Le pitch : A la mort d’Antoine, grand homme de théâtre, ses amis comédiens qui ont joué dans différentes versions d’Eurydice sont convoqués dans une grande demeure. Là, un majordome leur montre une nouvelle version de la pièce d’Anouilh, jouée par une jeune troupe. Antoine voulait que les « anciens » voient intégralement cette répétition pour autoriser les « jeunes » à monter la pièce.Ca vaut quoi ? On peut parler de film-testament tant Resnais convoque ici les fantômes de Marienbad (la grande demeure, l’amour obsédant, l’espace-temps mouvant), son goût de la théâtralité et de l’absurde beckettien. A la façon de Smoking-No Smoking, chaque scène de la pièce d’Anouilh est jouée simultanément ou rejouée par différents interprètes, qui lui apportent une émotion et une texture différentes. C’est évidemment une réflexion sur l’art et sa représentation, sur les comédiens, leur fragilité et leurs angoisses (l’un des derniers plans est à cet égard méchamment ambigu), sur la mort qui rôde dans chaque recoin du cadre… Nouveau film expérimental où se côtoient l’ancien et le présent (la vieille troupe et la relève, le théâtre et le cinéma), traversé de quelques fulgurances visuelles, un peu ennuyeux, Vous n’avez encore rien vu aurait plutôt dû s’appeler Vous avez déjà tout vu. Resnais ne propose rien de nouveau mais se livre à un passionnant exercice d’autosynthèse que les initiés vont adorer et auxquels les autres adhéreront. Ou pas.La scène choc : Toutes les scènes entre Azéma et Arditi renvoient à leur filmographie commune chez Resnais. Parfaitement touchant.Christophe NarbonneSuiviez Christophe Narbonne sur TwitterSuivez toute l'actu cannoise sur notre dossier spécial avec Orange Cinéday