Arte propose une soirée spéciale consacrée à la star new-yorkaise, ce dimanche. Ce classique d'Alan Parker sera suivi du docu Robert De Niro, l'arme du silence.
New York, 1955. Harry Angel, un détective privé, trouve enfin un client en la personne du très énigmatique Louis Cyphre. Celui-ci le charge de retrouver un certain Johnny Favorite, un chanteur qu'il a sous contrat et dont il est sans nouvelles après un retour de guerre dont il a émergé gravement choqué, défiguré et amnésique.
Pour interpréter Louis Cyphre (prononcez Lu-cifer…), l’inquiétant personnage manipulant le détective Harry Angel (Mickey Rourke), Alan Parker avait tout d’abord pensé à Marlon Brando. Mais lors des essais, le réalisateur est tellement fasciné par le jeu de Robert de Niro qu’il lui a immédiatement offert ce rôle.
Si Angel Heart, sorti au cinéma en 1987, est moins souvent cité que ses collaborations avec Martin Scorsese (Taxi Driver, Raging Bull, Les Affranchis...), ce thriller reste l'un des films clés de la carrière de l'acteur de 80 ans, à qui Arte rend hommage ce week-end. Alors qu'il vient d'être acclamé pour Killers of the Flower Moon, De Niro fait l'objet d'une soirée spéciale ce dimanche.
Le documentaire que lui consacre Jean-Baptiste Peretie (déjà derrière un portrait magnifique de son "rival" intitulé Al Pacino, le Bronx et la fureur, sur la même chaîne) revient sur son parcours à l'aide de nombreuses archives. Extraits d'interviews ou de making-ofs, séance de maquillage... De Niro s'y voit scruté sous tous les angles pour décrire les paradoxes d'un artiste devenu un mythe en cherchant à se cacher derrière des rôles souvent sombres, et lui demandant parfois une importante transformation physique.
Si Angel Heart a participé à faire de Robert De Niro un acteur incontournable du cinéma américain, son tournage ne fut pas de tout repos, tant la rivalité avec Mickey Rourke fut intense. A sa sortie, le duo ne s'en cachait pas, et le réalisateur non plus : Alan Parker détaillait dans Première comment la relation tendue entre ses deux comédiens principaux avait finalement servi son film.
"Ça a été la guerre ! Chacun guettait l’autre, chacun voulait être le meilleur, voler la scène. C’était comme un match de boxe", confiait le cinéaste, avant de raconter spécifiquement leur premier échange le temps d'une scène clé du film : "On a répété plusieurs fois, puis j’ai vu qu’il y avait une flaque d’eau sous la chaise de Mickey. En fait, il avait les mains moites, à cause du trac. Alors, il avait mis des glaçons dans ses poches, et il y enfouissait les mains pour se rafraîchir… Mais c’était formidable à voir, cette lutte entre eux."
Au sein du même numéro, Mickey Rourke confirmait les propos du metteur en scène en racontant sa version du tournage de cette même séquence : "On a d’abord répété. Dans la scène, j’entre, il est assis, je lui serre la main, puis je m’assieds en face de lui, et le dialogue démarre… À la répétition, pas de problèmes. On essaie la scène deux, trois fois, puis on décide de la tourner. Parker dit ‘action’, j’entre, De Niro tend la main, serre la mienne… Et ne la lâche pas ! On, est resté comme ça, à se regarder, droit dans les yeux, avant que je ne récupère ma main… La guerre était ouverte !"
Autre séquence marquante d'Angel Heart : quand Louis Cyphre dévore des œufs durs face à Mickey Rourke, de Niro montre un visage si terrifiant qu’il a véritablement angoissé son partenaire, incapable de prononcer le moindre mot… et qui avouait alors dans nos pages que cette rencontre l'avait "complètement vidé".
Leur rivalité a d'ailleurs ressurgi plusieurs années après, en 2019, quand Mickey Rourke a publiquement accusé Robert de Niro d'avoir fait en sorte qu'il soit évincé du casting de The Irishman, de Martin Scorsese.
Angel Heart et Mississippi Burning en version restaurée : que reste-t-il du cinéma d’Alan Parker ?
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