Affiches Films à l'affiche mercredi 23 août 2023
Le Pacte/ SND/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
ANATOMIE D’UNE CHUTE ★★★★☆

De Justine Triet

L’essentiel

Un suspense autour d'une femme écrivaine accusée du mort de son mari. Un film de procès façon fresque. Justine Triet signe son meilleur film avec, à clé, une Palme d’Or aussi incontestée qu’incontestable

Tout part d’un corps sans vie retrouvé au pied d’un chalet. Celui de Samuel, aspirant à une carrière littéraire dans laquelle sa femme – et mère de leur fils malvoyant Daniel – Sandra excelle. De quoi ajouter de la frustration dans un couple où le quotidien a fini par faire naître le lent poison du désamour ? De quoi faire de Sandra la coupable idéale de ce possible meurtre ou expliquer qu’à bout, Samuel ait décidé de suicider ? Tel est le doute permanent dans lequel Justine Triet nous maintient pendant… 2h30 où, par sa mise en scène, la réalisatrice fait voler en éclats les codes filmiques du film de procès par un jeu de zooms, de contres- plongées et de mouvements de caméra pleinement maîtrisé. Et cette mise en scène – là est au service d’un scénario magistral. Car s’y entremêle avec une fluidité jamais prise en défaut la difficulté voire l’impossibilité de faire naître LA vérité, une réflexion sur le couple à l’aune des bouleversements provoqués par #Metoo et l’exploration de la judiciarisation de l’intime, phénomène qui ne cesse de croître ces dernières années. Enfin, ce grand film est aussi celui d’une immense actrice : Sandra Hüller. Tant on pourrait le voir et le revoir sans jamais pouvoir deviner ce qui se cache derrière ses yeux, si « sa » Sandra n’est que sincérité, machiavélisme ou justement profondément humaine, donc un peu des deux ! Une Palme d’Or passionnante.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

LES FANTÔMES D’ISTANBUL ★★★☆☆

De Azra Deniz Okyay

Une dystopie récompensée en 2020 du Grand Prix de la Semaine de la Critique à de Venise et qui, depuis, n’a pas pris une ride. Un premier long comme un sacré défi : raconter l’état chaotique complexe de la Turquie en seulement 90 minutes. On y suit trois personnages principaux aux destins entremêlés dans une ville que des manifestations violemment réprimées conduisent au bord du black- out. Une jeune danseuse activiste qui aspire à devenir professionnelle. Une femme travaillant dans le ramassage des ordures dont le fils est incarcéré pour un crime dont elle est certaine qu’il est innocent. Et un petit trafiquant de drogue vivant aussi d’arnaques immobilières en logeant des réfugiés syriens. Le temps d’une nuit, Les Fantômes d’Istanbul parvient à embrasser la situation complexe du pays sans pour autant jamais dans le film catalogue. Grâce à l’écriture de ses personnages tous sauf réduits à des archétypes et à cette ambiance de thriller sous tension venant bousculer la simple chronique sociétale. Un Amour chiennes à la sauce turque.

Thierry Cheze

LA GUERRE DES DIEUX ★★★☆☆

De Ji Zhao

C’est compliqué, La Guerre des dieux. Compliqué parce que son récit passablement embrouillé de science-fiction mythologique ferait passer Final Fantasy XVI pour un haiku de Bashô. Compliqué parce que son équipe de héros chasseurs de primes est tellement pompée sur la team de Cowboy Bebop (mêmes persos dans un vaisseau accompagnés de jazz !) qu’on est à la limite du blocage… Et malgré tout, on ne peut s’empêcher de rester bouche bée devant certaines scènes totalement hallucinantes, vertigineuses jusqu’à la folie (des montagnes qui se changent en peintures sur papier pendant un combat cyclopéen), des changements d’échelle et de matières que seule l’animation la plus maîtrisée (le réalisateur a signé l’épatant White Snake en 2019) peut se permettre. On est quelque part entre l’esbroufe et l’épate, en somme.

Sylvestre Picard

INFILTREE ★★★☆☆

De Justin Lerner

Au Guatemala. Deux sœurs. Sarita et Bea. Jeunes, insouciantes et jolies. Un soir Bea décide de sortir en boite et traine sa frangine dans les bars. Mais Sarita abandonne en cours de route, rentre se coucher et découvre le lendemain que Bea n’est pas rentrée. Elle va alors intégrer le gang de son petit copain pour savoir ce qu’il s’est passé… C’est le début d’une quête éperdue et la découverte du monde qui l’entoure. Le plus frappant dans Infiltrée, c’est évidemment le quotidien des gangs. Les femmes qui bossent dans les labos, les gamins qui récupèrent le fric, les balances et les espions, les meurtres sauvages… tout est montré avec un réalisme effrayant. On capte cette réalité à travers les yeux écarquillés de Sarita, mais mis en scène de manière viscérale et quasi documentaire. C’est choc, tendu. Une vraie découverte.

Pierre Lunn

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PREMIERE A MOYENNEMENT AIME

HYPNOTIC ★★☆☆☆

De Robert Rodriguez

La fille d’un flic a disparu. Des années plus tard, ce dernier se retrouve face à une série de braquages qui pourraient être en lien avec l’enlèvement de sa gamine. Le papa c’est Ben Affleck. Mâchoire carrée, yeux (mouillés) de cocker, roulage de muscles et pétages de plomb : l’acteur n’est pas mauvais, mais pas très bon non plus. Quand démarre le premier braquage c’est un autre comédien qui va bouffer l’écran : William Fitchner apparaît et vole le film. On a vu sa silhouette longiligne dans une bonne partie des polars hollywoodiens de ses trente dernières années (Strange days, Heat ou Dark Knight). Ici, il incarne le méchant de l’histoire, un type aux pouvoirs psychiques effrayants. Et il est fantastique. Le charme très très B de ce thriller survolté (bordélique) et nolanien lui doit énormément.

Gaël Golhen

VERA ★★☆☆☆

De Tizza Covi et Rainer Frimmel

Après la réussite des Filles d’Olfa, Vera rappelle que le mélange des genres docu- fiction n’est pas forcément gage de réussite… en dépit du personnage flamboyant que le duo Tizza Covi- Rainer Frimmel suit et met en scène : la fille de Giuliano Gemma, icône des westerns spaghettis des 60’s. Car l’intrigue qu’ils développent (sa relation avec un gamin de 8 ans et son père, arnaqueur à la petite semaine) vient parasiter le portrait, lui, attachant, de cette femme qui, depuis toujours, peine à se faire un prénom et à exister pour ce qu’elle est.

Thierry Cheze

MA VIE EST UN DEFI ★★☆☆☆

De Stephan Rytz

Atteint de Parkinson depuis ses 35 ans, un ex-golfeur, s’est mis au défi de parcourir mille kilomètres dans les Alpes suisses. Avec son périple, ce passionné de sport entend prouver que la vie ne s’arrête pas à la maladie. Si le portrait est touchant et permet d’en apprendre plus sur la maladie, le film ne s’épargne pas quelques bons sentiments qui interrogent. Un bon malade a-t-il le devoir d’être résilient ?

Emma Poesy

 

PREMIERE N’A PAS AIME

LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER ★☆☆☆☆

De André Ovredal

Cette année, entre Renfield et ce Dernier Voyage du Demeter, l’adaptation traditionnelle du Dracula de Bram Stoker semble avoir laissé la place à des focus précis et genrés. Dans ce dernier, le cadre se resserre sur le transport en bateau du comte Dracula de la Transylvanie à l’Angleterre, dans un registre se voulant horrifique. Le vampire est alors troqué pour une figure monstrueuse vidée de sa substance originelle, dans un design franchement hideux. Proprement mécanique, ce Dernier Voyage souffre de la répétition de ses mêmes scènes et d’un scénario devenant prévisible à force de reproduire systématiquement le dispositif où le vampire sort la nuit pour s’abreuver de sang. Réduire l’histoire au seul décor du bateau en huis clos devient dès lors un piège dans lequel le film semble faire naufrage. Le cinéma est loin d’avoir épuisé ce mythe moderne, mais ici il semble seulement le mobiliser comme pour en tirer un film d’horreur aussi peu inspiré dans sa mise en scène qu’incarné par son casting…

Nicolas Moreno

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RETRIBUTION ★☆☆☆☆

De Nimrod Antal

A l'aise dans les avions (Non-Stop), les trains de banlieue (The Passenger) et même les chasse-neige (Sang froid), Liam Neeson était le candidat idéal pour un huis-clos automobile. A Berlin, alors qu'il conduit ses enfants à l'école, un homme d'affaires reçoit l'appel d'un maboul qui lui explique que le véhicule explosera si ses passagers en descendent. Phone Game dans une voiture ? Un concept amusant sur le papier, surtout quand on sait à quel point Liam Neeson peut être convainquant quand il dégaine son téléphone – voir le speech anthologique de Taken. Mais Retribution est terriblement paresseux, terne, plombé par ses twists ramollos et, surtout, l'interprétation cata de Neeson, plus monolithique et assoupi que jamais, et qui a du mal à nous faire avaler l'idée qu'il est le père des deux gamins assis sur la banquette arrière. Leur papi, oui, ça aurait été plus crédible.

Frédéric Foubert

 

Et aussi

Les Schtroumpfs en fête, de William Renaud

 

Les reprises

Cher papa, de Dino Risi

Fantôme d’amour, de Dino Risi