Rendez-vous ce soir, à 21h sur Arte.
Lors de la conférence de presse dévoilant la sélection du festival de Cannes 2014, Thierry Frémaux s’était foutu du cliché qui veut qu’on dise en général des films à sketchs qu’ils sont "inégaux". Il continuait en expliquant que l’outsider de la compète, Relatos Salvajes, allait faire mentir l’adage, puisque tous les segments en étaient signés d’un seul et même homme (l’Argentin Damian Szifron).
Résultat des courses, Frémaux risque de se moquer de nous, mais il faut bien avouer que Relatos Salvajes est un peu, hum… inégal. Mais ce n’est pas le plus important. Il est aussi baroque, pétaradant, totalement inattendu dans ce contexte cannois, incroyablement shooté, superbement musical, et drôle aussi. Très drôle. Parfois très très drôle. L’ouverture du film – une poignée de minutes ressemblant à un épisode de La Quatrième Dimension subverti par le meilleur de l’humour noir british – est a priori le truc le plus irrésistiblement tordant qu’on verra ici cette année. Les influences ? Un peu Risi, un peu Monty Python, un peu Chuck Jones, un peu Coen aussi. Le fil rouge ? Des vignettes saignantes mettant en scène des relations sociales hystérisées et un pays au bord de l’explosion : deux types rejouent Duel façon cartoon sur une route désertique, Ricardo Darin (géant) se prend le PV de trop et pète les plombs, un mariage tourne au jeu de massacre, etc, etc. Il y a des segments géniaux, d’autres franchement bof, mais on en sort avec la certitude qu’on reverra ce film.
Et peut-être qu’alors, à la deuxième vision, on comprendra que les moments "creux" étaient voulus, pensés et théorisés par le réalisateur comme seul moyen de faire respirer le métrage, de lui donner le carburant nécessaire pour tenir deux heures jusqu’à son climax cathartique, et passer ainsi de la case "film à sketch" à la case "film" tout court. Des pleins et des déliés, des petits moments de flottement, avant de décrocher l’uppercut au bon moment. Comme quoi, "inégal", c’est peut-être pas forcément un reproche…
Frédéric Foubert
Les Nouveaux sauvages de Damian Szifron avec Ricardo Darin, Oscar Martinez et Leonardo Sbaraglia revient ce soir sur Arte. Bande-annonce :
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