Affiches Films à l'affiche semaine du 4 septembre 2024
Pyramide/ Metropolitan Filmexport/ Wild Bunch

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
A SON IMAGE ★★★★☆

De Thierry de Peretti

L’essentiel

Thierry de Peretti interroge tout à la fois la force de l’engagement et la puissance inéluctable du présent à travers l’itinéraire d’une photographe corse. Fascinant.

La jeune héroïne d’A son image, adapté du roman de Jérôme Ferrari, armée d’un appareil photo s’emploie à ne tenir compte que du présent refusant d’être « une trace de plus ». Sa mort accidentelle dès les premiers instants du récit permet de réactiver par flash-backs, une vie brève mais intense. Antonia était une jeune fille des montagnes corses, amoureuse et indépendante, sans cesse rattrapée par les feux du nationalisme de l’île qui déployait un chaos autour d’elle. Devenir photographe c’était peut-être accepter d’être le témoin d’un engagement qui détruit tout. Antonia passe de la photographie de mariage au photoreportage de guerre, sans se satisfaire des artifices de la vérité. Thierry de Peretti creuse un même sillon depuis son formidable premier long-métrage, Les Apaches (2013) où se trouvait déjà questionné la notion d’appartenance (à une culture, un groupe, un espace, un genre...) induisant un flottement nerveux source d’implacables tensions. Ce magnifique film aurait pu aussi s’appeler, chronique d’une disparition.

Thomas Baurez

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PREMIERE A BEAUCOUP AIME
TATAMI ★★★★☆

De Guy Nattiv et Zar Amir Ebrahimi

Zar Amir Ebrahimi (Les Nuits de Mashhad) passe derrière la caméra. Et ce tout en restant devant même si elle n’est cette fois-ci pas le personnage central du récit mais incarne l’entraineuse de Leila, une judoka iranienne pleine d’espoir. Ensemble, elles se rendent au championnat du monde en Géorgie et forment un binôme indestructible... jusqu’à ce que la fédération iranienne en décide autrement. La compétition prend alors une autre tournure lorsque, dans la possibilité de se retrouver face à une athlète israélienne, Leila est ordonnée de déclarer forfait. Et si le véritable combat se trouvait finalement en dehors du tapis ? Sous couvert de film sportif, Tatami s’adonne ici à la critique frénétique du régime autoritaire iranien, en veillant à montrer deux réactions aux événements sans jamais apporter de jugement, ni sur l’une, ni sur l’autre. Le duel est omniprésent, nous agrippe pour ne jamais nous lâcher. Alors, le film disparaît et laisse place à un cri. Celui d’une insurrection qui ne fait que commencer.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A AIME

UNE VIE RÊVEE ★★★☆☆

De Morgan Simon

La famille inspire décidément Morgan Simon. Dans son premier long, Compte ses blessures, il était question d’une relation père- fils. Ici, il s’agit encore d’un fils (Félix Lefebvre, remarquable) mais confronté à une mère trop donc mal aimante. Quelqu’un qui a toujours jonglé avec les galères de fric avant qu’ils finissent par la rattraper, privée de chéquier et de carte bleue à la veille de Noël. La goutte d’eau qui va faire imploser cette relation (trop) fusionnelle. On pourrait reprocher à Simon d’arpenter des sillons déjà beaucoup explorés par le cinéma français. Mais il réussit à s’en échapper en introduisant un troisième personnage venant bousculer le duo. La patronne du bar du quartier de son héroïne. La première capable de voir la femme derrière la mère, de porter sur elle ce regard perçant et troublant qui va la réanimer et casser la dynamique du récit. Et chaque face- à- face Valeria Bruni- Tedeschi- Lubna Azabal justifie à lui seul la découverte du film.

Thierry Cheze

LA PARTITION ★★★☆☆

De Matthias Glasner

Son titre original, Sterben (Mourir, en français) dit tout. La Partition ne fait rien pour se rendre aimable. Alors, conseil d’ami : accrochez- vous pendant sa première demi- heure mettant en scène l’inéluctable déclin physique d’un couple d’octogénaires, au réalisme insoutenable. Car passée cette entame, cette fresque familiale de trois heures élargit son spectre en se concentrant sur les destins croisés de leurs deux enfants. Un chef d’orchestre réputé sur le point de devenir le père de l’enfant de son ex et sa sœur qui se noie dans l’alcool. Deux personnages qui partagent une même capacité à se déconnecter de leurs émotions pour fuir tout engagement affectif et dont Glasner s’empare avec une indéniable empathie et sans une once de misérabilisme, flirtant même régulièrement avec la farce burlesque dopée à l’humour noir. Un geste audacieux primé pour son scénario à Berlin. Conseil d’ami (bis) : laissez- vous embarquer, vous ne regretterez pas le voyage !

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

MI BESTIA ★★☆☆☆

De Camila Beltran

Dans la Colombie des années 1990, Mila, 13 ans, entre dans l’âge fatidique de l’adolescence. Pendant ce temps, le diable menace de faire son apparition lors d’une éclipse de lune… Pour son premier long-métrage, Camila Beltran a la bonne idée d’emprunter au cinéma fantastique pour raconter la quête d’indépendance de son personnage, tiraillée entre un beau-père déviant et une mère plus ou moins dévouée. Mais ce récit d’apprentissage aurait eu plus d’impact si la réalisatrice ne s’amusait pas à jouer avec les limites de sa mise en scène, oscillant entre une image saccadée à la limite du supportable, et une utilisation maladroite des effets spéciaux. Ce Règne Animal en terre colombienne est heureusement sauvé par la performance captivante de la jeune Stella Martinez.

David Yankelevich

 

Et aussi

A l’ancienne, de Hervé Mimran

Reprises

Le Seigneur des Anneaux- La Communauté de l’anneau, de Peter Jackson