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Imaginez le Mocky de la grande époque s’attaquant à une variation moderne de Madame Bovary de Flaubert et vous aurez une petite idée de ce qui vous attend avec le troisième long métrage d’Antonin Peretjatko, librement adapté – une première pour lui ! – d’Il faut un héritier, une nouvelle de Noëlle Renaude. Oubliée la relative déception causée par La Loi de la jungle. On s’inscrit ici plus dans La Fille du 14 juillet qui l’a révélé. Avec cette idée d’une comédie aussi joyeusement absurde que savoureusement politique (la théorie macronienne du ruissellement en prend ici pour son grade, le mépris de classe via les Gilets Jaunes aussi…). Un riche héritier, vieux garçon de 45 ans (Philippe Katherine) y tombe amoureux d’une guichetière au grand dam de sa mère qui va tout faire pour chasser cette roturière hors de sa famille riche et bourgeoise du 16ème arrondissement parisien. Et si celle- ci a de la ressource côté vice et perversité, sa belle- fille va se régaler à lui donner du fil à retordre. Et vite lasse de cette vie entre une Reine mère odieuse et un mari plus enclin à jouer à Tetris que partager son lit avec elle, la jeune mariée va se trouver un amant. Usant avec subtilité des flashbacks et flashforwards comme du procédé de la voix off, Peretjatko s’appuie surtout sur un redoutable duo d’actrices : Josiane Balasko épatante dans l’outrance et le lâcher prise et Anaïs Demoustier géniale en chrysalide se transformant en papillon ou plus précisément se métamorphosant de proie en prédatrice. Un bijou de comédie où ambitions formelle et scénaristique ne font qu’un.