Spotlight de Tom McCarthy
Warner

Cette semaine au cinéma, Michael Keaton enquête sur une sombre affaire, Albert Dupontel et Bouli Lanners sont chasseurs de primes et Jacques Perrin filme la Nature.

Choix n°1 : Spotlight de Tom McCarthy avec Mark Ruffalo, Michael Keaton...

Synopsis :Tiré d'une histoire vraie, SPOTLIGHT raconte comment, en 2002, le Boston Globe a révélé la complicité de l'Église catholique dans plusieurs affaires retentissantes de pédophilie.

Été 2001. À peine nommé rédacteur en chef du Boston Globe, Marty Baron missionne ses journalistes d'investigation pour enquêter sur un curé accusé de pédophilie. L'affaire est grave puisque le prêtre aurait violé des dizaines de jeunes paroissiens en l'espace de trente ans... Mais s'attaquer à l'Église catholique dans une ville comme Boston n'est pas sans risque. Pour autant, les reporters de l'équipe Spotlight dirigée par Walter “Robby” Robinson se mettent au travail.

Dans le cadre de l'enquête, les journalistes rencontrent l'avocat des victimes, Me Mitchell Garabedian, et plusieurs de ses clients : ils sont désormais convaincus que l'Église a mis en place un vaste système de protection des prêtres prédateurs. Malgré la résistance acharnée des plus hautes autorités religieuses, le Globe finit par publier les conclusions de l'enquête en janvier 2002. L'article fait l'effet d'une bombe et encourage d'autres victimes, dans quelque 200 villes du monde entier, à prendre la parole.

L'avis de Première : Un bon film de journalistes, comme un bon film de sous-marin ou un bon film de base-ball, doit obéir à certaines règles. On veut y voir des gens intelligents, en bras de chemise, bosser jusque tard dans la nuit en se nourrissant de pizzas froides et de bières tièdes. Il faut un personnage de rédac chef sévère mais juste, des deadlines incompressibles, des vies privées qui foutent le camp, des téléphones qui crépitent sans cesse, le cliquetis ininterrompu des claviers dans la salle de rédaction en surchauffe, puis ces moments où l’enquête piétine avant qu’un témoin décisif, genre Gorge profonde, ne surgisse de nulle part et donne le tuyau essentiel qu’on n’attendait plus ; et aussi, tant qu’à faire, une bonne scène d’intimidation, où un édile corrompu et visqueux menace le reporter valeureux dans un bar d’hôtel, un bourbon à la main. Il faut enfin que les journalistes en question œuvrent pour une cause noble, une cause juste – faire tomber un dirigeant qui a menti au peuple (Les Hommes du Président), révéler les magouilles de l’industrie du tabac (Révélations) ou, comme ici, pointer du doigt les salopards qui ont violé des mômes en toute impunité pendant des décennies. On n’est pas là pour regarder des types remplir la rubrique des chiens écrasés (ou rédiger des critiques de films…). Une fois que ces éléments sont réunis, c’est encore mieux si la quête fiévreuse de la vérité ressemble à un thriller. À du cinoche du samedi soir qui laisse les mains moites. Spotlight a reçu le message cinq sur cinq et coche méthodiquement les cases. Sans surplomb ironique, sans distance postmoderne, en recherchant plutôt l’essence classique du genre, qui remonterait, disons, à Bas les masques (1952), de Richard Brooks où Humphrey Bogart combattait la Mafia avec sa machine à écrire. L’auteur du film, Tom McCarthy, est l’un des hommes les plus insaisissables du cinéma US. Acteur à ses heures, scénariste du Là-haut de Pixar, réalisateur d’un pilote de Game of Thrones refusé par HBO ( !), il a sans doute beaucoup réfléchi au rôle du "quatrième pouvoir" en interprétant un journaliste dans la saison 5 deThe Wire, qui décortiquait les rapports entre presse, police et pouvoir politique, à Baltimore. Il trouve en tout cas ici la distance parfaite entre le film à suspense et le fi lm-dossier, entre le plaisir et la colère, l’entertainment et l’indignation. Dans une scène du film conçue comme une profession de foi, le rédac chef taiseux joué par Liev Schreiber, alors qu’il relit un article, sort son stylo rouge et raye un mot. Un seul. Sans relever les yeux, il marmonne : "Encore un adjectif." Spotlight, à sa façon, est un film "sans adjectifs". Conscient qu’il n’a pas besoin de frimer pour sonner juste. Sincère et intègre, nécessaire et suprêmement divertissant : une ode à la presse papier qui procure la même ivresse qu’un article bien troussé (et bouclé dans les temps, coco !, NDLR).

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Choix n°2 : Les Premiers, les dernier de Bouli Lanners avec Albert Dupontel, Bouli Lanners...

Synopsis : Dans une plaine infinie balayée par le vent, Cochise et Gilou, deux inséparables chasseurs de prime, sont à la recherche d’un téléphone volé au contenu sensible. Leur chemin va croiser celui d’Esther et Willy,  un couple en cavale. Et si c’était la fin du monde ? Dans cette petite ville perdue où tout le monde échoue, retrouveront-ils ce que la nature humaine a de meilleur ?

Ce sont peut-être les derniers hommes, mais ils ne sont pas très différents des premiers.

L'avis de Première : Dans des décors naturels sombres, plats et fouettés par le vent (une vision neurasthénique de la Belgique actuelle ?), des personnages hyperincarnés mais comme dépourvus d’âme (à l’exception du jeune couple) jouent les cowboys et les Indiens de notre temps ou d’un futur proche. De ces stéréotypes de western, Bouli Lanners tire un film puissant sur l’ultramoderne solitude et sur la violence qu’un monde débarrassé des codes sociaux de base pourrait faire naître. On pense évidemment à Mad Max, autre western revisité, qui semble être la référence de Lanners dans son approche plastique – minimaliste et cohérente – et psychologique des personnages. Les acteurs ont d’ailleurs, semble-t-il, pris un plaisir évident à jouer ce type de héros grisâtres, peu courants sous nos latitudes. Ils sont tous impériaux, du taciturne Albert Dupontel au mystérieux Bouli Lanners, en passant par l’incontrôlable Serge Riaboukine. Leurs performances procurent un plaisir immédiat, décuplé par la singularité de ce projet qui s’inscrit dans la courte, mais déjà impressionnante, filmographie de son auteur. 

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Choix n°3 : Les Saisons de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud

Synopsis : Après avoir parcouru le globe à tire d’ailes avec les oiseaux migrateurs et surfé dans tous les océans en compagnie des baleines et des raies mantas, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud reviennent pour ce nouvel opus sur des terres plus familières. Ils nous convient à un formidable voyage à travers le temps pour redécouvrir ces territoires européens que nous partageons avec les animaux sauvages depuis la dernière ère glaciaire jusqu’à nos jours.

L’hiver durait depuis 80 000 ans lorsque, en un temps très bref, une forêt immense recouvre tout le continent. Une nouvelle configuration planétaire et tout est bouleversé. Le cycle des saisons se met en place, le paysage se métamorphose, la faune et la flore évoluent. L’histoire commence… A un interminable âge de glace succède une forêt profonde et riche puis, sous l’impulsion d’hommes nouveaux, une campagne riante.

Les Saisons est une épopée sensible et inédite qui relate la longue et tumultueuse histoire commune qui lie l’homme aux animaux.

L'avis de Première : Nouveau pari fou pour Jacques Perrin et son équipe, après les hauteurs lyriques du Peuple migrateur et les plongées d’Océans : retracer l’histoire des territoires européens de la fin de l’ère glaciaire, où surgit une forêt luxuriante peuplée d’animaux sauvages, jusqu’à la création des campagnes sous l’impulsion de l’homme moderne. Il y a quelque chose de simple et d’évident dans la succession des saisons et des séquences qui enjambent parfois des siècles en une seconde. Là, se croisent bisons et écureuils, chevaux et hérissons, biches et lynx... Un film techniquement parfait, avec des moments de grâce absolue, des batailles homériques d’ours bruns au vol vrombissant d’un lucane cerf-volant. 

Bande-annonce : 

 


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