que sur la véracité des faits relatés. Guédiguian a su s’affranchir du strict carcan historique pour dépeindre ces jeunes héros de la Résistance avec leurs doutes, leurs contradictions, et surtout tels qu’ils se comportaient dans leur vie quotidienne.
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Guédiguian, qu’on n’attendait pas forcément sur un terrain si romanesque, joue la carte de la sobriété (la rafle du Vel’d’hiv, filmée dans le plus profond silence, cauchemar éveillé qu’un cri de bébé vient « réveiller »), évoque le génocide arménien, laisse un de ses policiers de se fendre d’un « Il faut terroriser les terroristes » assez peu d’époque. Et signe un appel contemporain et vibrant à l’engagement
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En relatant les faits d'armes sous l'occupation nazie, de la résistance immigrée, on ne se trompera pas trop en pensant que Guédiguian souhaitait établir un parallèle avec notre époque. C'est l'aspect le plus intéressant du film que de rappeler certaines vérités un peu trop souvent passées sous silence et qui résonnent d'une manière singulière dans le milieu ambiant. Guédiguian dresse un tombeau à ces combattants de l'ombre, il en fait des martyrs et ce dès le début. Paradoxalement et perversement le titre du film adopte le langage de l'ennemi qu'il combat. L'Armée du crime finit par faire le jeu de son adversaire. La commémoration est sans nul doute la meilleure manière d'en finir avec toute réactivation d'une événement.
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Voici un film qu'on peut qualifier de pédagogique, remarque qui n'est pas négative en soi, mais contient aussi une part d'attente déçue. Cours d'histoire et d'engagement politique, donc, mais pas leçon de cinéma.
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S'il sait si bien retranscrire la réalité sociale et amoureuse, Robert Guédiguian a plus de mal avec la réalité historique. Son film souffre d'un classicisme qui nous coupe des personnages. Par manque d'un réalisme brutal, la violence passe, mais pas l'émotion.
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Des héros présentés à hauteur d'hommes, sans lyrisme ronflant, auxquels une troupe aux talents sûrs, Simon Abkarian en tête, redonne vie. Refusant tout spectaculaire, au risque, c'est bien dommage, de sacrifier le souffle, le réalisateur de Marius et Jeannette privilégie le fond. Et restitue finement le climat de l'époque, ses grandeurs et ses bassesses.
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(...) L’Armée du crime relève plus du poster édifiant pour la bonne cause. Mais c’est surtout dans la mise en scène que le film laisse sur sa faim. Si Guédiguian mène correctement son récit et articule bien les lignes dessinées par ses multiples personnages (portés par des acteurs globalement bons), il n’échappe pas au travers de la reconstitution d’époque qui fige le film dans une imagerie d’Epinal.
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(...) le cinéaste est comme tétanisé par le respect que lui inspire son beau sujet et il faut vraiment la jeunesse des acteurs pour que le récit respire un peu au présent et ne se fige en nouvel évangile rougeoyant.
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Si Guédiguian éprouve une solidarité sans failles pour ses héros au casting impeccable, les raisons politiques, dont il cerne aussi les limites et faiblesses, sont moins importantes que le facteur humain. Ainsi, si le film échoue un peu à convaincre sur la durée, par trop de digressions et un manque d'intensité où les circonvolutions de l'intrigue pâtissent d'un manque de rythme et d'ambiguïté, il réussit à toucher en montrant comment cette résistance naît des sentiments.
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Dominé par la belle figure de Manouchian (Simon Abkarian, superbe), le film rend hommage aux FTP de la célèbre "Affiche rouge" sous la forme d'une imagerie légendaire, chaleureuse pour les héros, un peu lisse et schématique quant à l'arrière-plan historique.
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Reste que malgré sa grande faiblesse de mise en scène, pour ne pas dire son évident ratage, L’Armée du crime ne mérite aucune animosité, la force de Guédiguian - qui, à défaut d'être le cinéaste le mieux armé pour ce type de film, reste un artiste intellectuellement très cohérent - reposant encore, même lorsqu'il cherche à saisir un espace temps a priori peu familier ou à filmer des acteurs qu'il connait peu, sur une bien belle croyance : celle que faire un film, c'est avant tout chercher à préserver une foi toujours un peu malmenée, amoindrie par un statu quo souvent inacceptable.
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On a droit à un film évidemment respectueux , mais si respectable qu'il en devient insignifiant. Quasiment fantomatique... Certes, Guédiguian n'a jamais été un formaliste : chez lui, comme chez un Ken Loach, ce qui est dit l'emportera toujours sur ce qui est montré. Le fond, oui, la forme, bof... Seulement, là, il dépasse un peu les bornes... (...) Bref, jamais on ne vibre, jamais on ne tremble.
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Le cinéaste, trop près de son sujet, plonge malheureusement dans l'emphase, sans jamais prendre la bonne distance. La mise en scène est fade, les effets de style embarrassants et le souffle épique inexistant. La cerise sur le gâteau ? Guédiguian caricature ses personnages à grand renfort de dialogues patauds matraquant les valeurs de l'héroïsme et de l'engagement. Ces résistants deviennent alors des icônes auxquelles on ne croit jamais.