Hier matin, Thierry Frémaux et Gilles Jacob étaient fiers d'annoncer que la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion allait présider le jury du 67ème festival de Cannes. Un choix évident quand on connait la carrière de l'artiste, intimement liée à l'événement (elle a reçu deux palmes d'or, présenté la plupart de ses films, courts ou longs, sur la Croisette et était déjà l'an dernier présidente du jury des courts-métrages).Une annonce pourtant rapidement éclipsée par une polémique : ce choix serait-il une manière de faire oublier les accusations de sexisme qui ont éclaté l'an dernier envers le festival ? Sur le moment, Thierry Frémaux était monté au créneau pour défendre son bébé, et il a une nouvelle fois réagi auprès du Figaro : "Si ce choix était féministe, cela voudrait dire que celui de porter un homme à cette fonction aurait été machiste. Ce n'est pas du tout le cas. Jane Campion bénéficie de ce titre parce qu'elle est une grande artiste avant tout". Le délégué général du festival a ensuite insisté sur le talent de la réalisatrice de La Leçon de Piano : "Elle me fait penser à Marguerite Yourcenar dont les mots ont une portée à la fois singulière et universelle. C'est une femme forte, au tempérament de feu. Il n'y a pas beaucoup de femmes metteurs en scène comme elle, qui méritent sa place. Quand les gens ont appris la nouvelle, ils ne se sont pas exclamés: 'Chouette, c'est une femme!', mais plutôt: 'Génial, c'est Jane Campion!' ".Il reconnait tout de même que la sous-représentation des réalisatrices est un problème dans le cinéma en général, même s'il juge que le débat n'a pas vraiment sa place au sein de son festival. Peu de femmes ont été présidentes du jury dans l'histoire du festival de Cannes (10 seulement pour 11 éditions, puisque Jeanne Moreau a été deux fois à ce poste), mais selon lui, l'événement reste tout de même "beaucoup plus féministe et paritaire que le cinéma en général.". "Dans les années 1950 et 1960, les femmes étaient quasi inexistantes dans le septième art. C'est une question de mœurs et d'époque qui ne doit pas exclusivement se débattre, une fois par an, durant la manifestation (...) Nous n'avons pas choisi Jane Campion pour mettre fin à une polémique quelconque, conclut Frémaux. Mais nous sommes contents qu'il s'agisse d'une femme. Nous espérons que cela encouragera la reconnaissance des réalisatrices talentueuses, en France comme dans le reste du monde.".Le 67ème festival de Cannes se déroulera du 14 au 25 mai.
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- Jane Campion présidente du jury à Cannes : un choix féministe ? Thierry Frémaux répond aux critiques
Jane Campion présidente du jury à Cannes : un choix féministe ? Thierry Frémaux répond aux critiques
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