Le premier long métrage d’Anna Cazenave Cambet révèle une comédienne épatante : Tallulah Cassavetti.
Voilà un premier film qui se vit comme des montagnes russes émotionnelles. Un récit initiatique à l’intérieur duquel Anna Cazenave Cambet déploie un manifeste féministe diablement intense. Son héroïne, Esther, âgée de 17 ans, s’invente, se cherche, se cogne, se construit sous nos yeux et finira par s’accomplir mais sans l’approbation d’un homme, souvent quête principale des héroïnes de ce genre d’intrigue. En suivant ses pas, De l’or pour les chiens offre un vrai voyage en terres de cinéma. Il s’ouvre comme 37°2 le matin (une scène de sexe comme pour donner le la : commencer par ce qui constitue généralement la conclusion d’une coming of age story) et voit passer sur son récit les ombres de Sans toit ni loi d’Agnès Varda, d’Un poison violent de Katel Quillévéré, du Hadewijch de Bruno Dumont… Des ombres jamais écrasantes tant la puissance du cinéma d’Anna Cazenave- Cambet vous saisit dès son premier plan pour ne plus vous lâcher.
Elle signe ici un sublime portrait de jeune femme, à l’appétit de vivre, de sexe et d’amour dévorant, qui va la conduire des bras d’un garçon qui ne la mérite pas à une fascination pour une jeune religieuse (Anna Navorac, impressionnante) dans un couvent dont elle a poussé les portes, une nuit d’errance. Du cinéma sensoriel, en mouvement qui permet au spectateur de se projeter en Esther, quel que soit son âge ou son sexe. Et une apparition : Tallulah Cassavetti. Pour son premier rôle, elle livre une composition emballante, parvenant magnifiquement à traduire par son corps, son visage et son regard la métamorphose de son personnage.
De Ana Cazenave Cambet. Avec Tallulah Cassavetti, Corentin Fila, Anna Navorac… Durée : 1h39. Sortie le 30 juin 2021
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