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Sans être la bombe annoncée par sa moisson de prix glanés un peu partout (l'intrigue prévisible, mise en scène sans grande identité, alternance répétitive de brutalités physiques, de torrents d'injures et de pauses méditatives), la façon qu'a le film de laisser entendre qu'un pays incapable d'aimer ses enfants produit des pères indignes qui engendreront à leur tour de mauvais fils abolit l'idée d'une "bonne" Corée opposée à la "méchante". Dommage que cet audacieux et poignant propos n'atteigne pas la dimension cinématographique escomptée.
Toutes les critiques de Breathless
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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On est stupéfait par l'âpreté de ce premier long-métrage sud-coréen écrit en vingt-trois jours. Yang Ik-june, acteur avant d'être cinéaste, est visiblement dans l'impérieuse nécessité de raconter son expérience familiale douloureuse. Ce qui, pour lui, fut un exorcisme thérapeutique se révèle, pour le spectateur, une oeuvre forte et singulière, à travers une réflexion sur la violence qui ne vire jamais à l'apologie.
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Yang Ik-june signe magistralement, avec ce premier film, une oeuvre dont la violence, parfois choquante, est une dynamite dont il se sert pour extraire, tel un minerai précieux, la profonde humanité de ses personnages. Cinéaste surdoué, Yang Ik-june est aussi un acteur choc, digne héritier d'un Kitano ou d'un Choi Min-sik. Équilibrant avec virtuosité ses ingrédients (l'action, le mélodrame social, l'humour, l'affectif), Breathless est, c'est le cas de le dire, un film à couper le souffle...
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Interprétation musclée, échappatoire nulle et réalisation nerveuse : l'efficacité est de mise, pour un voyage au bout de l'enfer de la violence dont on sort sonné, et le souffle effectivement coupé. En ces temps de disette côté inspiration, une nouvelle preuve de l'inépuisable vivier coréen....
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Yang Ik-June film les non-dits avec une sensibilité rare. Et en refusant toute concession au spectaculaire et au tape-à-l'oeil, son Breathless charrie une puissance émotionnelle et une tension envoûtante.
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La caméra sanglante de Yang Ik-June ne se contente pas de décrire la Corée comme un monde laminé, détruit, ravagé, où le coup de latte et l'injure sont la seule valeur qui unisse les concitoyens, la seule culture qu'ils se transmettent. C'est une profession de foi esthétique que le cinéaste brandit.
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Non film choral et faux portrait d'un petit gangster, Breathless ménage ces récits entrecroisés pour finir sur un double constat mêlant optimisme (refaire sa vie ou pardonner reste possible) et pessimisme froid, tragique, pesant. Si le mélo a si bonne presse en Corée, c'est aussi qu'il dit quelque chose sur un passé et un réel qui pèsent.
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Sur ses traces, le film avance comme une longue succession de passages à tabac, filmés au plus près, avec une caméra nerveuse, magnétisée par ce qu'elle enregistre. Le style, âpre, est proche du documentaire. Pas de musique, pas de répétition non plus, affirme le cinéaste : le jeu des acteurs est aussi rugueux que le décor, gris, sans qualité véritable, de la ville de province où se situe le film, que le cinéaste nous invite à considérer comme une image de la Corée tout entière.
Nulle complaisance ici, nulle esthétisation de la violence ; la mise en scène provoque plutôt une sensation d'étouffement, à l'image de celle qu'induit, chez les personnages, une violence endémique nichée au coeur des familles. -
Jusqu'au bout, Yang Ik-june parvient à conserver l'énergie et la fièvre de cette étonnante séquence inaugurale. Le sauveur-cogneur (interprété avec fougue par le jeune réalisateur lui-même) est un recouvreur de dettes aux méthodes aussi expéditives qu'efficaces. Bloc de haine sans autre limite que sa résistance physique, Sang-hoon ne communique que par les insultes ou par les coups. Il tape comme il respire et cet enchaînement de bagarres finit par produire un effet comique inattendu. Plus humaniste que nihiliste, Breathless séduit, ainsi, par ses changements de ton - de la violence à l'humour et, bientôt, au mélo. Au fil des scènes, Sang-hoon révèle ses fêlures, notamment au contact d'une lycéenne aussi paumée, sinon agressive, que lui. La mise en scène nerveuse - le cinéaste filme le plus souvent caméra à l'épaule - s'apaise alors, le temps d'une séquence bouleversante où chacun des deux asociaux s'abandonne à la tendresse de l'autre.
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Hormis quelques longueurs tire-larmes, la belle histoire de Yank Ik-june, dont c'est le premier long-métrage, est aussi un plaidoyer sensible, parfois drôle, et d'une rare cruauté sur une jeunesse foutue, sur un temps impossible à rattraper (...)
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(...) rien d'étonnant, après la vision de ces deux heures parfois douloureuses, à comprendre pourquoi ce film a récolté des prix dans les festivals (...) Ik-June s'approche avec Breathless de ce que le cinéma anglais nous a donné de meilleur ces vingt dernières années dans le domaine de l'étude des moeurs, sociétal et populaire.
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Sa rencontre avec une étudiante revêche va l’éloigner peu à peu du cercle vicieux de la baston. Un peu longuet, "Breathless" détonne néanmoins par son approche frontale des rapports de force au sein de la famille et résonne comme un vibrant cri de colère contre la violence atavique de la société coréenne.