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Motivés sur le plan éthique, les cinéastes concernés l’ont moins été sur un plan artistique. Il faut dire que le projet incitant à la démonstration, il y avait de quoi se méprendre sur sa nature : propagande ou réflexion ? clip ou ciné ? La plupart d’entre eux n’ont pas su trancher. Souvent graves et douloureux (les enfants-soldats de Charef ; les délinquants juvéniles de Kusturica et Veneruso), parfois poétiques (sur ce terrain, le Ridley Scott et le John Woo sont des ratages cosmiques), toujours édifiants, les différents films apportent la preuve que ce genre d’exercice arrive difficilement à transcender sa fonction éducative. À deux modestes exceptions près : Jesus Children of America de Spike Lee et Bilu e João de Kátia Lund. Le premier signe un portrait brut d’une fille de junkies qui rappelle les belles heures enragées de son Jungle Fever. La seconde, avec ses jeunes débrouillards des favelas de São Paulo, démontre que la légèreté n’est aucunement ennemie du propos.
Toutes les critiques de Les enfants invisibles
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Même si l'ensemble est inégal, il fait voler en éclats nombre de préjugés.
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Ridley Scott et sa fille ont imaginé l'absurde retour en enfance d'un reporter de guerre : quasiment hors sujet. Tout à fait convaincante, en revanche, la plongée sèche et violente, signée Mehdi Charef, dans le quotidien d'un enfant soldat africain. Et la poésie déglinguée d'Emir Kusturica sur l'univers cruel et trépidant des gitans. La Brésilienne Katia Lund piste, quant à elle, dans les rues de São Paulo, deux petits ferrailleurs, modernes Sisyphes munis de brouettes surchargées, refaisant inlassablement le même geste de survie. Son énergique Bilu et João est le meilleur moment du film.