Les projets de films sur Pablo Escobar se sont multipliés à Hollywood ces dernières années, mais aucun n’a abouti. Vous aviez entendu parler de toutes ces tentatives avant de vous lancer dans l’écriture de Paradise Lost ?Oui, on m’en parlait pour me dire que j’allais échouer à mon tour ! (Rires) Le problème de ces projets, à mon avis, est que les producteurs voulaient faire un biopic d’Escobar. Mais à mes yeux, c’est presque impossible d’y parvenir, parce que c’est un personnage sans cohérence. Il a passé sa vie à changer d’avis. Sur tous les sujets : la politique, le kidnapping, les Etats-Unis, qu’il a d’abord adorés puis détestés. Je cherchais un angle qui permettait de brasser tout ça, en mettant de côté les clichés – la drogue, les assassinats – tout en étant fidèle à qui il était vraiment. Les gens l’imaginent en Scarface, mais il y a plein d’aspects de sa vie qu’on ignore trop souvent. Beaucoup de gens ne savent pas, par exemple, qu’il a été politicien. Qu’il était très altruiste et finançait des œuvres de charité.D’où l’idée de faire connaissance avec lui via le regard d’un étranger qui débarque en Colombie…Oui. Paradise Lost est une fable noire, sur ce jeune homme, Nick, qui trouve le bonheur puis connaît ensuite une véritable descente aux enfers. Avec lui, on fait un voyage, un voyage à l’intérieur du cerveau d’Escobar. Entrer dans la tête de Pablo, c’est comme entrer dans un labyrinthe. Au début du film, on voit son côté charmant, aimant, charismatique. Puis l’ambiance change et Nick comprend qu’il a affaire à un sociopathe. Et le public prend peur en même temps que lui.Vous avez tourné le film au Panama. Comment est perçu Escobar en Amérique du Sud aujourd’hui ?Quand j’ai commencé à préparer le film, c’était presque tabou d’évoquer Escobar en Colombie. Puis il y a eu cette série télé, Le Patron du Mal, qui a connu un succès phénoménal là-bas. Elle était écrite par des gens qui avaient souffert des exactions d’Escobar et elle a servi de « vaccin » pour la population. Aujourd’hui, on peut se permettre de faire du spectacle avec la figure d’Escobar. C’est presque un personnage pop.Dans quel genre classer Paradise Lost ? Thriller, drame familial, love story ? Tragédie grecque ! (Rires) Les genres ont été inventés par Hollywood au XXème siècle, mais les archétypes du storytelling, eux, sont les mêmes depuis la nuit des temps. L’histoire d’Escobar, c’est celle d’Icare. Un homme se prend pour un Dieu et est puni pour ça. Il meurt à la fin. C’est la définition même d’une tragédie.Interview Frédéric FoubertParadise Lost d'Andrea Di Stefano avec Benicio Del Toro, Josh Hutcherson et Claudia Traisac est actuellement dans les salles Lire aussiNotre entretien avec Josh HutchersonNotre entretien avec Benicio Del ToroLooking for Pablo : sur le tournage de Paradise LostPourquoi Benicio Del Toro est né par incarner Escobar15 ans de traque d'Escobar à l'écran
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Andrea Di Stefano : "C'est presque impossible de faire un biopic de Pablo Escobar"
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