Affiches Sorties de la semaine du 20 août 2025
Diaphana/ Memento/ Gaumont

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
ALPHA ★★★★☆

De Julia Ducournau

L’essentiel

Après Titane, Ducournau revient avec un body horror sur une maladie qui transforme les corps en marbre. Stupéfiant, choc, et émouvant cette fois.

Au milieu des années 80, dans une ville de province, une mystérieuse maladie transforme progressivement les corps en statues de marbre. L'adolescente Alpha voit débarquer dans sa vie son oncle toxicomane Amin (Tahar Rahim, magistral), tandis que sa mère médecin tente de sauver les malades face à l'indifférence générale… De ces prémisses cronenbergiennes, Julia Ducournau tire son film vers une émotion inattendue, y transfigure l'horreur en beauté et évite les pièges du cinéma à message, offrant plutôt une descente onirique dans la douleur des traumas. Plus qu'un film concept, Alpha est d'abord une histoire d'amour, multiple. Celui d'une sœur pour son frère junkie, celui d'une ado pour cet oncle qu'elle découvre, ou celui plus furtif d'un prof pour son amant statufié. Film sur la peur de perdre ceux qu'on aime, sur les corps qui nous trahissent, sur les traumas qu'on transmet, Alpha résonne fort.

Gaël Golhen

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PREMIÈRE A AIME

SOUS TENSION ★★★☆☆

De Penny Panayotopoulou

Un frère brutalement disparu, sa nièce dont il va devoir assumer la charge, une mère inconsolable et la blanchisserie familiale qui croule sous des dettes de plus en plus abyssales…  Le quotidien de Costas, agent de sécurité dans un hôpital grec, a tout d’une descente aux enfers inéluctable sans espoir de retour vers des heures plus joyeuses. Jusqu’au jour où un brancardier lui propose une combine crapuleuse qui pourrait lui sortir la tête de l’eau : guetter les situations qui pourraient être facilement transformées en possibles erreurs médicales et toucher des pots de vin de l’avocat qui en serait informé et irait proposer ses services aux familles concernées. Sous tension repose sur ce dilemme moral et les dommages collatéraux du choix que décide de faire Costa. Et son titre ne ment pas ! Le drame intime vécue par la famille de Costas mute en effet peu à peu en thriller étouffant tout en mettant à nu les rouages d’un système hospitalier grec à bout de souffle qui craque de toute part et propice à toutes les dérives. Le tout sans pathos car refusant la facilité du misérabilisme et ne privant jamais ses personnages au fond du trou de l’essentiel : leur dignité.

Thierry Cheze

SALVE MARIA ★★★☆☆

De Mar Coll

Femme au bord de la crise de nerfs pourrait être le sous- titre de ce film de Maria Coll (dont les précédents sont inédits chez nous). Cette femme, Maria (Laura Weissmahr, une révélation), écrivaine, vient de devenir mère et apparaît incapable de se faire à son nouveau statut, se passionnant pour un fait divers sordide : une Française installée en Espagne qui a assassiné ses jumeaux de 10 mois en les noyant dans une baignoire. En adaptant Mothers don’t de Katixa Agirre, la cinéaste espagnole s’empare de la question de la dépression post- partum et de la charge mentale impossible à supporter pour certaines mères – même lorsque que comme ici le père se montre prévenant - sans jamais adoucir les angles. Film tout sauf aimable, Salve maria épouse au plus près le voyage intérieur complexe d’une femme voyant en cet enfant une entrave à son épanouissement. Sans se faire avocate ou juge. A hauteur de la violence mentale et des injonctions de la société qu’elle subit. Fort.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE EST PARTAGE

VALEUR SENTIMENTALE ★☆☆☆☆/ ★★★★☆

De Joachim Trier

CONTRE

Ce film s’ouvre sur une actrice angoissée qui refuse de monter sur scène avant de libérer son texte. Puis Trier enchaîne avec une très belle séquence où un intérieur est le témoin muet d’une vie de famille. D’emblée nous voici pris dans les filets d’un double espace de représentation qui inclus tout à la fois la pantomime et le surmoi. Jeu et je. L’étau se resserre autour d’une figure paternelle démiurgique dont le rapport avec ses deux filles est plus ou moins rompu. Lui est cinéaste, l’une d’entre-elle est actrice. La petite musique narrative de cette Valeur sentimentale déploie alors sa mélodie des aigreurs orchestrée par le cinéaste norvégien les yeux rivés sur sa partition bergmanienne. Et on avance inéluctablement vers une réconciliation programmée. Jusqu’à ce que, dans une ultime séquence d’une lourdeur implacable le film se dévoile enfin à lui-même soit un objet théorique et problématique resassant des traumas petits-bourgeois égotistes.

Thomas Baurez

POUR

Le Grand Prix reçu par Joachim Trier pour Valeur sentimentale ne doit rien au hasard. Et cet accueil ne doit rien au hasard. Il raconte la puissance tranquille d’un auteur qui, depuis son premier long Nouvelle donne (2006), poursuit une œuvre cohérente sans jamais bégayer. Mais aussi et surtout la richesse d’un film qui parle tout à la fois et dans une parfaite complémentarité d’un rapport père- fille, d’un lien indéfectible et protecteur entre deux sœurs et des coulisses du cinéma. Son regard sur le septième art et plus précisément sur le métier de comédienne, si souvent réduit à des clichés, symbolise l’ADN de Valeur sentimentale. Ce refus de tout manichéisme comme celui de ne jamais chercher à arrondir les angles. Le tout sans marteler les choses, avec une élégance non dénuée d’humour qui donne naissance à une passionnante réflexion autour de l’art qui peut tout autant détruire qu’aider à se reconstruire.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LES ORPHELINS ★★☆☆☆

De Olivier Schneider

Gab et Driss, anciens amis d'orphelinat aux destins diamétralement opposés, se retrouvent après des années de brouille. L'un est devenu policier à l'IGPN, carré et méthodique, l'autre fixeur pour des voyous, plus tactique et inspiré des forces spéciales. Leur réunion forcée ? La mort suspecte de Sofia, leur premier amour commun, dans un mystérieux accident de voiture. Chef cascadeur reconnu, Olivier Schneider (GTMax) maîtrise parfaitement son domaine de prédilection. Les séquences d'action sont millimétrées : cascades spectaculaires, courses- poursuites dantesques, fusillades chorégraphiées. Alban Lenoir est impeccable en policier taciturne et Dali Benssalah rayonne en fixeur hableur. Mais le film n'échappe pas à certains écueils:  des longueurs notables dans sa première heure, un scénario très convenu, des tentatives comiques qui ne trouvent pas toujours leur cible. Hésitant trop entre le thriller familial et le pur divertissement d'action.  Les Orphelins reste malgré tout un divertissement calibré, musclé et généreux, même imparfait.

Pierre Lunn

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DIS- MOI POURQUOI CES CHOSES SONT SI BELLES ★★☆☆☆

De Lyne Charlebois

Pour son deuxième long, Lyne Charlebois s’intéresse à l’amitié singulière qui s’est nouée dans le Québec des années 30 entre un Homme d’Eglise, le frère Marie- Victorin et une de ses élèves, la jeune Marcelle Gauvreau. Et qui a donné lieu à une longue correspondance épistolaire sur de nombreux sujets alors tabous autour de la sexualité. La cinéaste se retrouve donc face au défi de faire vivre à l’image ce qu’on imagine plus spontanément couché dans un livre. Un défi hélas escamoté par le parti pris de vouloir faire dialoguer le passé et le présent à marche forcée, en construisant un parallèle entre ces échanges et ceux de l’actrice et de l’acteur – qui entretiennent une liaison adultère mouvementée – choisis pour les incarner dans un film. Cette mise en abyme finit par desservir le propos. Car elle surligne ce que Dis- moi pourquoi les choses sont si belles réussit à suggérer  dès qu’il retourne dans le passé: l’avant-gardisme de ce qui se dit et s’écrit entre Marie- Victorin et Marcelle Gavreau, y compris par rapport à aujourd’hui. Trop de didactisme abime ce film qui s’est cependant vu primer à Angoulême en 2024 via son interprète, Mylène Mackay.

Thierry Cheze

 

Et aussi                                                                                                                    

Last show at first light, de Nicole Midori Woodford

La Nuit des clowns, de Eli Craig

The Ritual- L’Exorcisme d’Emma Schmidt, de David Midell

Les reprises                                                                                                             

Les As de la jungle, de David Alaux

Les As de la jungle 2- Opération tour du monde, de Laurent Bru, Yannick Moulin et Benoît Somville

Barry Lindon de Stanley Kubrick

Broken mirrors, de Marleen Gorris

Princesse Mononoké, de Hayao Miyazaki

Shocker, de Wes Craven

Le Silence autour de Christine M., de Marleen Gorris