La star revient dans Taken 3 ce soir sur M6.
Taken 3 d'Olivier Megaton avec Liam Neeson, Forest Whitaker et Famke Janssen sera proposé à 21h sur M6. A sa sortie, début 2015, Première avait rencontré sa star pour parler justement du virage "action" de sa carrière. Flashback.
Ça existe un « Liam Neeson flick » ? Hmmmm… sur les cinq dernières années, disons, j’imagine qu’on doit pouvoir dire ça oui. Des films avec des éléments de polars, où le personnage se retrouve face à face avec la mort, et où l’on va sans doute rajouter deux-trois poursuites en voitures là-dessus. Mais c’est tout récent. Avant, ça n’existait pas, non.
Votre carrière est meilleure depuis qu’il y en a ? Ecoutez, j’ai fait une bonne soixantaine de films, et les cinq dernières années ont pris un tour différent en termes de genre. Mais je vais pas me plaindre, non ? Avec le bol que j’ai…
Tout le monde vous pose ce genre de question sur votre « virage » de carrière ? Oui, globalement, je dois dire que oui.
Ça vous fatigue ? Pas le moins du monde !
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Un film comme le récent Balade entre les tombes, ça rentre dans votre définition du « Liam Neeson flick » ? Pas du tout. Ça me semble on ne peut plus éloigné de la franchise Taken, par exemple. Matt Scudder est une figure de type solitaire, qui a fait partie de la police de New York pendant des années, et qui a pris une retraite prématurée à cause d’un drame personnel. Un type en quête perpétuelle de rédemption. Il y a je crois seize romans qui lui sont consacrés, il a fallu que je m’y mette. Je suis un grand lecteur mais au moment où j’ai reçu ce script, j’étais plutôt en plein dans la vague de série noire en provenance de Scandinavie.
Vous étiez aussi il y a quelques mois à l’affiche du film de Paul Haggis Puzzle, un film choral, ce qui vous est arrivé un certain nombre de fois. Vous préférez quoi ? Faire partie d’un ensemble cast ou porter le film sur vos épaules ? Oh, j’adore porter les films, c’est ce que je préfère. Sentir le poids de cette responsabilité, c’est une sensation très spéciale, qui n’a rien à voir avec ton ego, au contraire, c’est même un peu angoissant, parce que si le film est un échec, c’est ta gueule sur l’écran, ton nom en gras au-dessus du titre. Mais j’essaie de ne pas trop penser à ça.
Comment définiriez-vous cette sensation de responsabilité ? Juste comme ça. Tu dois faire attention à toi, physiquement et psychologiquement ; faire en sorte que les équipes ne perdent pas leur temps à poireauter pour toi ; être très disponible vis-à-vis de ton réalisateur…
Le poids de votre célébrité et le fait que les films se montent sur votre nom, ça ne déséquilibre pas votre relation avec les metteurs en scène ? Je ne crois pas, non, ce n’est pas mon style. J’ai plusieurs projets en ce moment, sur lesquels je travaille très activement, oui. Mais ce que je recherche, c’est justement un type avec lequel je puisse collaborer, pas quelqu’un qui fera ce que je lui dis de faire. Je ne suis juste pas ce genre d’acteur. J’ai besoin de quelqu’un qui comprend le script, qui comprend le personnage, qui sait retranscrire ça avec sa caméra et avec lequel je peux travailler de très près. Mais j’ai souvent eu de grands partenaires.
Quand il y a une scène de téléphone, les gens sur le plateau se marrent en disant « donnez ça à Liam, il sait faire, » depuis le coup de maître Taken ? Ah ouais, ça ça loupe jamais, ah ah ! Dès qu’il y a une scène de téléphone, je suis même le premier à faire la blague. « Hmm, donnez moi ça, je reconnais cet appareil, je me demande ce que je vais bien pouvoir lui raconter cette fois. » Ah ah ah !
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Pour un acteur comme vous, c’est quoi le plus important, la voix ou le physique ? Le corps, je pense. Tu te sers de tout ce qui est à ta disposition, mais c’est du cinéma, non ? L’image est capitale, ton visage, ton corps, c’est décisif.
Il y a eu trois phases dans votre carrière, la phase « oscarisable », puis les rôles de mentor et maintenant cette réinvention en star d’action, c’est juste ? Nan, bah, c’est à vous de faire ce genre d’observation. J’ai fait soixante-deux films, j’ai peut-être joué trois fois le mentor et autant de fois le héros d’action. Non, vraiment, je ne catégorise pas les choses comme ça.
Vous avez découvert votre présence physique petit à petit, ou c’est un capital dont vous aviez conscience dès le début ? C’est un processus d’apprentissage permanent, film après film. Tu apprends ce qu’une caméra peut faire, ce qu’elle voit, ce qu’elle n’est pas capable de voir, et tu t’ajustes peu à peu, en faisant des erreurs en cours de route. Tu comprends que là, tu as été trop loin sur le plan de l’expressivité, que lorsque la caméra est proche de toi, il ne faut pas en faire trop etc. C’est un processus permanent.
Je vous pose la question parce que j’adore John Wayne, et que lorsqu’on le voit à ses débuts, il n’a pas la même présence, il ne sait pas encore utiliser sa propre puissance et la transmettre à la caméra. Il lui faut dix ans de carrière pour apprendre ça. Oui, mais dix ans à apprendre auprès de gens comme John Ford ! John Ford lui a même appris à marcher devant une caméra ! Tous ces grands acteurs, ils n’ont pas assez de mots pour témoigner de leur gratitude envers Ford, que ce soit James Stewart, Henry Fonda, le Duke, bien sûr… C’est marrant que vous me parliez de ça. Maureen O’Hara, qui a 94 ans, va recevoir un Oscar d’honneur cette année, et on m’a demandé de le lui remettre ! Et bon sang, j’espère que je vais pouvoir lui soutirer quelques anecdotes sur John Wayne !!
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Comme Irlandais, Maureen O’Hara, ça doit vous parler ! Ah oui. Ils ont fait trois ou quatre films ensemble, plusieurs sous la direction de Ford, ouais, je suis impatient de lui poser quelques questions sur toute cette époque.
Vous avez des regrets de ne pas avoir eu ce genre de partenariat avec un réalisateur fétiche ? J’ai l’impression d’avoir un peu démarré ce genre de chose avec Jaume Collet-Serra. On a déjà fait trois films, on en a deux ou trois autres sur le feu ; j’ai aussi tourné quatre fois sous la direction de Neil Jordan… Donc je ne me plains pas. Mais oui, il y a une part de moi qui aurait aimé naître à cette époque-là et faire partie de la troupe de John Ford. Oui, ça, ça m’aurait bien plu.
Entretien Guillaume Bonnet
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